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plus grands. Le prince Léopold' partira sous peu de jours pour l'armée autrichienne. Les journaux de Vienne sont enfin arrivés à ne plus dire le Roi Joachim; ils disent tout simplement Murat.

M. de Bombelles, ancien ambassadeur en Portugal, chanoine à Glogau et père du Bombelles qui était à Paris, voudrait rentrer dans la carrière diplomatique sous une forme quelconque, depuis ambassadeur jusqu'à chargé d'affaires. Il pense qu'il servirait utilement dans cette dernière qualité à Munich, et huit mille francs lui paraissent suffisants pour y vivre.

Je mets à profit le zèle de M. le comte Alexis de Noailles, qui aura l'honneur de remettre cette dépêche à Votre Majesté. Il a été, sous tous les rapports, fort utile ici, et je crois que personne ne peut mieux instruire Votre Majesté de la situation politique et militaire de tous les Cabinets dont nous avons aujourd'hui si grand besoin. Je supplie Votre Majesté de vouloir bien le rendre porteur des ordres qu'Elle pourrait avoir à me donner. Il est convenable qu'il soit ici avant la fin du Congrès. Et les affaires de l'Allemagne et de l'Italie, qu'il faut terminer, vont si lentement, qu'il arrivera fort à temps pour y apposer sa signature. Je suis, etc.

Vienne, 23 avril 1815.

1 Léopold-Jean-Joseph, prince de Salerne.

No 53.

XCH

Vienue, 1 mai 1815.

SIRE,

M. le baron de Vincent part aujourd'hui pour se rendre auprès de Votre Majesté, et il veut bien se charger de la lettre que j'ai l'honneur de lui écrire.

Murat, en commençant les hostilités, comptait sur une insurrection des peuples de l'Italie, mais il a été complétement trompé dans son attente : dans cette confiance, il s'était avancé jusqu'aux rives du Pò, où les premiers engagements ont eu lieu. Depuis lors il n'a éprouvé que des défaites. Il se retire en toute hâte vers le Royaume de Naples, craignant que sa retraite ne soit coupée par un corps autrichien qui est en Toscane. La dernière affaire dont on ait ici des nouvelles officielles a eu lieu auprès de Césenne, où il a repassé le Ronco, en essuyant une perte considérable. Son armée, déjà beaucoup diminuée par les prisonniers qu'on lui a faits et qui montent à sept mille hommes, diminue encore chaque jour par la désertion. Tout fait espérer que d'ici à peu de temps cette guerre sera terminée. L'avantage de replacer le Roi Ferdinand IV dans ses États ne sera pas le seul que nous procurera la chute de Murat. En rendant disponibles les troupes qui sont employées contre lui,

et en ôtant toute inquiétude sur le maintien de la tranquillité de l'Italie, elle favorisera beaucoup les opérations contre Buonaparte. Elle produira d'ailleurs en France un effet immense, en prouvant à tout le monde que personne en Europe ne veut souffrir ces dominations nouvelles, fondées sur la violence et l'injustice, et que l'on est bien décidé à les renverser'. C'est là le fruit des efforts que nous avons faits pour soutenir le principe de la légitimité.

la

Ce principe est aujourd'hui explicitement reconnu. Un traité 2 vient d'être signé par M. de Metternich et le commandeur Ruffo, ministre du Roi Ferdinand IV, à Vienne. Ce traité stipule les secours que devra fournir la Sicile dans guerre contre Murat. Au lieu de vingt millions que Votre Majesté était dans l'intention de donner pour cette guerre, le Roi Ferdinand, à ce que l'on me dit, s'engage à en donner vingt-cinq. Mes premières dépêches feront connaitre à Votre Majesté toutes les stipulations du traité que je n'ai pu encore avoir sous les yeux.

1 Avant le Conseil, le Roi m'a fait entrer, il s'est levé et m'a dit : Je fais partir le comte de Noailles tout de suite; il faut absolument & que le prince de Talleyrand vienne; je le lui écris; je lui mande que j'ai grand besoin de lui; je désire le voir. Vous savez qu'il m'écrit sur un grand nombre d'objets dont nous traiterons à son arrivée. »

« A ce Conseil, s'est lue une déclaration du Roi, proposée par Pozzo, rédigée un peu par M. de Pradel, revue, touchée et arrêtée par le Roi. Il y a une chose ingénieuse : c'est que le Roi présente comme un acte de sa coopération au traité l'engagement que prennent les puissances de ne pas s'iminiscer dans l'établissement du Gouvernement en France après la chute de Buonaparte. (Jaucourt à Talleyrand, 6 mai 1815.)

2 Voir D'ANGEBERG, p. 1156.

Le prince Léopold des Deux-Siciles part le 4 de ce pour le quartier général autrichien.

mois

Quoique l'affaire de Parme ne soit pas encore arrêtée, l'Empereur d'Autriche a publié une ordonnance par laquelle il prend, au nom de sa fille, l'administration définitive des trois duchés'. Ainsi, Votre Majesté voit que les arrangements à régler par le Congrès s'exécutent avant d'être convenus, ce qui ne vaut rien, mais ce que nous n'avons pas la puissance d'empêcher.

Les troupes autrichiennes et russes continuent leur marche. Le quartier général du prince de Schwarzenberg est à Heilbronn, dans le pays de Wurtemberg, et luimême est parti hier d'ici pour s'y rendre, en passant par la Bohême, où il ne s'arrêtera que peu de jours.

Les arrangements avec la Bavière, que j'avais annoncés à Votre Majesté comme étant terminés, mais qui n'étaient pas signés, après avoir donné lieu à de nouvelles discussions, viennent enfin d'être convenus. Toutefois ils ne le sont qu'éventuellement. Ils ne seront définitivement arrêtés qu'après la guerre, parce qu'étant subordonnés à des négociations avec les Cours de Bade et de Darmstadt, qui doivent faire des cessions à la Bavière et être indemnisées à la gauche du Rhin, ces Cours ne veulent pas accepter en ce moment des dédommagements que les chances de la guerre, si elle était malheureuse, pourraient leur ôter.

Le général Walterstorff, ministre de Danemark, doit partir après-demain pour se rendre auprès de Votre Majesté.

1 Parme, Plaisance et Guastalla.

Il est, ainsi que M. de Vincent, accrédité aussi comme commissaire près le duc de Wellington.

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Mon Cousin, j'ai reçu par M. de Noailles votre numéro 52. Je joins à cette dépêche la proclamation que je vais publier, et dont je me flatte que les Souverains seront aussi satisfaits que l'ont été les ministres résidents auprès de moi. Mais cet objet, quoique important, n'est pas celui qui l'est le plus. Il est un autre point dans votre dépêche qui a été, depuis que je l'ai reçue, et qui ne cesse pas d'être le sujet de mes plus sérieuses réflexions; pour achever de le résoudre, j'ai besoin de sages avis, et ce n'est pas par écrit qu'on peut les donner. Je vous ai mandé de venir me joindre aussitôt que vous auriez en mon nom signé l'acte final du Congrès; mais je me sens aujourd'hui plus pressé de vous revoir. Ainsi donc, à moins que cette signature ne dût vous retarder de deux ou trois jours au plus, partez sans

que

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