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monotonie d'une destinée toujours la même. C'est l'histoire de leurs temps fabuleux, le mythe de leurs temps historiques, car pour elles, le bien, le grand, le beau, appartiennent au passé, et lorsque dans leur pensée elles essaient de réformer le présent, leurs améliorations toutes rétrogrades se résument dans un immense effort pour remonter le fleuve des siècles; ce n'est pas ainsi que les chrétiens comprennent le progrès, et nous allons dire pourquoi.

(La suite à un prochain numéro.) C. DE COUX.

COURS DE PHILOSOPHIE
DU DROIT.

SIXIÈME LEÇON.

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1° Du droit ecclésiastique; - 2o du pouvoir ecclésiastique,

législation temporelle sont remplies, les | sociétés parvenues au dernier terme de leur perfectionnement deviennent stationnaires ou commencent à déchoir. Si l'esprit de conquête, comme à Rome, ou de prosélytisme avoué, comme chez les Musulmans, est une de leurs tendances nécessaires, l'énergie qui est en elles s'amortira moins vite; mais leur développement par la force brute sera plutôt la preuve de leur vigueur interne qu'une véritable amélioration. Le succès les épuisera et elles périront étouffées sous le poids de leurs lauriers, car la civilisation perdra en moralité ce qu'elle gagnera en éclat, et les nécessités d'une position que les prévisions de leur culte n'avaient pas embrassées, amèneront enfin une décomposition générale de tous les élémens sociaux. Elles périront dès qu'elles n'auront plus d'ennemis à vaincre; ou bien la victoire elle-même, après les avoir amollis, finira par les abandonner, et leur civilisation toute grossièr s'éteindra dans une dernière défaite, ou expirera au sein d'une p ix incompatible avec sa nature. L'histoire atteste l'imperfectibilité radicale de toutes les sociétés formées en debors du Christianisme, et toutes ces société, sans une sele exception sont, ainsi que nors le verrons plus tard. de véritables theocraties; l'impuissance du progrès, (si ce n'est dans la mesure si restreinte que nous avons indiquée), qui les caractérise est telle que la nature même du progrès leur est inconnue. -En effet, leur plus belle période est toujours la première; c'est celle où la société civile reproduit le plus nettement la société spirituelle, l'époque où l'ordre légitime théocratique est en pleine harmonie avec les choses et les événemens du monde extérieur; mais à mesure que les siècles s'écoulent , que les relations s'étendent, que les intérêts matériels changent, cette harmonie s'affaiblit et l'in-à-dire aussi loin que la portée de l'esprit flexibilité d'un ordre légal formulé par humain en général. C'est ce que l'on exle culte, irrite, fatigue ou paralyse prime communément en disant que les peuples. La mort, avec les angoisses et l'Eglise a le Saint-Esprit, et c'est ce qui les infirmités de la vieillesse, est au bout fait, qu'elle ne traite plus le dogme de leur avenir, et elles en ont cons- comme un dépôt scellé qu'elle ait seulecience; de là les âges d'or, d'argent, dement à transmettre intact de génération plomb et de fer que reproduisent les Annales de ces nations, avec l'accablante

I. Du pouvoir d'enseignement.

L'Eglise. avons-nous dit, représente l'union intime de l'humanité avec Dieu, telle qu'elle a été rétablie par le Christ, sous le triple rapport de l'esprit, de la nature et de la volonté. Si cela est vrai, une conséquence qui en découle d'ellemême, c'est que l'Eglise, unie en esprit avec Dieu, doit avoir de Dieu et de sa volonté une connaissance intime et vivante et aussi complète que l'esprit fini de l'homme peut la comprendre. Car, s'il y a union, l'esprit de l'Eglise est en même temps l'esprit de Dieu, la conscience intime qu'elle a d'elle-même implique en même temps sa conscience de Dieu, et sa connaissance de Dieu va aussi loin que son union avec lui, c'est

en génération; qu'elle s'attribue le droit de l'expliquer, de le développer et de le

