Images de page
PDF
ePub

lå il mérite des honneurs souverains; il suffit d'être en sa présence pour ne pouvoir les lui refuser. Si nos hommages lui sont dûs dans tous les lieux qui peuvent nous rapprocher de lui, à plus forte raison dans l'endroit même qu'il a choisi pour en faire le trône de son amour qui pourra craindre des excès, où il n'y a à craindre que de rester beaucoup en arrière par l'impuissance où nous sommes de rendre à ce roi de gloire, des honneurs proportionnés à sa grandeur et à sa bonté.

Vous ne manquerez pas, Monsieur, d'entrer dans ces sentiments, si vous examinez sans prévention les preuves qui ont été produites, et dès que vous vous arrêterez à l'unique sens véritable des paroles de Jésus-Christ, vous y découvrirez la vérité du dogme qui nous fournit la conclusion pratique de l'adoration. Oui, Monsieur, à nous en tenir au seul texte de l'Evangile, si l'on en exclut le sens figuré, de l'aveu même de vos amis et de nos adversaires les plus outrés, nous gagnons notre procès contre vous; car Calvin (1) et Bèze (2) déclarent hautement, que le sens littéral des paroles de Jésus-Christ, emporte nécessairement avec soi la transsubstantiation. Vous convenez sans peine que la transsubstantiation amène la présence fixe et permanente, et cette présence une fois

(1) Non consisteret verborum simplicitas, nisi panis confletur in Corpus Christi. Defens. 2. pia et orthod. de Sacram, fidei, T. 7. col. 1. Ed. Genev. 1617. p. 7.

(2) Hoc quidem sæpe diximus, quod nunc quoque repetam; retineri reipsa non posse Tò patov in his verbis (hoc est Corpus meum) quin transsubstantiatio papistica statuatur. Beza de Coena Domini, p. 216.

reconnue, je ne suis plus en peine du reste; votre religion, votre droiture et votre bon sens ne vous permettront jamais de chicaner sur les honneurs que nous rendons à Jésus-Christ présent.

Quand donc nous n'aurions égard qu'à la seule lettre de l'Ecriture, notre explication serait incontestablement la mieux fondée; mais si allant plus loin, je fais voir que cette explication, la plus naturelle en elle-même et la seule qui puisse passer pour juste, est encore adoptée par toutes les nations chrétiennes de l'univers, même par celles qu'un schisme ancien a séparées de nous, et que de plus, elle a été constamment reçue par tous les chrétiens de tous les siècles, je m'assure, Monsieur, que ce consentement si général et si antique, vous fera regarder d'un tout autre œil le principe sur lequel nous fondons notre culte, et la conclusion que nous en tirons pour la pratique.

Permettez-moi donc de parcourir les climats les plus lointains, et de percer les siècles les plus reculés, pour recueillir les suffrages de l'univers chrétien, et les témoignages de la vénérable antiquité, et vous ne tarderez pas à voir qu'en croyant la présence fixe et permanente, la transsubstantiation, l'obligation d'adorer Jésus-Christ dans l'usage et hors de l'usage, nous ne croyons et ne pratiquons rien qui ne nous soit commun avec toutes les sociétés chrétiennes de quelque communion qu'elles puissent être, si l'on en excepte les protestantes, et que notre créance sur les mêmes articles ne s'ac

corde pas moins parfaitement avec la créance des quatre premiers siècles de l'Eglise.

Si les témoignages que j'ai à produire ne remplissent pas, dans la dernière exactitude, toute Î'étendue de mes promesses, je consens, Monsieur, à passer dans votre esprit pour un vain discoureur, qui s'avance témérairement sans être en état de soutenir ses engagements.

DEUXIÈME PROPOSITION.

TOUTES LES ÉGLISES ORIENTALES SÉPARÉES DE L'ÉGLISE ROMAINE SONT DU MÊME SENTIMENT QUE NOUS SUR LE SUJET DE L'EUCHARISTIE.

