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digne, le plus plaisant, le plus delectable et le plus parfait. Cest celle qui fait les roys regner, les princes dominer, les royaulmes eslever et entretenir et les vrays juges selon les sainctes lois clerement congnoistre et justement juger. Par elle est lhomme fait amy et prochain de Dieu qui est ung tresor infiny. Aussi par elle il est conduyt et mene au royaulme eternel auquel il a vraye fruition et congnoissance de la haulte divinite. Et pour ce lit on que Saloinon auquel Dieu octroya telle requeste quil vouldroit demander, ne demanda point a Dieu richesses terriennes, longue vie, ne autre prosperite mondaine, mais requist et demanda seulement a Dieu le don de Sapience, congnoissant que par icelle il pouvoit dominer les choses terriennes et finablement parvenir a la gloire eternelle. Le quel don il obtint, et moyennant icelle fut plus grant que tous les autres roys qui avoient ete devant luy, ainsi quil est recite au troisiesme chapitre du tiers livre des rois. Lhabitude et conversa_ tion de Sapience na en soy ne fiel ne amertume, mais toute doulceur et joyeuseté. Et de tant que plus on si arreste et frequente. tant plus on desire a plus y demourer et la frequenter, comme est escript au VIII chapitre du livre intitule Sapience. Pour lesquelles choses confermer, dit sainct Gregoire au premier chapitre du second livre de ses Morales. Que la Saincte Escripture et estude des choses passees est comme ung miroir auquel nous pouvons speculer et mirer notre face, y apercevoir et congnoistre les macules et taches qui lordissent et effacent. Par opposite y pouvons veoir les beaultes et dons de grace se aucuns en avons qui nous decorent et embellissent. Car en lisant ou racomptant les hys

toires nous pouvons veoir a quelle fin les ungs et les
autres par mal ou bien faire sont parvenus,
laquelle chose nous peult inciter et donner

couraige et aymer vertu, fuyr vices,

craindre et eviter obprobres et

reproches, et en la fin obtenir le

royaulme de paradis, au quel

veuille vous conduire

le Pere, le Fils et le

Sainct Esperit.
Amen.

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CY COMMENCE

LA TRES CURIEUSE ET CHEVALERESQUE

HYSTOIRE

DE LA

CONQUESTE DE NAPLES

PAR CHARLES VIII,

COMMENT LE TRES CHRESTIEN ET TRES VICTORIEUX ROY CHARLES HUICTIESME DE CE NOM A BANNIERE DEPLOYEE PASSA ET REPASSA DE JOURNEE EN JOURNEE DE LYON JUSQUES A NAPLES ET DE NAPLES JUSQUES A LYON.

CHAPITRE PREMIER.

Du roy Charles VIII et de la deliberation de la conqueste de Naples, el du nombre des gens qui y furent envoyes de part le roy.

N lan mil quatre cens quatre vingts et trois, le roy Loys XI* de ce nom trespassa le trentiesme jour daoust, parquoy luy succeda Charles son fils unique, et ne avoit que douze ans

quand il commenca a regner et fut le

cinquante et cinquiesme roy de France. Il fut mene a

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* Louis onziesme vray patron et exemplaire d'un roy vrayement héroïque, celui qui a estaint les seditions en son royaulme, qui delayant a

Reims et sacre et enoingt comme la coustume est de faire aux roys de France, au quel sacre furent les princes et seigneurs de France pour luy tenir compaignie et le servir chascun selon son office.

Laquelle chose fut faicte solemnellement et de bon accord.

Apres le dict sacre fut mene a Paris ou il fit son entree, et monstrant chascun jour avoir bon zele et affection a la chose publique et a la tres noble couronne de France dont il estoit descendu.