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déterminer librement de son propre | sons effectivement que ce qui a revêtu là mouvement et de sa propre autorité, forme de nos propres pensées, ce qui Sans l'union intime avec Dieu, opérée est devenu pour ainsi dire une partie de dans la personne du Christ et par sa nous-mêmes. Toute connaissance de Dieu médiation, ce serait une prétention into suppose donc de notre part union avec lérable sans doute que celle de l'Eglise, Dieu, et cela par la médiation du Christ de vouloir nous enseigner toute vérité et du Saint-Esprit; car nul ne peut conrelativement à Dieu, son essence, naître Dieu, si ce n'est par le Fils de volonté et nos rapports avec lui, et Dieu; c'est le Fils qui voit se réfléchir le d'exiger que nous admettions comme le Père et qui le manifeste. Il est uni aų vrai tout ce qu'elle nous enseigne par la Père par le Saint-Esprit et c'est dans seule raison que c'est elle qui le dit. l'union du Saint-Esprit qu'il manifeste Mais le grand acte de la médiation de le Père. C'est donc dans la même union Jésus-Christ, sur lequel reposent notre du Saint-Esprit que nous connaissons foi et toutes nos espérances, une fois Dieu, mais toujours par le Fils. Il n'y a admis, ce droit ou cette faculté de l'E- que ceux dans lesquels demeure le Fils glise en est une conséquence tellement que le Saint-Esprit unisse de connaisrigoureuse, que, pour rester conséquent sance avec le Père, et on ne peut partien la rejetant, il faut, comme le font ciper au Saint-Esprit qu'en participant tant de sectes protestantes de nos jours, au corps de Notre Seigneur Jésus-Christ. nier le Christ même, renoncer à toute Car c'est par l'incarnation du Verbe que connaissance certaine de Dieu, et avoir, nous avons reçu le pouvoir de devenir pour connaître sa volonté, recours. fils de Dieu. comme les anciens, aux prophètes ou C'est le Verbe qui s'étant fait chair et aux oracles. Car, si l'esprit de Dieu étant venu habiter en nous, nous à renn'habite pas au milieu de nous, s'il ne dus capables de recevoir le Saint-Esprit, demeure pas dans l'Eglise, il est évident c'est lui qui nous l'a apporté. Ceux dans que nous ne pourrons recevoir de com- lesquels il habite forment l'Eglise qui municat ous de Dieu que par des inspira- | est son corps et dont il est l'âme. Le tions momentanées, par des excitations | Saint-Esprit n'est dans l'Eglise que parce passagères d'organes extraordinaires, et que ces communications, loin de nous apporter quelque enseignement sur l'essence et la nature de Dieu et des choses divines, devront se borner à nous ma-nifester ses volontés, à promulguer ses La garantie, la preuve extérieure et commandemens. La raison en est simple, visible de cette union de l'Eglise avec le c'est que, plus que cela, nous ne pour- divin Verbe et le Saint-Esprit, le signe rions le comprendre. Pour comprendre auquel nous devons la reconnaître comles vérités révélées par l'esprit de Dieu, me étant vraiment le corps et la demeure il faut participer soi-même au Saint-Es- du Christ, c'est son unité. Unité dans le prit; cela est évident. Supposez une temps par la tradition, unité dans l'esœuvre d'esprit quelconque, même hu- pace par son organisation sociale, unité maine, placée devant vous, Ou vous la d'action, à travers le temps et l'espace, saisirez dans le sens et l'esprit de celui par la communion et le lien intérieur de qui l'a produite, ou bien, prise seulement la charité. C'est aussi par cette unité dans votre sens et à votre guise, elle parfaite que la vérité dont elle est dépocessera d'être la même ceuvre, elle de sitaire devient pour elle l'objet d'une viendra la vôtre. Sans participation au conscience certaine, claire et détermiSaint-Esprit, il n'y a done point de connée. La contradiction au contraire et le naissance de Dieu possible, il n'y a pas de doctrine divine.

Tout acte de connaissance est un acte d'union de celui qui est connu avec celui qui connaît; car nous ne connais

|

qu'elle est la demeure du Fils de Dieu, et il n'y a donc que ceux qui font partie du corps de l'Eglise et qui par là sont unis avec le divin Verbe qui puissent participer au Saint-Esprit.

