1 La Langue Arabe eft très favante & très énergique, elle eft pleine de tours & d'expreffions figurées, ce qui lui donne beaucoup d'élévation & de force: elle eft très harmonieufe, & fes bons Auteurs augmentent encore fon harmonie naturelle par le foin qu'ils prenent dans leur profe même de varier leurs périodes, d'y mettre une certaine cadence poétique. Le Livre le mieux écrit en cette Langue eft Alcoran : c'est pourquoi Erpenius veut qu'on commence d'abord par ce Livre, & qu'on le life d'un bout à l'autre avec beaucoup de foin & d'application. Velim, dit-il dans la Préface de fes Rudimens, totum Alcoranum à capite ad calcem stndiofè & attentè perlegi, folius Lingua grain eo libro elegans eft, & perfectif fimè confonantibus ac vocalibus, aliifque notis orthographicis expreffa. ERPENIUS Confeille encore à ceux qui veulent parfaitement s'inftruire de la Langue Arabe de bien lire deux Centuries de Proverbes, fur lefquels 7. Scaliger & lui ont fait des remarques; la Géographie Anonyme écrite en cette Langue & imprimée à Florence in 4. PHiftoire des Sarafins, qu'il fit imprimer dans fa propre imprimérie; les Ouvrages d'Avicene tia qua & & les Pfeaumes de David, dont on a une édition in 4. avec les voyéles & une tra duction Latine. Harira, qui a laiffé cinquante piéces qu'il appelloit des Recits, compofés en profe entremêlée de vers & pleins de piété & d'élegance, Mutenabis, dont il eft parlé dans l'Hiftoire des Sarafins p. 220. & fuivantes, Abu'l,ola Commentateur de Mutenabis, font regardés par Golius comme d'excellens Auteurs: les deux derniers font deux Poétes. Abu'l,ola a fait entre autres Ouvrages un Poéme composé de plus de dix mille vers, où il traite des chofes fpirituelles, de la vanité & du mépris des terreftres on dit de lui ce qu'on a dit &'Homére, qu'il étoit aveugle. Il n'eft pas hors de propos de remarquer que les Rudimens d'Erpenius font dans la prémiére édition imprimés de forte que ce qui feroit le dernier feuillet felon notre ufage ordinaire devient le prémier; & qu'à la fin on trouve un Catalogue de plufieurs Livres Arabes de diverfes impriméries, & que ni l'une ni l'autre de ces deux chofes ne fe voit dans la feconde édition de ces Rudimens. J'ajoûterai qu'on remarque que la Langue Arabe a plufieurs mots qui lui font com communs avec la Françoife, tels que font مخزن و acheter, اشتري, alet,وال magafin,, chemife, &c. IX. De la Langue Hébraïque. Rabin Saadias Haggaon eft le prémier qui a travaillé sur la Grammaire de cette Langue; mais tout ce qu'il a fait, de même que fix autres qui avec lui ont précedé fuda Hing, eft fi défectueux, qu'on peut dire que ce fuda Hing eft le prémier Grammairien Juif: il a donné une excellente Grammaire, dont on trouve une espêce d'Extrait dans le prémier livre de l'Hiftoire Critique du Nouveau Teftament chap. XXXI. on trouve auffi dans ce chapitre l'Extrait d'un ma nufcrit touchant les Grammairiens de cette Nation. Après Rabin Juda Rabin fona eft le plus célébre, cependant les Ouvrages de P'un ni de l'autre ne font pas encore im primés cela vient fans doute de ce qu'aben-Efra, dont les deux livres de Grammaire font les prémiers qui foient fortis de deffous la preflè, fuit la métho de de de fuda & de fona, & les copie prefque toûjours, quoiqu'il les perfectionne quelquefois. Rabin David Kimhi Efpagnol, qui a écrit enfuite, a été le plus fuivi de tous les Grammairiens Juifs, Alting dans fes Fundamenta punctationis l'appelle Lingua fan&ta Hebræorum Grammaticorum princeps: ce titre aiant apparemment trompé un de M. M. les Journalistes de Paris eft caufe, qu'on n'a pas fait difficulté dans l'Extrait d'une nouvelle édition du Livre de 7. Alting de dire, que R. DAVID KIMHI fut le prémier qui compofa une Grammaire Hébraïque, à laquelle il donna le nom de Michol, c'est-à-dire, perfection. M. Simon affûre, qu'Elias Levita Juif Allemand eft le plus favant Critique des Juifs, qu'il a tous furpaffés dans l'Art de la Grammaire. Le même M. Simon recommande fort un Traité de cet Auteur, intitulé Mafforeth Hammasforeth, où il explique en favant Critique les difficultés de la Maffore. Les Grammaires Hébraïques, que les Chrêtiens ont compofées, font infiniment plus parfaites; aux connoiffances, qu'ils ont puifées dans les Ecrits des Rabins, ils ont ajoûté une méthode claire & fuivie, ce qui répand beaucoup de jour fur une Lan gue, que la maniére de l'écrire & l'éloig nement des tems ont rendue fi obfcure, qu (au dire des plus favans Critiques*) il eft impoffible de la favoir parfaitement & avec une entiére certitude. François Tiffard, Docteur ès Loix & Profeffeur de l'Univerfité de Paris, le prémier qui a fait imprimer en France des Livres Grecs, eft auffi le prémier qui y a fait imprimer une Grammaire Hébraïque. Cette Grammaire eft un petit in 4. fans chifres & fans reclames, & feulement avec des lettres fignaturées au bas des pages: ces lettres vont depuis l'A jufques à l'Y. Elle parut fous les aufpices & par l'exhortation de François I. encore en ce temslà Duc de Valois. M. Chevillier dit à la page 290. de l'origine de l'Imprimérie, que les caractéres Hébreux en font fort imparfaits & très malformez. J'ai confronté ces caractéres avec d'autres de ce tems-ci mais je ne les ai point trouvés comme M. Chevillier, au contraire ils m'ont parû mieux formés que les notres d'apréfent: la différence eft, que les caractéres Hébreux de la Grammaire de Tiffard font une * R. Simon Hist. Crit. du V. Teft. M. Masson Hift. de la Républ. des Lett. Tom. 2. & fuiv. |