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berome pienx. « Ta te moques un hopone qui pro le Ci tout le jour ne peut monquer d'etre bien dans ses and is res et que voulait dire cette effoyable tentation à laquelic il soumettait le Pauvre: « Ah! ah! je m en vais te donver un louis d'or tout à l'heure, pourvu tu veuilles juer ? ou sa générosité dédaigneuse et hautaine, quand le Patyre est resté inébranlable: «Va, va, je te le donne pour l'amonr de l'humanité ? Pourquoi, dans une scène noa moins originale, le Ciel était-il défendu contre le gentii homme hardi et spirituel par un valet timide et maladroit. qu se scandalisait davantage de Fincroyance au Mome bourru que de 1 in rovance à l'enter et à l'autre vie, qui s'embrouillait dans son apologélique grossière et finissait par tomber en s'évertuant, si bien que «< son raisonnement avait le nez cassé » ? Lt enfin, si le châtimeni providentiel de Don Juan était chose sérieuse, pourquoi le spectacle du libertin englouti par les flanimes n'inspirait-il au prétendu croyant Sganarelle que ce cri boulonnement impie : « Mes gages! mes gages! » Prétendre que le langage du maître et celui du valet étaient dictés à Molière par leur situation même; que le Pauvre, en refusant de jurer, au risque de inourir de faim, a le beau role contre le riche dépravé qui le veut corrompre ; et que les arguments apologétiques de Sganarelle, s'ils sont mal présentés, n'en ont pas moins leur valeur, consacrée par l'usage qu'en ont fait tant de théologiens et de philosophes, c'était défendre habilement l'auteur, à coup sûr; mais ce n'était pas effacer l'effet désastreux de telles paroles ou de tels spectacles.

Ensuite, la résolution (particulière aussi au Festin de Pierre de Molière) que prend Don Juan de se faire hypocrite et sa tu ade enflammée contre la cabale persuadaient aux dévots que l'auteur du Tartuffe n'était pas venu à résipiscence, mais s'enfonçait de plus en plus dans ses mauvais desseins.

Et, à la lumière de ce dernier incident, l'objet vrai, la vraie portée de la pièce s'éclairaient. L'adversaire enragé de la piété et de la religion qui l'avait écrite voulait montrer que les dévols se recrutaient en partie parmi les libertins et les débauchés; aux faibles d'esprit et aux bas coquins, qu'il avait représentés l'année précédente par sa Madame Pernelle, son Orgon et son Tartuffe, les grands seigneurs perdus de dettes et de débauches venaient maintenant se joindre pour constituer à ses yeux - et, si Fon n'y prenait pas garde, aux yeux du public -- l'armée de la foi tout entière.

Contre le Festin de Pierre donc il fallait continuer le bon combat qui, depuis 1662. se livrait autour de l'École des femmes et de l'Imposteur; il fallait empêcher que le venin de l'athéisme ne s'insinuât plus avant dans les

ames.

Aussitôt, Molière put « entendre toutes les langues que le Saint-Esprit anime déclamer contre lui dans les chaires et condamner publiquement ses nouveaux blasphèmes 1». Un certain sieur de Rochemont, qui peut-être ne faisait qu'un avec le curé Pierre Roullé, avec ce charitable pamphlétaire pour qui l'auteur du Tartuffe était « un démon vêtu de chair et habillé en homme », publia de violentes Observations, auxquelles des amis de Molière répondirent à deux reprises. « Qui peut supporter, s'écriait-il, la hardiesse d'un farceur qui fait plaisanterie de la religion, qui tieut école du libertinage, et qui rend la majesté de Dieu le jouet d'un maitre et d'un valet de théâtre, d'un athée qui s'en rit, et d'un valet, plus impie que son maître qui en fait rire les autres ?... Un athée, foudroyé en apparence, foudroie en effet et renverse tous les fondements de la religion, à la face du Louvre, dans la maison d'un prince chrétien. »

1. Observations sur une comédie de Molière intitulée le Festin de Pierre, par B. A. St de R., avocat au Parlement.

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Confine

s'exprimait pas avec moits de viruence lan l'iter'ss ment de ses Sentirants des Pères de l'Egle sa la corédio et b's spectacles. Et, comme Rochemont, on at tendant « les foudres de la justice divine », apulan contre Molore celles da naturel ennemi de l'hérésie et d Limpieté, le Roi, Von devine quels re-sorts, plus puis sants que l'éloquence, de tels adversaires faisaient jouer contre la pièce.

dait,

Le Roi, qui l'aura. pu défendre, n'osait pas plus s'engazer à fond pour elle qu'il ne l'avait fait pour le Tartuje. A qui blamait devant lui les vices du libertin, il ré; Lest vrai : « Aus i n'est-il pas recon pensé » et selle médiocre remarque était mise à profit par les amis da Festin de Pierre. Peut-être même alla-t-il plus loin, et empêcha-t-il qu'on n'étranglat l'ouvre aussi brutal mot qu'on l'aurait voulu. Mais, pour être plus discrète, l'exécution n'en fat pas moins nette et définitive. Jouse quinze fois le suite jusqu'à la clôture de Pâques, la pièce, à la réouverture, ne fut pas reprise, et il est évident qu'on invita Molière à laisser dormir son œuvre, comine on l'invita à ne pas user du privilège qu'il avait déjà pris pour l'impression. Abandonnant à son sort Don Juan, qui n'était guère qu'une improvisation de génie et qui, après tout, avait en quelque mesure rempli son dilice, Molière ne s'attachic plus qu'à demander la représentation, lointaine encore, de son Tariaffe.

