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mon Iefus! Helas ô Sauueur de mon ame,vous mouruftes pour m'acquerir mes refolutions:hé! faites-moy la grace que ie meure plaftoft que de les perdre.

Voyez-vous, ma Philothée, il eft certain que le cœur de noftre cher Iefus voyoit le voftre dés l'arbre de la Croix & l'aimoit:& par cét amour luy obtenoit tous les biens que vous aurez iamais, & entr'autres, vos refolutions. Oüy chere Philothée, nous pouvons tous dire comme leremie, O Seigneur!auant que ie ful fe vous me regardiez & m'appelliez par mon nom:dautant que vrayemēt fa diuine bonté prepara en fon amour & mifericorde tous les moyes generaux & particuliers de notre falut?& par confequent nos refolutions. Oüy fans doute, comme vne femme enceinte prepare le berceau, les langes & bandelettes,& mefme vne nourrice pour l'enfant qu'elle pretend faire, encore qu'il ne foit pas au monde: ainsi Nôtre Seigneur

ayant la bonté groffe & enceinte de
fa
vous, pretendant de vous enfanter
au falut, & vous rendre fa fille,pre-
para fur l'arbre de la Croix tout ce
qu'il falloit pour vous, voftre ber-
ceau fpirituel, vos langes & bande-
lettes, voftre noutrice, & tout ce
qu'il falloit pour vostre bō-heur. Ce
font tous les moyes, tous les attraits,
toutes les graces auec lefquelles il
conduit votre ame, & la vent tirer
à la perfection. Or Noftre Seigneur
eftoit en eftat de groffefle & de fé-
me enceinte fur l'arbre de la Croix.

Ah! mon Dieu, que nous devrions profondement mettre cecy en noftre memoite! Eft-il poffible que i'aye efté aymé,& fi doucement aymé de mon Sauueur, qu'il allaft penser à moy en particulier, & en toutes ces petites occurrences, par lefquelles il m'a tiré à luy? Et combien doncques deuons-nous aimer & cherir & bien éployer tout cela à noftre vtilité? Cecy eft bien doux.ce cocut amiable de mon Dieu penfoir

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en Philothée, l'aymoit & luy procuroit mille moyens de falut,autant comme s'il n'euft point eu d'autre ame au monde, à qui il euft pensé; ainfi que le Soleil éclairant vn endroit de la terre, ne l'éclaire pas moins que s'il n'éclairoit point ailleurs, & qu'il éclairaft cela feul:car tout de mefme Noftre Seigneur penfoit & foignoit pour tous les chers enfans: en forte qu'il penfoit à vn chacun de nous, comme s'il n'eût point pensé à tout le refle. Il m'a aymé, dit faint Paul, & s'eft donné pour zoy: comme sil difoit, pour moy feul, tout autant comme s'il n'euft rien fait pour le refte. Cecy, Philothée, doit estre graué en votre ame, pour bien cherir & nourrir voftre refolution, qui a efté fi precieuse au cœur du Sauueur.

Cinquième confideration de l'amour eternel de Dicu enuers nous.

Cont

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Onfiderez l'amour eternel que
Den vous a porté : car defia

auant que Noftre Seigneur Irsvs CHRIT, entant qu'Homme, fouffrist en Croix pour vous, fa diuine Majefté vous projettoit en fa fouueraine bonte,& vous aimeit extremément. Mais quand commença-il à vous ay. mer?il commença quand il commença à eftre Dieu. Et quand commença-il à eftre Dieu ? iamais: car il la toûjours efté, fans commencement & fans fin, & auffi il vous a toufiours aymée dés l'eternité : c'est pourquoy il vous preparoit les graces & faueurs qu'il vous a faites. Il le dit par le prophete, le t'ay aymé) il parle à vous aufli bien qu'à nul autre) d'une charité perpetuelle : & pariant ie t'ay attiré,ayant pitié de toy. Il a doncques pensé entre autres chofes à vous faire faire vos refolutions de le feruir.O Dieu!quelles refolutions font cecy que Dieu a pēsées meditées & proiettées dés fon eternité?combien nous doiuent-elles eftre cheres & precieuses? que devrions-nous fouffrir plustoft que d'é

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quitter vn feul brin? non pas certes,
fi tout le monde deuoit perir: car
auffi tout le mōde ensemble ne vaut
pas vne ame, & vne ame ne vaut
rien fans nos refolutions.

Affections generales fur les confidera-
tions precedentes, & conclufion
de l'exercice.

CHAPITR B. XV.

Cheres refolutions! vous etes le bel aftre de vie que mon Dieu a planté de fa main au milieu de mo cœur, que mon Sauueur veut arrou fer de fon Sang pour le faire fru&ifier pluftoft mille morts, que de permettre qu'aucun vent vous arrathe, Non, ny la vanité, ny les delices, ny les richeffes, ny les tribulations ne m'archeront iamais de mon dessein.

Helas! Seigneur, mais vous l'auez planté, & auez dans voftre sein paternel gardé eternellement ce bel arbre pour mon jardin: helas combien y a-til d'ames qui n'ont point efté fauorisées de cette façon : &

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