défaut d'unité sont toujours les marques de l'erreur. Là où il y a doute, il y a obscurité et incertitude. C'est le contraire de l'état de grâce et de liberté. Ceux donc qui s'élèvent contre l'unité de l'E

glise et qui réclament la liberté du doute, | mort, que Dieu vienne s'unir à lui et

rétablir cette harmonie primitive de son être sans laquelle il est impossible qu'il vive. Voilà pourquoi l'œuvre entière du salut repose sur l'incarnation du Verbe et sur le triomphe de Notre Seigneur qui, par sa passion et sa résurrection, a sub

s'abandonnent nécessairement à l'erreur et se dévouent pour ainsi dire à rester à jamais des esclaves dans le domaine des choses spirituelles. C'est donc l'Eglise qui, par son unité, garantit à chacun de nous la possession entière et paisible de la vérité et qui puise dans sa cons-jugué la mort et lui a arraché son aicience intime, par l'inspiration du SaintEsprit, la notion du vrai dans les choses divines et détermine ce que nous devons croire, ce que nous pouvons connaître comme révélation ou non. Voilà ce que l'on appelle le pouvoir d'enseignement.

II. Du pouvoir d'administration des Sacremens et des choses saintes.

De l'unité et de l'harmonie des élémens constitutifs de notre être, du corps, de l'âme et de l'esprit, dépend la vie et l'existence de l'homme. Cette unité, cette harmonie dépend elle même de notre union intime avec Dieu, de notre fidélité à représenter son image (1).

Nous avons vu dans une des leçons précédentes comment, en se séparant d'intention avec Dieu, l'homme s'est livré tout-à-coup à un combat interminable avec lui-même, privé de sa similitude primitive avec son auteur, et par là même voué à la mort. Pour l'homme tombé, pour la créature déchue, il n'y a donc qu'une voie de salut, qu'un moyen de récupérer la vie qui lui échappe, c'est d'obtenir, en combattant l'égoïsme qui le pousse au néant et le conduit à la

(1) Vivre, c'est agir, se manifester à l'égard d'un autre. La vie suppose donc toujours la correspondance ou l'accord de deux êtres par l'entremise d'un tiers. C'est ainsi que la nature vit dans l'esprit par lequel elle devient manifeste moyennant la connaissance qu'il prend d'elle; que l'esprit vit dans la nature, parce que c'est par elle qu'il se manifeste, et que l'homme vit également dans l'une et dans l'autre en servant de médiateur à leur action récipro

que, et se manifestant à son tour dans chacune de ces deux régions en qualité de pouvoir ou de volonté. Mais comme cette action réciproque des trois régions de l'univers ne subsiste que par leur unité, et que d'un autre côté cette unité ne peut subsister que par une communauté de tendances dans leur ac

tion, il est évident que ce n'est qu'autant qu'elles tendent ensemble vers Dieu, et cherchent à le manifester par leur action, qu'elles peuvent rester nnies et que la vie peut demeurer en elles.

guillon. Car la créature qui en se séparant de Dieu, l'être par excellence, se jette, autant qu'elle le peut, dans le néant, développe par cette soif d'ellemême que nous appelons l'égoïsme, véritable puissance de mort qui, comme un aiguillon vengeur, la pousse sans relâche en dehors des conditions de la vie.

une

L'extirpation de cette tendance au néant, de cet aiguillon devenu inhérent à la nature humaine, est donc la condition absolue du salut et elle ne peut s'obtenir que par la réunion avec Dieu. Cette union n'ayant pu et ne pouvant encore s'effectuer que par Dieu même, par le Verbe qui est le médiateur de toutes les manifestations divines, il faut absolument que nous obtenions une part en Jésus-Christ, que nous soyons unis à lui, pour avoir part à la vie et au salut qu'il est venu reconquérir au monde : et comme la vie ne consiste que dans l'unité et l'harmonie des divers élémens de l'être, il faut bien que nous soyons unis à lui, non seulement d'esprit et d'intention, par la foi et la volonté, mais aussi du côté de la nature et du corps avec lequel nous devons être ressuscités comme il est ressuscité lui-même. Telle est la raison fondamentale des purifications et des bénédictions dans tous les cultes, ainsi que la doctrine des sacremens dans l'Eglise chrétienne.

Il est vrai que c'est à la volonté de l'homme qu'a d'abord été commis.tout son destin, et que c'est d'elle encore que tout dépend aujourd'hui. Cependant si cette volonté pouvait et devait, dans l'état primitif, maintenir en nous l'unité de l'être, cette unité une fois perdue, il n'a plus évidemment dépendu de notre volonté de la rétablir au contraire, les divers élémens de notre être exerçant, par suite de leur union même, une influence réciproque les uns sur les autres, de sorte que tout acte de notre volonté est au fond un acte triple,

résultant du concours d'un raisonne- | données; parmi celles qui devaient serment, d'un mouvement de la nature et d'une détermination de l'âme ; il est évident que la nature et la tendance de nos facultés et inclinations physiques est, pour la détermination de notre volonté, au moins aussi importante que celle de nos idées et de nos convictions.

