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FAMILLE SECONDE.

que

C

DES CON QUES.

ETTE famille raffemble, comme je l'ai dit ailleurs (1), les Coquillages qui ont une coquille compofée au moins de deux pieces, peu différentes l'une de l'autre. L'examen de leur animal eft beaucoup plus difficile que celui des Limaçons, parce les battans de leur coquille ne s'entr'ouvrent que légerement, & ne laiffent voir qu'un petit nombre de parties qui à la vérité fortent affez au dehors dans quelques-uns, mais qui ne fe montrent jamais dans d'autres. Ces animaux ont auffi une structure particuliere: on ne leur voit ni tête, ni cornes, ni mâchoires, ni dents; mais feulement un manteau, des trachées, des ouïes, une bouche, un anus & quelquefois un pied: on les a connu de tout tems fous le nom de Conques (2).

En confidérant les Conques par leur coquille, on pourra les divifer en deux fections, dont la premiere contiendra les Coquillages qui n'ont que deux pieces, & que l'on nomme Bivalves; l'autre renfermera ceux qui ont plus de deux pieces, & que l'on nomme Multivalves.

(1) Voyez les définitions des parties des Coquillages, &c. pag. 2 & 3.

2) Nunc fpeciatim de Conchis loquamur, quibus tefta dunior eft, quæque duabus teftis conftant, utrifque concavis. Hoc genus dibogg, vocat Ariftoteles, to dr ispanois TEREX of&or, quod geminâ teftâ continetur, Bivalve convertit Gaza, ficut povy univalve: 9p enim valvæ funt, eas Cicero Conchas latinè dixit. Pinna enim, (fic græcè dicitur) duabus grandibus patula Conchis, cùm paryâ squillâ quafi Locietatem coit cibi comparandi. Rondel. pifc. pars alt. edit, lat. lib. 1. cap. 17. p. 19.

SECTION PREMIERE.

DES CONQUES BIVALVES.

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Es Coquillages Bivalves paroiffent former trois familles diftinguées par rapport à la figure de leur manteau.

Dans la premiere on voit ceux qui

ont les deux lobes du manteau féparés L'HUÎTRE. Genre 1. dans tout leur contour: telle eft

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EN parlant de la Nérite j'ai dit que c'étoit le Coquillage qui approchoit davantage des Bivalves, & il me femble que l'Huître eft celui des Bivalves qui s'éloigne le moins des Operculés.

I. LE GA SA R. Pl. 14~

L'Huître d'arbre. Du Tert. hift. nat. des Antill. vol. 2. pag. 137. Oftreum radicum fivè lignorum, Malaicenfibus Tiram befaar vel Tiram akkar dicta. Rumph. muf. pag. 154. art. 1. tab. 45. fig. o. Oftreum roftratum complanatum, lamellis diverfimodè finuofis compactum, rugofum, ex albido viridefcens. Gualt. Ind. pag. & tab. 102. litt. D.

Oftreum longum radicum feu lignorum: Tiram Befoar, Tiram Accar; Rumphii. Klein. tent. pag. 121. Spec. 1. tab. 8. fig. 17.

Il y a plufieurs efpeces d'Huîtres au Sénégal; mais on n'en voit point de plus commune que celle que l'on fert fur les tables, & que je nomme Gafar.

Sa coquille a ordinairement trois pouces de longueur fur COQUILLE. une largeur une fois moindre; & il n'eft pas rare d'en voir qui ont fix pouces, ou même davantage. Elle eft affez mince, & repréfente un quarré long, fort applati, obtus à fon extrêmité fupérieure, & qui diminue en une pointe arrondie vers la charniere. Sa forme est toujours extrêmement irréguliere par les plis & les contours qu'elle prend, de maniere qu'il eft fort difficile, ou même prefqu'impoffible, d'en trouver deux femblables. Sa furface extérieure eft rude & comme raboteufe par les lames dont elle est formée, & qui débordent fenfiblement les unes au deffus des autres ; l'intérieure au contraire eft luifante & d'un beau poli. On voit quelquefois fur la premiere un périofte livide & fort mince.

Le battant fupérieur G eft mince, applati, & rarement creufé, mais toujours inégal & ondé comme le battant inférieur auquel il fe joint parfaitement.

Celui-ci D eft toujours creux, mais peu profond, plus grand & plus épais que le premier. Il porte à fon extrêmité. poftérieure, celle où eft la charniere, une espece de talon ou de fommet S formé par fes bords qui fe replient en dedans ce repli fait un creux plus ou moins grand dans dif férentes coquilles.

Périofte.

Battans.

Sommet.

Sur la furface applatie de ce repli, on apperçoit un leger Ligament. enfoncement dans lequel eft logé le ligament à reffort L, qui fert à joindre fortement les deux coquilles & à les écarter l'une de l'autre. C'eft une matieré coriace, verdâtre, tirant fur le noir, fort applatie, fpongieufe vers le milieu, & capable de faire le reffort pendant qu'elle eft humectée dans l'eau, mais qui eft d'une grande fragilité quand il vient à fe deffécher. Ce ligament n'entre point dans la cavité de la coquille; il eft renfermé dans le talon, fans cependant s'étendre jufqu'à fa pointe, où il laiffe un petit vuide, afin que les battans puiffent s'ouvrir librement : il ne paroît pas au dehors.

