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ment nos ames. Il nous faut donc perfectionner en cette vertu. Reffourez-vous fouuent que noftre Seigneur nous a fauuez en fouffrant & endurant & que de mefme nous deuons faite nofte falut par les fouffrances & afflictions, endurant les iniures,contradictions & defplaifirs auec le plus de douceur qu'il nous fera poffible.

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Ne bornez point voftre patience à telle ou telle forte d'iniures, ou d'affictions mais eftende-la vni uerfellement à toutes celles que Dieu vous enuoyera & permettra vous arriver. 11 y en a qui ne veulent fouffrir finon les tribulations qui font honorables. Comme par exemple d'eftre bleffez à la guerre, d'eftre prifonniers de guerre, d'eft re mal traittez pour la religion,de s'e. ftre appauuris par quelque querelle; en laquelle ils foient demeurez maiftres & ceux-cy n'ayment pas la tribulation, mais l'honneur qu'elle apporte. Le vray patien & feruiteur

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de Dieu, fupporte efgalement les tribulations coiointes à l'ignominies, & celles qui font honorables: d'eftre meforisé, repris & accusé par les mefchans, ce n'est que douceur à vn homme de courage: mais d'eftre repris, accusé & mal traitté par les gens de bien,par les amis, par les parens, c'est là où il va du bon. l'eftime plus la douceur auec laquelle le grand S. Charles Borromée fouffrit longuement les reprehenfions publiques qu'vn grand Predi-' cateur d'vn Ordre extremement reformé faifoit contre luy en chaire, que toutes les attaques qu'il receut des autres. Car tout ainfi que les picqueures des abeilles font plus cuifantes que celles des moufches: ainfi le mal qu'on reçoit des gens de bien, & les contradictions qu'ils font, font bien plus infupportables que les autres:& cela neantmoins arriue plus fouuent, que deux hommes de bien ayans tous deux bonne intention fur la diuerfité de leurs opinions,

opinions, fe font de grandes perfecutions & contradictions l'vn à l'autre.

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Soyez patiente non feulement pour le gros & principal des afflitions qui vous furuiendront, mais encores pour les acceffoires & accidens qui en dependront. Plufieurs voudront bien auoir du mal, pourueu qu'il n'en fuffent, point incommode. le ne me fafche point, dit I'vn d'eftre deuenu pauure,fi ce n'eftoit que cela m'empefchera de feruir mes amis, efleuer mes enfans,& viure honorablement comme ie defirerois. Et l'autre dira, le ne m'en foucierois point, fi ce n'eftoit que le monde penfera que cela me foit arriué par ma faute. L'autre feroit tout aile que l'on mesdit de luy,& le fouffriroit fort patiemment, pourueu que perfonne ne creuft le médifant. Il y en a d'autres qui veulent bien auoir quelque incommo. dité du mal, ce leur femble, mais non pas toute: ils ne s'impatien

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tent pas, difent-ils, d'estre malades, mais de ce qu'ils n'ont pas de l'argent pour le faire panser, ou bien de ce que ceux qui font autour d'eux en font importunez.

Orie dis, Philothée, qu'il faut auoir patience, non feulement d'e. Are malade, mais de l'eftre de la maladie que Dieu veut ; au lieu où il veut, & entre les perfonnes qu'il veut, & auec les incommoditez qu'il veur, & ainfi des autres tribulations. Quand il vous arrivera du mal, appofezà iceluy les romėdes qui feront poffibles & felon Dien:car de faire autrement, ce fez roit tanter fa diuine Maiefté : mais auffi cela eftant fait, attendez anéc vne entiere resignation l'effet que Dieu agreera. S'il luy plaist que les remedes vainquent le mal, vous le remerciérez autec humilité : mais s'il luy plaitt que le nyal furmonte les remedes, beniftez-le àuec patience

te fuy l'aduis de S. Gregoire? Quand vous ferez accusée iuftemen

pour quelque faute que vous auez commife, humiliez-vous bien fort, confeffez que vous meritez plus Paccufation qui eft faicte contre Vous. Que fi l'accufation eft fauffe, excusez-vous doucement, niant d'eftre coupable: car vous deuez cette reuerence à la verité & à l'edification de prochain:mais aufli fi apres voftre veritable & legitime excufe, on continue à vous accufer, ne vous troublez nullement, & ne tafchez point à faire receuoir voftre excufe: car apres auoir rendu voftre deuoir à la vérité,vous deuez le rendre auffi à l'humilité.Et en cette forte vous n'offencerez ny le foin que vous déuez auoir de votre renommée, ny l'affection que vous deuez à la tranquillité, douceur de cœur,& humilité.

Plaignez-vous le moins que vous pourrez des torts qui vous feront farrs: car c'eft chofe certainé qué pour l'ordinaire, qui se plaint peches d'autant que l'amour propra

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