Il est donc nécessaire aussi que nous soyons unis à Jésus-Christ corporellement et du côté de la nature, et qu'au lieu des désirs égoïstes et charnels de notre nature déchue nous recevions de lui des désirs spirituels et qui nous portent à nous abandonner à Dieu, afin que nous soyons réellement à même d'effectuer de concert avec lui l'œuvre de notre salut. Tel est le but des sacremens, et c'est pour cela que l'Eglise les nomme des signes visibles de grâces invisibles.

Le but et l'esprit de la religion exigent donc :

vir d'aliment à cette vie dont il était entièrement redevable à Dieu; et en place du sang coupable qu'il eût dû avant tout répandre devant Dieu en renonçant à cette vie matérielle qui n'était que le résultat du péché et qui résidait dans le sang, il a fallu qu'il versât le sang de quelque autre créature dont l'existence physique ne fût point en ellemême une offense au Créateur, une infraction à sa loi (1). De là les sacrifices et surtout les sacrifices sanglans de l'ancien monde.

Le but et l'esprit de la religion exigent: 2° Que Dieu descende jusque dans la région de la vie corporelle ou naturelle de l'homme, et qu'il lui communique la vie divine, même par la voie de la production des formes et des forces du corps, c'est-à-dire par la voie de la nutrition ou de l'alimentation corporelle. Or, ce n'est que par un acte d'abdication, de renonciation à elle-mème, que la créature peut solliciter Dieu à descendre en elle, à la remplir de sa présence, à la bénir ; ce n'est qu'en s'anéantissant elle-même, qu'elle peut provoquer Dieu à se manifester en elle. Voilà pourquoi c'est tou

à entrer en rapport avec Dieu, croyant que Dieu venait prendre possession dé la victime et par elle se communiquer aux hommes. Voilà pourquoi on a toujours mangé de la chair des victimes, croyant par là établir une sorte de communauté d'existence avec la divinité et se sanctifier intérieurement, tout comme croyait se purifier en se lavant dans leur sang. Le sacrement de l'Eucharistie

on

1° Que l'homme se dévoue et s'abandonne à Dieu, avec renonciation absolue à toute existence égoïste, à toute préten tion d'exister pour soi, même quant aux élémens matériels de son être et à sa nature physique. C'est là le sacrifice. Dans l'acception la plus vaste du mot, le sacrifice n'est autre chose que l'abdica-jours par les sacrifices que l'on a cherché tion de soi-même, par rapport à un autre. C'est ainsi que les relations du Fils de Dieu avec le Père sont un sacrifice perpétuel, le Fils ne voulant et n'opérant jamais que la manifestation et la glorification du Père; c'est encore ainsi que le sacrifice est le premier devoir de la créature, comme image du Fils, dans ses rapports avec le Créateur, et que primitivement toute l'existence, la vie entière de la créature n'a pu et n'a dû être qu'un sacrifice continuel. Mais l'homme déchu n'a pu dorénavant se dévouer tout entier à Dieu qu'en renonçant à la vie matérielle qu'il avait acquise par sa chute, en se vouant à la mort, et lors même qu'il se fut voué à la mort, son sacrifice ne pouvait être agréable à Dieu, puisque ce n'était point une hostie sans tache, une créature qui ne reproduisit que l'image de la bonté du Créateur, qu'il offrait à l'auteur de son existence. Il a fallu donc qu'il se fìt remplacer par quelque créature innocente, choisie parmi celles que Dieu lui avait

l'homme, telle qu'elle était devenue par la chute, (1) Quand je dis que l'existence physique de

était en elle-même une offense au Créateur, je ne crois pas devoir craindre que l'on m'accuse de manichéisme. Je suis loin de prétendre que la chair soit méchante en elle-même; mais la création s'élevant par degrés jusqu'à l'unité d'esprit et de volonté avec Dieu, la créature intellectuelle qui, au lieu de se tenir à son poste et de se montrer fidèle à sa mission, se jette au contraire dans les sphères inférieures de l'être, et s'abîme dans la vie purement animale, ne peut qu'offenser les yeux du Créateur à la place qu'elle s'est faite. C'est dans ce sens que je dis que l'homme charnel est, par sa nature physique même, une offense au Créateur.

