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COULOMMIERS.

TYPOGRAPHIE PAUL BRODARD ET C".

DU

MARQUIS DE SOURCHES

SUR LE RÈGNE DE LOUIS XIV

PUBLIES

D'APRÈS LE MANUSCRIT AUTHENTIQUE APPARTENANT A M. LE DUC DES CARS

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LIBRAIRIE HACHETTE ET Cie

79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79

-

1885

Tous droits réservés.

BOD

DU

MARQUIS DE SOURCHES

JANVIER 1692

1er janvier. Le premier de janvier, le Roi fit encore une cérémonie de chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit, où le marquis de Grignan, le marquis de Bissy et le comte de Montbron furent reçus.

Le même jour, on sut que le marquis de la Luzerne, lieutenant de roi de Normandie et capitaine au régiment d'infanterie du Roi, devoit épouser Mlle de la Chaise, fille du comte de la Chaise, capitaine des gardes de la porte du Roi.

2 janvier. Le 2, Sa Majesté donna trois mille livres de pension à Lanjamet, gentilhomme de Bretagne, qui avoit été autrefois officier dans son régiment des gardes et qui, en étant sorti, avoit toujours été attaché à la cour.

Le même jour, le comte de Tourville fut enfermé avec le Roi dans son cabinet pendant deux heures entières, et l'on découvrit bientôt après qu'il commanderoit encore cette année l'armée navale.

3 janvier. — Le 3, on assuroit que le prince d'Orange feroit passer cette année en Flandre trente-huit mille Anglois, et que d'autre côté il revenoit de Constantinople deux mille François, qui, ayant déserté des troupes de France, s'étoient jetés dans celles de l'Empereur et en avoient encore déserté pour passer

dans celles des Turcs, et de là à Constantinople, où l'ambassadeur de France les avoit rassemblés pour les renvoyer.

4 janvier. Le 4, la duchesse de Duras accoucha d'un garçon et donna une grande joie à toute la maison de son mari '. 5 janvier. Le 5, la marquise de Montchevreuil, qui étoit malade depuis quelques jours d'une fièvre continue avec une grande douleur de côté, commença d'être dans un péril évident, et l'on crut pendant quelques jours qu'elle en mourroit; mais elle fut assez heureuse pour se tirer d'affaires.

7 janvier. Le 7, on commençoit à ne plus douter que le Pape accorderoit des bulles aux évêques de France, et le bruit couroit qu'il devoit venir un légat en France pour la paix, lequel devait aussi apporter un jubilé.

9 janvier. Le 9, on parloit beaucoup dans le monde d'une affaire arrivée à la duchesse d'Hanovre, laquelle se plaignoit que le chevalier de Bouillon et le comte d'Evreux, son frère, avoient maltraité ses domestiques à la comédie; on disoit même qu'elle s'en étoit plainte au Roi avec beaucoup de chaleur, et que Sa Majesté avoit ordonné au lieutenant criminel de Paris d'en informer; mais le duc et le cardinal de Bouillon étant allés faire de grandes excuses à cette princesse, cette affaire se ralentit peu à peu et s'assoupit enfin entièrement.

11 janvier. Le 11, le Roi déclara le mariage du duc de Chartres avec Mlle de Blois, et cette affaire que le Roi souhaitoit depuis longtemps fut conclue lorsqu'on y pensoit le moins, le Roi l'ayant proposée au duc de Chartres en présence de Monsieur et de Madame, et ce jeune prince n'ayant pas, selon les apparences, eu la force de le refuser en face; car on croyoit que Monsieur ne souhaitoit pas ce mariage, mais que, par politique, il ne vouloit pas s'opposer directement à la volonté du Roi. Pour Madame, elle avoit déclaré nettement plusieurs fois qu'elle ne vouloit pas ce mariage; elle l'avoit même empêché très longtemps; mais, voyant qu'elle attiroit l'indignation du Roi, elle avoit pris, aussi bien que Monsieur, le parti de dire que, si le duc de Chartres y consentoit, elle y consentiroit aussi, étant convenus avec lui qu'il n'y consentiroit pas, car ils aimoient mieux tous trois faire un autre mariage qui avait été proposé, c'est-à-dire avec la princesse

1. Parce qu'elle étoit presque une fois plus vieille que son mari et qu'elle passoit pour être fort riche.

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