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Le baron Garofalo distingue les criminels en délinquants instinctifs et en délinquants fortuits les premiers étant caractérisés par l'absence du sens moral et la toute-puissance des instincts égoïstes; les seconds, par une faiblesse organique, une impossibilité de résister aux impulsions provoquées par le monde extérieur.

IV

« Une collectivité humaine, dit Lacassagne, est une agrégation d'individus dont le système nerveux est différent et qui n'a pas évolué de la même manière.

« Ce sont ces variétés qui constituent les couches sociales. Comment les distinguer? Ce ne sera pas par la position, la richesse, l'instruction, mais par les manifestations de leur existence cérébrale. L'homme aime, pense et agit :

de là des distinctions par la prédominance ou des sentiments, ou de l'intelligence, ou de l'activité.

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D'après la localisation qui a été faite de chaeune de ces trois facultés, nous distinguons les couches sociales en frontales, pariétales, occipitales.

<< Ces dernières sont les plus nombreuses : elles sont composées d'instinctifs. Les couches supérieures ou frontales sont les plus intelligentes. Dans les couches pariétales, on rencontre souvent les individus d'activité, de caractère, les impulsifs.

« A cette division répondent trois grandes catégories de criminels : les frontaux, les pariétaux, les occipitaux. C'est parmi les criminels de pensée qu'on rencontre les criminels alienės.

« Les criminels d'actes sont les criminels par impulsion ou par occasion. C'est sur eux que peuvent avoir quelque influence les châtiments et les peines.

« Les criminels de sentiments ou d'instincts sont les vrais criminels, les insociables par l'énergie et la fréquence des manifestations des instincts les plus égoïstes.

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V

Cette classification est sans contredit la plus scientifique et la plus rationnelle de toutes celles • qui ont été proposées. Mais c'est peut-être parce qu'elle est trop savante que, dans bien des cas, elle est difficilement applicable dans la pratique. Bien qu'arrivant à des conclusions à peu près identiques, le D Émile Laurent s'écarte un peu, dans sa classification, de son chef d'école. La classification de Lacassagne est celle d'un savant qui synthétise; celle d'Émile Laurent, d'un clinicien qui analyse. Il fait une catégorie à part des vagabonds et des mendiants, qu'on rencontre en si grand nombre dans les prisons et particulièrement dans les prisons de París. Puis il distingue :

1o Les criminels d'accident, ceux chez qui le crime n'est qu'une chose fortuite, un accident malheureux, et auquel tous nous pouvons succomber ceux-là ne sont pas des criminels à proprement parler;

2o Les criminels d'occasion, les gens fardés d'une fausse honnêteté, chez qui le crime est latent et n'attend qu'une occasion favorable

pour se produire : ce sont eux qui, grâce à leur habileté et à leur audace, échappent le plus facilement au châtiment et peuvent vivre heureux et honorés, malgré leurs méfaits;

3o Les criminels d'habitude, ceux qui font le mal presque naturellement, comme certaines gens font le bien : ce sont eux qui fournissent le plus lourd contingent à l'armée du crime et qui composent la population fixe des prisons;

4° Les dégénérés criminels, héréditaires de toutes sortes, épileptiques, hystériques, alcooliques, débiles, détraqués et névropathes de toute nuance ce sont eux qui constituent la majorité des criminels impulsifs, et qui com mettent ordinairement ce qu'on est convenu d'appeler les crimes passionnels il y a chez eux rupture de l'équilibre cérébral, et la raison se laisse entraîner par les passions et les instincts;

5° Les fous moraux et les criminels-nės ne constituent qu'un genre de la classe précédente: ce sont des héréditaires dégénérés qui font instinctivement le mal; ils naissent avec le vice dans le sang, et vont au crime avec la fatalité de la pierre qui tombe; comme les dégénérés criminels, ils tiennent beaucoup plus de l'aliéné que du criminel;

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