disposer par-là à recevoir plus agréa blement fes Mémoires Littéraires, Hif toriques, & Critiques; dans lesquels, s'ils ne retrouvent pas l'Agréable auffi abondamment que dans cet ingénieux Ouvrage, ils retrouveront en récompenfe autant & plus d'Utile. OUTRE que c'eft leur découvrir un Anonime diftingué, c'est leur reftituer un Recueil qu'ils ont plus d'une fois inutilement recherché: & j'ôfe me flatter, qu'ils m'en fauront d'autant plus de Gré, qu'ils y trouveront quelques Piéces intéreffantes, qu'ils ne rencontreroient que fort difficilement ailleurs. Telles font, par éxemple, la Défenfe d'Erafme, contre les Invectives des Journalistes de Trévoux; l'Athéisme découvert par le Pere Hardouin dans les Ecrits de tous les Peres de l'Eglife, & des Philofophes modernes ; la Lettre, qui le fuit, & dans laquelle on expofe & dévelop pe fi bien les étranges Imaginations, & les impraticables Deffeins, de ce fameux Jésuite; & quelques autres Morceaux de pareil 'Caractere. A VIS AUX RELIEURS. Le Titre du Tome II. doit précéder la Page 259. Le Portrait de Codrus doit regarder la même Page 259. Le Portrait d'Erafme doit regarder la Page 336. MEMOIRES LITTERAIRES. ARTICLE I.. Effai Philologique touchant la Science en général, fon importance, &fon véritable but. Ous les hommes ont un défir naturel de devenir éclairés, parce qu'ils défirent naturellement de devenir hûreux, & qu'ils fentent bien que l'ignorance eft la caufe de leurs miféres: auffi tous les hommes travaillent-ils à apprendre quelque chofe, foit par la converfation foit foit par la lecture, foit par la méditation. Cependant entre dix mille à peine en voyons nous un, duquel on puiffe dire avec vérité, cet homme fait parfaitement telle ou telle Science. On parle de tout, on décide de tout, on doute de tout, on mêle la vérité a vec le menfonge, on les confond. C'est une viciffitude de penfées, qui nous emporte tantôt d'un côté, tantôt d'un autre nous afferviffons la raifon à notre tempérament, à la fituation de nos affaires: nous trouvons des raifons pour appuyer nos injuftices & autorifer nos débordemens; la néceffité nous rend quelquefois fages, équitables, mais voyons nous les chofes d'un autre point de vûe, nous en jugeons autrement. Comme prefque perfonne n'eft favant par principe, perfonne auffi n'est par principe vertueux; de maniére que tel qui paffe pour être Pun & Pautre n'eft pourtant qu'un homme très fuperficiel & très chancélant dans la Science comme dans la Vertu. Ce n'eft qu'un homme qui doit beaucoup aux difpofitions de fon cerveau & aux humeurs qui circulent dans fes veines: mais il ne fe doit rien à lui-même; c'eft-à-dire, qu'il n'a rien fait de ce qu'il devoit pour le perfectionner, ou qu'il ne l'a pas fait comme il le devoit faire. Cependant de même que pour aller en quelque lieu on s'informe exactement du chemin qui y mene, de même auffi lorfqu'on fouhaite d'être hûreux, on doit s'inftruire exacte exactement de ce qui peut procurer le bonheur. Si un homme aiant de grandes affaires en quelque endroit, vers lequel il voulût voyager, prenoit fa route à tout hazard en marchant toûjours devant lui, felon qu'il fe trouveroit tourné à certaines heures du matin, qu'en pourroit-on croire? C'eft là l'image, imparfaite encore, de prefque tous les hommes. li n'y a perfonne au monde, dans quelque fituation qu'il fe trouve, qui ne foit extrêmement intéreflé de favoir, s'il cft vrai qu'il foit compofé de deux parties réellement diftinguées entre elles, & fi de ces deux parties, il y en a une périffable, & l'autre immortelle: fi cette partie immortelle, qui eft proprement luimême, lui qui penfe, qui voit, qui entend, qui juge, qui veut, fi lui en un mot a un Créateur, qui après que la partie périffable fera détruite doit juger ce lui, cette partie immortelle, fur l'obfervation des regles que ce Créateur a prefcrites. Si cela eft, quelle néceffité ne voit-on pas de s'affûrer de la connoiffance de ces regles? quelle néceffité n'y a-t-il pas de les pratiquer?,, L'immortalité de ,, l'ame (dit un homme de réputation*) eft A 2 |