Le roy fut en sa jeunesse si saigement instruict et gouverne, quil a este tousjours bon catholique et ayme du peuple, ce nest pas de merveilles, car monseigneur et ma dame de Beaujeu lavoient eleve en gouvernant ensemble le royaulme. La dícte dame estoit sa sœur fille du roy Loys XI. Ceste dame estoit plaine de vertu, saige et discrete, miroir resplendissant, hardie en couraige, prudente en conseil, subtille en ses faicts et benigne a chascun. Plusieurs ordonnances furent faictes au royaulme au proufit du bien public. Et apres ce faict luy print vouloir daller conquerir son royaulme de Naples lequel luy appartenoit, parquoy fut delibere de aller a la conqueste

rompu les forces de ses ennemis, et qui par le moyen d'un de ses envieux a chastié les autres. Ce roy Louis, disje, quelque excellent quil ayt esté, quelques conquestes quil ayt faict, a plus obligé la France a sa vertu par le successeur quil a laissé que par la grandeur de ses gestes : veu que la France, pour le peu de temps quelle a eu le bien destre regie par ce bon et juste prince, ne fut onc plus glorieuse, crainte et estimée que lorsque Charles huictiesme a porté le sceptre et couronne de nos roys.

(Histoire des neuf roys Charles de France, page 340.)

du dict royaulme en mettant ordre en France et es pays a lenviron affin que les ennemys ne les prinsent a pied leve. A quoy le roy ordonna et fist monseigneur Pierre duc de Bourbon regent en France a cause quil estoit homme sage et prudent et avoit le temps passe bien gouverne le royaulme.

CHAPITRE II.

Comment le roy ordonna son armee a Lyon sur le Rosne.

E roy commenca a marcher droit a Lyon sur le Rosne pour conclure et ordonner avec les gens de son conseil de tout son affaire, et apres la conclusion prinse le roy ordonna son armee en ceste maniere et facon *. Cest assavoir monseigneur le Vidasme capitaine des

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* On lit dans l'ouvrage de Jaligny place a la teste de celui de Godefroy, d'apres un extrait d'une histoire de France manuscripte, le passage suivant :

<< Charles VIII étant à Lyon en 1493. Il fut si frappé des dons et entre" prises et celle du voyage de Naples en particulier. Les jeunes gens « qui étaient autour de lui, y lisons-nous, et qui desiraient fort que ce « voyage se fit, ne cessaient de lui en parler; monseigneur le duc d'Or« léans le conseillait de tout son pouvoir, aussi faisait l'évêque de Saint<< Malo, Guillaume Briconnet, cardinal qui avait alors un grand crédit sur le roi. >>

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(Ordonnances des rois de France, tome 20, page 448, note de M. le

marquis de Pastoret.)

cent gentils hommes a la manche large. Monseigneur de Myolans gouverneur du Daulphine et capitaine des cent autres gentils hommes et des arbalestriers. Monseigneur de Cresol capitaine des deux cens archiers de la garde francoise. Le capitaine Claude capitaine des cent archiers de la garde dEscosse. Item plusieurs grans seigneurs du sang royal et chambellans et autres gens du conseil qui partirent avec le roy. Sensuit larmee par terre, hommes darmes trois mille six cent. Archiers a pied six mille deux cent. Arbalestriers a pied huyt mille. Piques longues huyt mille. Le seigneur Ludovic deux mille quarante. Pierres grosses cent quarante. Bombardes mille deux cent. Dastardeurs six mille deux cent. Maistres pour habiller lartillerie deux cent. Maistres charpentiers six cent. Maistres pour abattre murailles trois cent. Maistres pour pierres de fonte neuf cent. Maistres pour faire charbon deux cent. Maistres pour faire cordes six vingts. Chevaulx pour mener lartillerie huyt mille. Chartiers quatre mille.

AUTRE ARMEE PAR TERRE.

Monseigneur de Serve quarante lances. Monseigneur de Monfaucon quarante lances. Monseigneur Robert de la Marche trente lances. Le mareschal de Baudricourt soixante lances. Monseigneur de Guise quarante lances. Monseigneur de Chande trente lances. Monseigneur de Mauleon cc lances. Monseigneur Aymart de Poye xxv lances. Monseigneur de Camicam xxxv lances. Le capitaine Odet vingt lances.

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