Dieu, pourquoy vous amuserezvous à chofe moindre? vous pouuez pretendre à l'eternité, pourquoy vous amuferez vous aux momens? Ce fut I'vn des regrets de l'enfant Prodigue; qu'ayant pû viure deli. cieufement en la table de fon pere, il mangeoit vilainemet en celle des beftes. O ame,tu es capable de Dieu! mal-heur à toy, fi tu te contentes de moins que Dieu. Efleués fort voftre ame fur cette confideration;remonfrez luy qu'elle eft eternelle, & digne de l'eternité: enflez-luy le courage pour ce fuiet. Seconde confideration de l'excellence des vertus. CHAPITRE. XI. Confiderez que les vertus & la deuotion peuuent feules rendre voftre ame contente en ce monde voyez combien elles font belles: mettez en comparaison les vertus,& les vices qui leur font contraires; quelle fuauité en la patience, au prix de la vengeance de la douceur, au aux prix de l'ire & du chagrin ; de l'humilité, au prix de l'arrogance & ambition; de la liberalité, au prix de l'auarice; de la charité, au prix de l'enuie; de la sobrieté, prix des defordres. Les vertus ont cela, d'admirable, qu'elles dele&tent cell'ame d'vne douceur & fuauité nom. de pareille, aprés qu'on les a exercées, où les vices la laiffent infiniment recreue & malmenée. Or fus donc, pourquoy n'entreprenons.nous pas d'aquerir ces fuauitez; Des vices, qui n'en a qu'vn peu, n'eft pas content, & qui en a beaucoup, eft mécontent.mais des vertus, qui n'en a qu'vn peu,encor a-il defia du contentement, & puis toûjours plusen auançant.O vie deuote, que vous eftes belle, douce, agrea. ble & foüefve! vous adouciffez les tribulations, & rendez foüefves les confolations: fans vous le bien eft mal, & les plaifirs pleins d'inquietude, troubles & deffaillances : ha! qui vous reconnoiftroit pourroit bien dire auec la Samaritaine, Domine, da mihi hanc aquam ; Seigneur, donnez-moy cette eau. Afpiration fort frequente à la Mere Therefe,& à fainte Catherine de Gennes, quoy que pour des differens fujets. Troifiéme confideration fur l'exemple des Saincts. & CHAPITR XII. Onfiderez l'exemple des Saints de toutes fortes: qu'est-ce qu'ils n'ont pas fait pour aymer Dieu, eftre fes deuots, Voyez ces Martyrs inuincibles en leurs refolutions quels tourmens n'ont-ils pas fouffert pour les maintenir; mais fur tout, ces belles & florifsätes Dames, plus blanches que le lys en pureté, plus vermeilles que la rofe en charité: les ynes à douze, les autres à treize, quinze, vingt,& vingt-cinq ans,on! fouffert mille fortes de martyres, pluftoft que de renoncer à leur refolution, non feulement en ce qui eftoit de la profeffion de la foy; mais en ce qui eftoit de le deuotion: les nes mourans pluftoft que de quiter la virginité, les autres plûtoft que de ceffer de feruir les affligez, & confoler les tourmentrez, & enfeuelir les Trépaffez. O Dieu ! qu'elle conftance a mōtré ce fexe fragile en femblables occurrences! Regardez tant de faints Confeffeurs auec quelle force ont ils méprisé le monde; comme fe font-ils rendus inuincibles en leurs refolutions? rien ne les en a pû faire déprendre, ils les ont embrafsées fans referue, & les ont maintenuës fans exception. Mon Dieu, qu'est-ce que dit S. Auguftin de fa mere fainete Monique; auec quelle fermeté a elle pourfuiuy fon entreprise de feruir Dieu en so mariage,& en fó vefvage? & fain& Hierofme de fa chere fille Paula; parmy combien de trauerfes; parmy combien de varietez d'accidens; mais qu'est-ce que nous ne feros pas fur des fi excellens patros. Ils eftoient ce que nous fommes,ils le faifoient pour le méme Dieu, & pour les mémes vertus: pourquoy n'en ferons nous autant en noftr condition, & felon noftre vocation, pour notre chere refolution x fainete proteftation, Quatrième confideration de l'amour que Iefus-Chrift nous porte. CHAPITRE XIII. Confiderez l'amour auec lequel Iefus-Chrift Noftre Seigneur a tant fouffert en ce monde, & parti- 1. culierement au iardin des Oliues,& fur le mont de Caluaire. Cét amour vous regardoit, & par toutes les peines & trauaux obtenoit de Dieu le Pere des bonnes refolutions & proteftations pour vostre cœur, & pat mefme moyen obtenoit encore tout ce qui vous étoit neceffaite pour maintenir, nourrir, fortifier & confommer ces refolutions. O refolution que vous eftes precieuse, eftant fille d'vne telle mere, comme eft la paffion de mon Sauueur ! ó combien mon ame vous doit cherir, puis que vous auez efté si chere à |