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CAUSE PREMIÈRE.

Discussions qui s'élevèrent en 1803 et 1804, entre le gouvernement de S. M. britannique et celui de S. M. catholique, au sujet de la neutralité de l'Espagne pendant la guerre entre la France et la GrandeBretagne; et rupture qui s'ensuivit.

La paix avait été conclue, par le traité définitif signé le 27 Mars 1802, à Amiens, entre la France, l'Espagne et la Hollande d'une part, et la Grande-Bretagne d'autre part.

L'Angleterre ne lui laissa qu'une courte durée: elle déclara la guerre à la France, le 8 Mars 1803: ses bâtiments armés, péalablement avertis, capturèrent un grand nombre de navires français avant même que le gouvernement britannique eût fait pressentir le renouvellement des hostilités. 1)

L'Espagne, restée neutre au commencement de la guerre, en vertu des arrangements pris avec Napoléon en vue de modifier les obligations que semblait lui imposer, d'une manière absolue, son traité signé à St. Ildephonse le 17 Août

4) DE BIGNON dans son Histoire de France depuis le 18 Brumaire jusqu'à la paix de Tilsit dit à ce sujet «De toutes les déclarations de guerre des temps modernes, il n'en est aucune qui ait été plus difficile ȧ justifier que la rupture du traité d'Amiens.»>

MARTENS, CAUSES CÉLÈBRES. V.

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1796, fut entraînée par l'Angleterre en 1804, à faire cause commune avec la France, qui l'accusa de ne pas garder une neutralité assez stricte, en se croyant encore liée, à quelques égards, par diverses dispositions du traité de 1796, lequel, lors de sa conclusion, avait identifié, en quelque sorte, l'Espagne avec la France, par suite des stipulations offensives et défensives qu'il renfermait.

Le traité de St. Ildephonse ayant été, dans l'observation plus ou moins complète par l'Espagne, de plusieurs de ses clauses l'origine des discussions qui s'engagèrent entre les cabinets de Madrid et de St. James, et qui en définitif, aboutirent à la guerre de 1804, entre la Grande-Bretagne et l'Espagne, il est à propos que nous placions ici sous les yeux du lecteur le texte même des seize premiers articles du traité, pour lui faire mieux apprécier la portée de l'alliance qui existait entre la France et l'Espagne à cette époque. 1)

Texte des seize premiers articles du traité signé le 19 Août 1796, à St. Idephonse, entre la France et l'Espagne.

Art. I. Il existera, à perpétuité, une alliance offensive et défensive entre la république française et S. M. catholique le roi d'Espagne.

Art. II. Les deux puissances contractantes seront mutuellement garantes, sans aucune réserve ni exception, de la manière la plus authentique et la plus absolue, de tous les

1) Le traité de Saint-Ildephonse, «dit De Gentz», qui peut être considéré comme un modèle de l'alliance la plus intime et la plus illimitée qui ait jamais uni deux états, fut, dans les points essentiels, arrêté d'après le pacte de famille de 1764. Les deux traités tendaient évidemment au même but, c'est-à-dire, à faire regarder les guerres dans lesquelles pourrait se trouver engagée l'une des deux parties comme devant obliger l'autre à y prendre part; on y trouve aussi le même langage presque dans tous les articles qui comprennent les stipulations proprement dites; et il n'y a de différence dans le fond et dans les expressions elles-mêmes qu'en tant que le nouveau traité est plus onéreux pour l'Espagne et plus directement hostile à l'Angleterre.

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