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dangereuses. Et, sans doute, il y aurait injustice à rabaisser les œuvres de la période qui commence devant les muvres de la période qui finit; il y aurait injustice à répéter avec Brunetière : « Le « haut comique » des Femmes savantes, en comparaison de celui de Tartuffe, n'est que du haut comique de collège 1. » Mais on peut regretter que Molière ait été forcé d'abandonner la veine qu'il exploitait dans ses grandes œuvres de combat; et surtout il importe de bien marquer quel changement se produit vers la date où s'arrête ce volume.

A partir de Don Juan, les grandes tribulations de Molière sont terminées, et les chefs-d'oeuvre vont se succéder presque sans interruption; mais, à certains égards, ce seront des chefs-d'œuvre d'un autre ordre.

1. Études critiques sur l'histoire de la littérature française, t. VIII, p. 117-118.

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ADDITIONS ET CORRECTIONS

P. 14. 1. 3. Si, comme figures maternelles, je signale seulement Aristione et Mme Jourdain, je n'oublie pas qu'il y a d'autres mères dans le thâtre de Molière: Philaminte. Mme de Sotonville, voire la comtesse d'Escarbagnas. Mais elles sont moins spécialement des mères, et il n'en reste pas moins que Molière s'est montré à la fois très capable d'écrire ces rôles et très désireux de s'en dispenser.

P. 299-301. Peut-être cût-il été bon, après avoir indiqué ce que les adversaires de Molière trouvaient d'impie dans le Festin de Pierre, de dire plus expressément quelle portée nous attribuons nous-même à l'œuvre.

Si elle constitue une peinture de mœurs très hardie et si, comme le Tartuffe, elle exhale même partout un vague parfum de libertinage, elle n'est à coup sûr pas une école d'athéisme, elle ne révèle pas un ennemi déclaré de la religion. C'est à tort qu'on a voulu mettre au compte de Molière la profession de foi, d'ailleurs cavalière et quelque peu ironique, de Don Juan: « Je crois que deux et deux sont quatre, Sganarelle, et que quatre et quatre sont huit. » Aux déclamations de Rochemont sur ce point un ami du poète avait répondu avec justesse : « A parler de bonne foi, est-ce un raisonnement que « deux et deux sont quatre, et quatre et quatre sont huit » ? Ces paroles prouvent-elles quelque chose, et en peut-on rien inférer, sinon que Don Juan est athée ?1»

Le mot fameux par lequel se termine la scène du Pauvre n'est pas plus révélateur des sentiments de Molière. Don Juan, mis en mauvaise posture par la force d'âme du mendiant qu'il a essayé

1. Leltre sur les Observations..... dans le Molière de DespoisMesnard, t. V, p. 246.

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d'ivilir, tache a se retever par un acte de générosité; et, ne ponvent consentir a dice, conformément à la formale consacres, qu it donu un lon's pour l'amour de Dieu, il emploie cette parodic de la forrale : « Je te le donne pour l'amour de l'humanité, » Mais 1c1, conE an vers 107) (acte III, scène 8) de l'Ecole des maris', poor l'amour de doit se traduire par à cause de, et l'ensemble signifi› : « Je te le donne, non parce que Dieu le commande, mais uniquement parce que tu es un homme ». Il ne faut donc pas accepler les interprétations aventureuses qui ont été données de ce passage, même si elles viennent de critiques ordinairement sagaces et sûrs comme Vinet : « Ce morceau fut supprimé à la deuxièm représentation ; mais il avait manifesté la secrète pensée de Mo

re, car le mot sort tout à fait du rôle de Don Juan, franc seélérat, monstre qui finit par ajouter l'hypocrisie à tous ses crimes, et qui n'est pas plus capable d'aimer l'humanité que d'aimer Dieu. Moh're semble ie avoir voulu parler en son propre nom 2. »

L'occasion eût eté bien mal choisie. Si l'on comprend Moliere confiant la satire de la cabale au railleur mordant dont il faisait un nouvel et plus élégant imposteur, on le comprend moins confiant l'expression de sa philosophie au «méchant homme » auquel ij venait, dans la même scène, de faire commettre un acte odieux. Vinct avait mieux dit quelques lignes plus haut : « Tout en suivant le culte dominant, il (Molière) n'avait ni foi ni attache an fond de la religion. Il n'avait pas non plus de haine contre elle; il était indifférent. »

Et voilà pourquoi, sans plus se piquer d'étaler des convictions religieuses ou irréligieuses ici que des convictions morales ailleurs, il avait laissé librement s'opposer à l'honnête, religieux et ridicule valet Sganarelle le pervers, incrédule et spirituel grand seigneur

Don Juan.

I.

Que tous ces jeunes fous me paroissent fàcheux ! Je me suis dérobée au bal pour l'amour d'eux. 2. Poètes du siècle de Louis XIV, in-8°, p. 365.

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