On ne voit ni dans l'un ni dans l'autre battant, aucune dent qui puiffe faire l'office de charniere, & ils n'ont aucune apparence d'être contournés en fpirale.

Charniere,

Muscle.

Couleur.

Variétés.

ANIMAL.

La marque qui défigne l'endroit où le muscle les attachoit au corps, eft d'un violet foncé & rembruni E. Cette tache se trouve placée affez exactement au milieu de la longueur de chaque battant, & une fois plus proche du bord droit que du bord gauche du battant fupérieur.

L'extérieur de ces coquilles eft quelquefois gris & quelquefois violet, ou verd bordé de blanc. Leur intérieur est violet bordé de blanc, ou d'un blanc nacré bordé de violet. J'ai dit ci-deffus que cette coquille offroit tant de variétés dans fa forme plus ou moins applatie, plus ou moins ondée, qu'il n'étoit pas poffible d'en dire autre chofe que des généralités. Cependant elle eft diftinguée des quatre autres especes qui fe trouvent au Sénégal, 1o. par fa forme oblongue, 20. par fon peu d'épaiffeur; 30. enfin parce que, quoique fes bords foient ondés, jamais ils ne le font en zigzags.

Lorfque la coquille de l'animal s'entr'ouye légerement pour humer l'eau de la mer, & pourvoir par ce moyen à Manteau. fa fubfiftance, on apperçoit le manteau qui s'étend fur fes bords fans fortir au dehors. Il paroît comme une membrane fort mince, divifée en deux parties ou en deux lobes fort diftingués, dont chacun tapiffe les parois intérieures de chaque battant de la coquille. Chaque lobe confidéré féparément, paroît orné d'un rang de filets fimples affez longs & égaux F. M. A. diftribués également autour de fes bords au nombre de cent ou environ. Outre cette frange on apperçoit à une petite diftance des bords du manteau, une espece de membrane femblable à un bourrelet fillonné qui le fuit dans fon coutour, & qui eft relevé de cent petits tubercules arrondis T.

Mufcle.

Quïes.

Il ne faut pas s'attendre à voir d'autres parties dans l'Huître vivante, tant qu'on ne la regarde que dans la fituation qui lui eft naturelle. Mais fi l'on vient à féparer les deux écailles l'une de l'autre, on apperçoit d'abord le fort muscle qui les attachoit au corps de l'animal; en relevant enfuite le lobe fupérieur du manteau, on découvre quatre feuillets membraneux qui font les ouïes: chacune de ces ouïes eft traversée par cinquante stries fort déliées, qui font autant de tuyaux capillaires ouverts dans leur extrêmité poftérieure. Elles s'étendent fur le devant du corps de l'animal, depuis la

partie M, où les deux lobes font réunis, jufqu'au point B Bouche. où eft le commencement de la bouche. Celle-ci forme une ouverture affez grande, bordée de quatre grandes lèvres affez femblables aux ouïes, mais fix à huit fois plus courtes. Derriere les ouïes on trouve une groffe partie charnue blanchâtre Pied. & cylindrique qui tourne fur le mufcle: ce n'eft autre chose qu'un eftomac ou fac inteftinal, femblable au pied, qui en fait la fonction dans les Conques & les Limaçons, mais qui, dans l'Huître, ne paroît pas fufceptible de contraction ni de dilatation. Ce fac inteftinal, ou ce pied, ne s'avance jamais fur les bords de la coquille; il refte caché fous les ouïes dans le fond de la cavité M. A. qu'elles ferment entierement fur le devant de l'animal, en se joignant les unes aux autres par leur dos.

Enfin fur le dos du mufcle on voit encore le canal des inteftins qui a une décharge en A.

La trachée ou l'ouverture M. A. par laquelle l'animal reçoit l'eau pour en tirer l'air qui lui eft nécessaire, communique avec l'anus, & nullement avec l'ouverture antérieure M. F. T. B. qui doit pourvoir à fa fubfiftance.

Quelques Auteurs modernes ont affuré que l'on avoit diftingué les Huîtres mâles d'avec les femelles : cependant il eft certain que la plûpart de ces animaux qui vivent éloignés les uns des autres, & dans l'impuiffance de fe joindre par la copulation, engendrent leurs femblables; d'où l'on peut conclure qu'ils n'ont befoin d'aucun fexe pour fe reproduire, ou que chaque individu les réunit tous deux.

Tout le corps de l'animal eft d'un blanc-fale: les bords de fon manteau font noirâtres.

Il eft particulier aux Huîtres du Sénégal de ne s'attacher qu'aux racines des arbres, & rarement à d'autres qu'à celles des mangliers. On les y trouve raffemblées par paquets & fans aucun ordre, fouvent collées & appliquées les unes fur les autres, mais feulement par l'écaille inférieure: car quoique fouvent il croiffe d'autres Huîtres fur la piece fupérieure, elle n'eft jamais fixe comme l'autre ; elle conferve toujours la facilité de s'ouvrir & de fe fermer à la volonté de l'animal. Malgré le peu d'ordre qui régne dans leur pofition, on remarque cependant que le talon ou le côté de la

Anus.

Trachée,

Sexe.

Couleur.

Obferva

tion.

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