le ne veux doncques plus deformais me complaire en moy-mefme, qui de ma part ne fuis rien.De quoy te glorifies-tu, ô poudre & cendre? mais pluftoft, ô vray neant, dequoy t'exaltes-tu? & pour m'humilier,ie veux faire telle & telle chofe, fupporter tels melpris: ie veux changer de vie,& fuiure deformaisinō Createur, & m'honorer de la condition de l'eftre qu'il m'a donné, l'emplo yant tout entierement à l'obeiffance de fa volonté, par les moyens qui me feront enfeignez, & defquels ie m'équerray vers mon Pere spirituel. Conclufion. ô mon 1. Remerciez Dieu. Benis ame, ton Dieu, & que toute, mes entrailles loüent fon faint nom,car fa bonté m'a tiré du rien,& fa mifericorde m'a crée. 2. Offrez. O mon Dieu, ie vous offre l'eftre que vous m'auez donné, auec tout mon cœur, ie le vous dedie & confacre: 3. Priez. O Dieu, fortifiez-moy en 38 INTRODUCTIOMA ces affections & refolutions. O fain. &te Vierge, recommandez-les à la mifericorde de voftre Fils,auec tous ceux pour qui ie dois prier, &c. Pater, nofter, Aue Maria, &c. Au fortir de l'oraifon, en vous recuillez vn promenant vn peu, petit bouquet de deuotion des confiderations que vous auez faites, pour l'odorer le long de la iournée. MEDITATION II. De la fin pour laquelle nous CHAPITRE X. 2. Suppliez-le qu'il vous infpire. Confideration. "D tant c einte Teu ne vous a pas mife en ce qu'il euft de vous, qui luy eftes du tout inutile, mais feulement afin d'exercer en vous fa bonté, vous donnant la grace & fa gloire. Et pour cela il vous a donné l'entendement pour le cognoiftre, la memoire pour vous fouvenir de luy,la volonté pour l'aimer, l'imagination pour vous reprefenter fes bien-faits, les yeux pour voir les merueilles de fes ouurages, la langue pour loüer, & ainfi des autres facultez. 2. Eftant creée & mife en ce monde à cette intention, toutes actions contraires à icelle doiuent estre reiettées & euitées, & celles qui ne feruent de rien à cette fin, doiuent eftre mes. prisées comme vaines & fupe fluës. 3. Confiderez le mal-heur du monde qui ne pense point à cela mais vit comme s'il croyoit de n'eftre crée, que pour baftir des maifons, planter des arbes, affembler des richeffes,& faire des badineries. Affections & refolutions. 1. Confondez-vous, reprochant à voftre ame fa mifere, qui a efté si grande cy-deuant qu'elle n'a que peut ou point pensé à tout cecy. Helas! ce direz-vous, que penfois-ie,& mon Dieu,quand ie ne penfois point en vous? de quoy me refouuenois je quand le vous oubliois? qu'ai- elas moisie quand je ne vous aiden mois pas helas ie me deuois re-s paiftre de la verité, & ie me remplif fois de la vanité,& feruois le monde a qui n'eft fait que pour me feruir. 2. Deteftez la vie paffee. Ie vous renonce, pensée vaines & cogitation inutilestie vous abiure, ô fouuenirs deteftables & friuoles sie vous renonce, amitiez infidelles : & déloyales, feruices perdus, & miserables, gratifications ingrates complai fances fafcheufes. 3. Conuertiffez vous à Dieu. Et vous, ô mon Dieu, mon Sauueur, vous ferez d'orefauant le feul objet de mes pensées. non,iamais ie n'appliqueray níon efprit à des cogitations qui vous foient defagreable.Ma memoire fe remplira tous les iours de ma vie de la grandeur de vostre debonnaireté, fi doucement exercée en mon endroit. Vous ferez les deli ces de mon coeur, & la fuauité de mes affections. 4. Helas! donc tels & tels fatras, & amusemens, aufquels ie m'appli quois: tels & tels vains exercices aufquels i'employois mes iournées : telles & telles affections qui engageoient mon cœur,me feront defor mais en horreur, & à cette intention i'vferay de tels & tels remedes Conclufion. 1, Remerciez Dieu, qui vous a faite pour vne fin fi excellente. Vous m'auez faicte,ô Seigneur pour vous,afin que ie iouyffe eternellement de l'immenfité de vostre gloire:quand ferace que l'en feray digne, & quand vous beniray-je felon mon deuoir? 2.Offrez. le vous offres, o mon cher Createur, toutes ces mefmes affe&tions & refolutios, auec toute mon ame & mon cœur. 3. Priez. Ie vous supplie, ô Dieu, d'auoir agreables mes fouhaits & mes vœux, & de donner voftre fainte benediction à mon ame, à celle |