les regles fimples qui mettent d'abord dans Pufage, que les raifonnemens profonds qui en expliquent la nature. En effet l'aquifition d'une Langue fe fait plûtôt par beaucoup d'ufage & peu de préceptes que par un long examen des préceptes: mais il faut remarquer que la parfaite intelligence d'une Langue ne s'aquiert que par Pune & Pautre de ces deux chofes ; & c'est à quoi M. Lancelot a toûjours eu égard. Dans toutes fes Grammaires les regles, qui ne font que pour le fimple usage, font toûjours diftinguées des notes, où il approfondit la nature de ces regles & de la Langue dont il traite : & il a foin d'inftruire d'abord de ce qu'il faut apprendre avant que d'entrer dans un examen plus folide. Ainfi l'on peut dire que les Grammaires de Port-Royal font propres à faciliter tout à la fois & l'aquifition d'une Langue & la parfaite intelligence, qu'on en peut avoir. མ. Des Langues Hollandoife La connoiffance de ces deux Langues eft plus utile aux perfonnes qui voya gent gent ou qui font à l'armée, qu'elle në l'eft aux gens d'étude: ce n'eft pas qu'on n'imprime de bons Ouvrages en Hollandois & en Allemand; il fe fait en l'une & en l'autre de ces Langues de fort bons Journaux Littéraires; & les Hollandois fur-tout écrivent quelquefois avec aflez de liberté fur des matiéres importantes: mais cela n'eft pas aflez fréquent pour qu'on doive fe donner beaucoup de peine à apprendre deux Langues difficiles aux François non feulement à caufe des mots & de la prononciation, mais encore à caufe de la maniére de s'exprimer. Ni les Hollandois ni les Allemans ne fe fervent de ce tour d'expreffion qui fuit fimplement la liaison de nos idées, & qui par cela joint naturellement les mots les uns avec les autres felon leurs divers rapports: ils imitent plus le tour figuré du Latin, ces inverfions qui tiennent l'efprit en fufpens jufques à la fin de la phrafe. Je ne connois fur ces deux Langues que de mauvaises Grammaires pour les François une Françoife & Hollandoife de la Grue dédiée à M. le Comte d'Avaux; une autre de Mauger: la prémiére imprimée à Amfterdam chez du Frefne 1684. Pautre imprimée à Utrecht chez J. van Poolfum 1709. On trouve dans la prémiére quelque chofe fur la prononciation, fur les déclinaifons, les conjugaifons, des liftes de mots & des difcours familiers; & dans la der niére on trouve de plus des Lettres Françoifes & Hollandoifes. Il y en a encore une autre petite imprimée chez P. Mortier en 1688. qui a pour titre, Nouvelle Grammaire Flamande, contenant les regles & les fondemens folides, pour pouvoir bien lire, & bien parler cette Langue,tirée avec grand soin &c. elle eft paffable, mais on y a trop épargné les exemples. Pour la Langue Allemande, il y a une Grammaire imprimée à la Haye chez P. Huffon en 1703. in 8. J'en ai eu une autre fois en grand 8. fi je ne me trompe, & imprimée à Strasbourg, dans laquelle la Lan gue Allemande étoit approfondie d'une toute autre maniére que dans celle que je viens de citer. Il eft bon de remarquer qu'il eft facile à quiconque fait une de ces Langues de favoir l'autre; le Hollandois n'eft prefque que l'ancien Allemand; & l'Allemand d'aujourd'hui ne différe pas tant du Hollandois que le Languedocien différe du François de Paris. L La La prononciation de l'Allemand, qui eft plus pur en Saxe & à Francfort fur le Mein que par-tout ailleurs, eft moins difficile aux François que la prononciation du Hollandois. Et comme cette derniére Langue eft moins étendue que l'autre, ceux qui veulent les apprendre pour voyager feront bien de commencer par la Langue Allemande d'ailleurs le fon de celle-ci oft beaucoup plus plein & plus agréable que celui de la Langue Hollandoife. M. Morhof dans fon Polybiftor vol. I. P. 745. fe plaint que la Langue Allemande eft fi fort négligée par ceux mêmes dont elle eft la Langue maternelle, qu'à peine en peut-on trouver quelquesuns qui en connoiffent l'origine: & dolendum quidem eft adeo fegniter Linguam vernaculam à Germanis tractari, ut in tot Scriptorum numero vix aliqui fint, qui origines intelligant. Parmi les meilleurs Livres qu'on ait faits fur cette Langue il cite la Grammaire de Jean Claius, Germana Grammatica fol. Claii, imprimée à Iene 1651. in 12. & le Specimen Obfervationum in Linguam vernaculam de Jean Vorftius publié en 1669. J.B.Thomafini fit imprimer à Paris il y a quelques années fous le titre fuivant une Gram Grammaire qui n'eft pas mauvaise: Triplex Grammatica, theoriam & praxim Lingue Gallica, Germanicæ, & Italicæ complectens, &c. VI. De la Langue Latine. Cette Langue eft du nombre de celles qu'on appelle mortes, parce qu'elles ne font plus les Langues vulgaires d'aucune Nation, & qu'étant fixées dans les Livres, P'ufage n'a plus de prife fur elles; mais on peut dire en un fens qu'elle eft vivante par P'ufage continuel que les Savans en font; de forte qu'on peut fort bien l'appeller la Langue du pays des Sciences. Un grand nombre d'Auteurs ont écrit fur la Langue Latine dans le tems même qu'elle étoit encore vivante Cefar & Varro écrivirent fur fon étymologie, Donat, Sefgius, Fortunatian, ont enfuite parlé de la Grammaire, mais ce qu'ils en ont dit eft fort peu de chofe. Alde Manuce furnommé le Romain, eft je crois le prémier qui prit la peine de faire une Grammaire dans les formes; il y travailla avec fuccès: fa Grammaire eft divifée en 4. parties, dans lesquelles il explique ce qui regarde cette Langue. ปร L 2 foit |