focieté à voftre cœur remis en grace & fan&tifié.

O Dieu! Philothée, que voilà vn contract admirable, par lequel vous faites vn heureux traitté auec fa diuine Majefté, puis qu'en vous donnant vous-mefine à elle, vous la gaignez & veus mefme auffi pour la vie eternelle. Il ne refte plus, finon que prenant la plume en main, vous figniez de bon cœur l'acte de vostre proteftation, & que par aprés vous allié à l'Autel,où Dieu reciproquement fignera & feellera voftre abfo. Jution & la promeffe qu'il vous fera de fon Paradis: fe mettant luymefme par fon Sacrement, comme vn cachet & feau facré fur voftre cœur renouuellé. En cette forte ce me femble, Philothée, voftre amie fera purgée du peché ; & de toutes les affections du peché. Mais d'autant que ces affections renaiffent aisément en l'anie, à raison de noftre infirmité & de noftre concu-ifcence,qui peut eftre mortifiée, mais

qui ne peut mourir, pendant que nous vitons icy bas en terre,je vous donneray des aduis, lefquels eftant bien pratiquez vous preferueront deformais du peché mortel, & de toutes les affections d'iceluy, afin que iamais il ne puiffe auoir place en voftre cœur: & dautant que les mefmes aduis feruent encore pour vne purification plus parfaite,auant que de les vous donner ie vous veux dire quelque chofe de cette plus abfoluë pureté,à laquelle ie defire vous conduire.

Qu'il fe faut purger des affections que l'on a aux pechexz veniels.

CHAPITRE. XXII.

A Melure que le jour le fait nous voyons plus clairement dans le

miroir les taches & foüilleures de noftre visage: ainfi à mesure que fa lumiere interieure du S. Efprit efclaire nos confciences, nous voyons plus diftinêtement & plus clairement les pechés,inclinations & imperfections, qui nous peuuent ent

pefcher d'atteindre à la vraye dea uotion. Et la mefme lumiere qui nous fait voir ces tares & déchets, nous efchauffe au defir de nous en netoyer & purger.

Vous découuritez donc,ma chere Philothée, qu'outre les pechez mortels, & affections des pechez mortels, dont vous auez efté purgée par les exercices marquez cy deuant, vous auez encore en voftre ame plusieurs inclinations & affections aux pechez veniels:ie ne dis pas que vous découuriez des pechez veniels: mais ie dis que vous découuriez des affections & inclinations à iceux: or l'vn eft bien different de l'autre: car nous ne pouuons iamais eftre du tout purs des pechez veniels, au moins pour perfifter long-temps en cette pureté: mais nous pouuons bien n'aucir aucune affection aux peche veniels. Certes c'est autre chofe de mentir vne fois ou deux de gaveté de coeur en chofe de pen d'importance, & autre chofe de fe

plaire à mentir & d'eftre affection, né à cete forte de péché.

Et ie dis maintenant, qu'il faut purger fon ame de toutes les affetions qu'elle a aux pechez veniels, c'eft à dire,qu'il ne faut point nour. zir volontairement la volonté de continuer & perfeueter en aucune forte de peché veniel. Car auffi fe-' roit-ce vne lafchete trop grande de vouloir tout à noftre efcient garder en noftre confcience vne chofe fi defplaifante à Dieu, comme eft la volonté de luy vouloir defplaire.Le peché veniel, pour petit qu'il foit, defplaift à Dieu, bien qu'il ne luy defplaife pas tant, que pour iceluy il nous vueille damner ou perdre. Que fi le peché venie! luy defplaist, la volonté & l'affection que l'on a au peché veniel n'eft autre chose qu'vne refolutio de vouloir defplai re à fa diuine Majefté. Eft il bien poffible qu'vne ame bien née vucile non feulement defplaire à fon Dieu: mais affectionner de luy defplaire?

Ces affections, Philothée, font Directement.contraires à la deuotion, comme les affections au peché mortel le font à la charité:elles allanguiffent les forces de l'efprit, empefchent les confolations diuines,ouurent la porte aux tentations, & bien qu'elles ne tuënt pas l'ame, elles la rendent extremement malade. Les mouches mourantes, dit le Sage,perdent & gastent la fuauité de Ponguent. Il veut dire que les mouches ne s'arreftans gueres fur l'on guent, mais le mangeans en paffant, ne gaftent que ce qu'elles prenent, le refte demeurant en fon entier: mais quand elles meurent emmy l'onguent,elies luy oftent fon prix, & le mettent à dédain, & de mefme les pechez veniels arriuans en vne ame deuote, & ne s'y arreftans pas long-temps, ne l'endommagent pas beaucoup, mais fi ces mefmes pechez demeurent dans l'ame pour l'affection, qu'elle y met,ils luy font perdre fans doute la fuauité de l'on