Je commence par produire des attestations de toutes sortes de nations et de sectes, qui, depuis un grand nombre de siècles, ne sont plus dans la communion de Rome. Vous allez voir, Monsieur, que , que les Moldaves, les Moscovites, les Grecs, les Syriens, les Arméniens, les Jacobites, les Nestoriens, les Cophtes ou les Egyptiens, les Abyssins et les Ethiopiens pensent tous comme nous sur la transsubstantiation, comme sur la présence permanente, et se font un égal devoir d'adorer Jésus-Christ dans l'Eucharistie. Les témoignages que j'apporterai, ont été la plupart donnés par l'autorité publique, je veux dire, par la déclaration des patriarches, des évêques et des synodes entiers,

à la sollicitation des ambassadeurs et des consuls de France, envoyés au roi très chrétien de glorieuse mémoire Louis XIV, et mise en dépôt, ou dans la bibliothèque du roi, ou dans celle de Saint-Germain-des-Prés, pour servir de monument constant de la foi de ces peuples, et faire voir la conformité de leur créance avec la nôtre, sur les points contestés par les protestants.

S'il se trouve parmi vous, Monsieur, quelqu'un qui désire sérieusement voir par luimême les pièces originales, je réponds que les avenues de ces bibliothèques ne lui seront pas fermées, et qu'il trouvera toute facilité pour s'assurer de la vérité de ces pièces. On pourrait encore, à moins de frais et de peines, donner à quelqu'un qui soit sur les lieux, la commission d'examiner la fidélité de mes citations : pour moi, je vous déclare que je n'aimerai jamais à me faire la réputation de chercher à en imposer au public, et que je me garderai bien de me mettre en danger de pouvoir être convaincu d'un dessein si noir et si indigne. Voyons maintenant, si en citant un si grand nombre de peuples comme attachés à la même créance que nous sur l'article en question, je ne me suis pas avancé au-delà de la portée des preuves que j'ai en main. Vous en jugerez, s'il vous plaît, Monsieur, en examinant la qualité des témoins et la teneur de leurs dépositions.

Les Moldaves, les Moscovites et les Grecs schismatiques, seront, comme plus voisins de nous, les premiers à nous instruire de leurs

сс

sentiments. Voici ce que déclare le baron Spatari, seigneur moldave, dans un écrit de sa composition, remis entre les mains de M. de Pompone, ambassadeur du roi très chrétien à la cour de Suède; l'écrit est daté du mois de février de l'an 1967, et porte entre autres choses ce qui suit : «Nous croyons que le pain et « le vin sont véritablement et substantiellement «< changés et transsubstantiés au corps et au << sang par les paroles du Seigneur, en sorte « qu'après la consécration, la substance du << pain et du vin n'y demeure pas, mais que le « corps et le sang de Jésus-Christ, succèdent << en leur place, par l'opération et la volonté <<< de Dieu; car encore que ce changement et « cette conversion intérieure ne se connaisse <<< pas par les sens extérieurs, elle se fait néan« moins d'une manière admirable, sans que les signes ou les accidents cessent de subsister, « Nous croyons aussi que le corps et le sang « de Jésus-Christ doivent être adorés du culte « de latrie dans la divine liturgie tant extérieu<<<rement qu'intérieurement (1). »

сс

Le seigneur qui parle ainsi, avait une grande étendue de génie, était également habile pour le cabinet et pour le commandement des trou

(1) 2. Credimus panem et vinum substantialiter et verè mutari ac transsubstantiari in Corpus et Sanguinem, ita ut post consecrationem non maneat substantia panis et vini, sed loco ipsorum Corpus et Sanguis Christi per divinam operationem et voluntatem succedat. Licet enim mutatio illa et conversio intrinseca non cognoscatur sensu externo, miro tamen modo fit, signis seu accidentibus permanentibus.

3. Credimus Christi Corpus et Sanguinem in divinâ liturgiâ omnimodo Jatreutice adorandum cultu tàm interno quàm externo. In Enchirid. seu stella Orientalis.

« PrécédentContinuer »