Imiterons-nous Molière et nous désintéresserons-nous mainterant du Festin de Pierre? Son histoire est pou cela trop instructive.

Dès la seconde représentation, l'ouvre avait subi des coupures. Rochemont, parlant de la scène du Pauvre, écrit: a un pauvre à qui l'on donne l'aumône à condition de renier Dieu », et met en note: «en la première représentation; il signale aussi des détails, comme le Moine bourru et le cri de Sganarelle: « Mes gages! mes gages!..

qui, confirmés par les éditeurs de Hollande, ne figurent dans le texte donné pour la première fois par La Grange et Vivot en 1682.

pas

Cette édition de 1682, faite d'après les manuscrits de Molière, reproduisait le texte tel qu'il avait été modifié après la première représentation. Elle ne satisfit cependant pas le pouvoir, qui intervint pour faire cartonner les exemplaires. Ainsi furent supprimées les parties scabreuses des rôles de Don Juan et de Sganarelle, et aussi ce qui restait de la scène du Pauvre, maintenant réduite à l'indication du chemin à suivre donnée par le Pauvre à Don Juan.

Pendant qu'on donnait aux lecteurs un Don Juan tronqué, on donnait aux spectateurs un Don Juen falsifié.

En 1677, la veuve de Molière avait vendu ses droits sur la pièce de son mari, et Thomas Corneille l'avait mise en vers. En général, il suivait de près le texte en prose. Mais, sans parler de quelques autres changements médiocrement heureux, il avait supprimé des passages irréligieux, il avait enlevé toute la scène du Pauvre, et il avait remplacé la fin plaisante par une fin édifiante :

DON JUAN.

Je brule, et c'est trop tard que mon âme interdite...
Ciel'

SGANARFLLE.

Il est englouti. Je cours me rendre ermite.
L'exemple est étonnant pour tous les scélérats;
Malheur à qui le voit et n'en profite pas.

Le Festin de Pierre en vers occupa seul la scène jusqu'en 1841, où l'Odéon reprit celui de Molière sans grand éclat; el, en 1847, la Comédie-Française reprit à son tour le chef-d'œuvre en prose. Le texte remis en honneur n'était même pas celui des exemplaires cartonnés de 1682. Trois exemplaires avaient échappé à l'opération qui avoit châtré l'édition de La Grange. De plus, une édition

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d Austerdam, d› 1683, et une de Bruxelles, de 1994. avaient donné un text: plus complet, meins sûr dans l detail que celui de 1682, mais ou les témérités blêmees par Rochemont se retrouvaient. C'est en profitant de tous ces secours qu'on avait réparé le mal fait à Fœuvre de Moliere depuis près de deux siècles.

Mais le mal fait au génie de Molière lui-même, ou au moins la deviation imposée à sa carrière, qui aurait pu y perter rem'de? La proscription de Don Juan, s'ajoutert à la proscription du Tartuffe, était faite pour le décourager. et l'interdiction de l'Imposteur après l'unique représer tation de 1667 lui porta un coup terrible. Dans le deuxime placet, où le poète-comédien suppliait le roi de lever interdiction, il le menaçait aussi en termes fort nets d'abandonner son service et de cesser d'écrive: « J'attends avec respect l'arrêt que Votre Majesté daignera prononcer sur cette matière; mais il est très assuré, Sire. qu'il ne faut plus que je songe à faire de comédie si les Tartufles ont lavantage, qu ils prendront droit par là de me persécuter plus que jamais, et voudront trouver à redire aux choses les plus innocentes qui pourront sortir de ma plume. » Sans lui accorder sa requête, le Roi parvint à apaiser Molière; mais celui-ci comprit qu'il lui fallait renoncer à des luttes trop inégales, et que c'en était fait pour lui de la satire sociale qu'il avait entreprise. Encore dans le Misanthrope, le pied-plat triomphant contre qui Alceste dédaigne de lutter, le livre abominable qu'on attribue perfidement à Alceste, et l'irritation même que montre Alceste en toutes circonstances avaient peut-être rappelé l'orage dont nous avons indiqué les phases. Mais ce n'étaient plus que les sourds roulements d'un tonnerre qui s'éloigne et s'affaiblit. Dorénavant Molière, quand il no se contentera pas de faire rire, ou quand il n'attaquera pas les médecins, se contentera de former des caractères généraux ou de se livrer à des études de moeurs moins

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