remplit les deux conditions que nous venons d'indiquer. C'est l'hostie sans tache, c'est l'homme sans péché qui s'immole pour ses frères, qui est offert en holocauste par eux pour l'expiation de leurs péchés; c'est le Dieu miséricordieux qui vient s'identifier avec ses créatures, qui s'incorpore à la nature pour les alimenter de la vie divine et leur implanter le germe impérissable de la régénération et d'une sanctification parfaite.

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Le sacrement de l'Eucharistie est donc le premier des sacremens et la source de tous les autres. Il forme le point central de la vie et de l'action de l'Eglise, et l'Eglise, à qui il appartient de représenter les relations de l'homme avec Dieu, n'est pas seulement l'organe par lequel cette incorporation perpétuelle du Verbe divin a lieu, mais c'est là même sa fonction la plus essentielle, l'acte vital dont dépend toute son existence. Si cette proposition avait besoin de quelque preuve ou de quelque explication, il suffirait de jeter les yeux sur ce que nous avons développé dans les leçons précédentes et surtout dans la dernière. Nous disions dans celle-ci, que l'Église est le seul organe des communications divines, et que le mo te le plus sublime, le degré le plus élevé de ces communications, c'est la manifestation et l'action de la Divinité dans la personne humaine et par les fa- | cultés de l'homme même. Or, si une telle manifestation de la Divinité put jamais être reconnue comme nécessaire, c'est assurément alors qu'il s'agit de la perpétuation du grand acte de l'institution de l'Eucharistie, de la répétition des paroles divines par lesquelles JésusChrist, transformant le pain et le vin, fit de sa chair et de son sang le monument et le ciment de la nouvelle alliance. Jésus-Christ voulant de la sorte rester avec les siens et devenir pour eux, en s'identifiant avec leur propre nature, une source intarissable de forces sanctifiantes et régénératrices, dut nécessairement se créer dans l'humanité des organes, qui, unis à lui par la manducation même de l'Eucharistie et la force du Saint-Esprit, doués de ses vertus divines et sanctifiantes, et transformés en conducteurs pour ainsi dire de ses in

fluences surnaturelles, et en porteurs de sa parole créatrice, fussent à même de transmettre aussi à d'autres les forces et les pouvoirs dont ils étaient devenus les dépositaires. C'est de la sorte Notre Seigneur lui-même qui, incorporé à son Eglise, répète journellement par la bou che du prêtre les paroles de la première institution; et certes s'il est vrai que le but et la tâche de l'Eglise soient de nous obtenir le vie éternelle par la participa tion, même corporelle, à la vie du Christ, il faudra bien reconnaître dans l'accomplissement de cet acte de la production du corps et du sang de Notre Seigneur, la fonction centrale et fondamentale de son Eglise. S'il est vrai que l'Eglise ait à représenter les rapports existans entre Dieu et l'humanité rachetée par le Christ, le point central de son action ne peut être autre assurément que le renouvellement et la perpétua'ion du grand acte par lequel Jésus-Christ s'est offert au Père comme victime expiatoire pour l'humanité déchue. S'il est vrai enfin que, par l'incarnation du Verbe, la création qui, relativement à ses rappo⋅ ts avec Dieu, est l'image du Fils de Dien soit pervenue à son terme et que, ce qui auparavant n'était qu'une image un symbole, soit maintenant une réalité, le Verbe s'étant identifié avec son image; s'il est vrai que le rapport constant du Fils au Père soit celui d'une abnégation continuelle de soi-même pour la glorification du Père; il est évident que la fonction essentielle de l'Eglise dans laquelle le Fils a pris demeure et qui le représente comme son corps, doit consis ter dans la répétition de l'acte de dévouement et de sacrifice moyennant lequel le Christ, abdiquant sa vie propre et se cachant sous les espèces du pain et du vin, n'a voulu vivre que dans les siens et pour les siens, afin d'effectuer par eux la glorification du Père, d'amener en eux le règne du Père, auquel d'autre part nous demandons chaque jour notre pain quotidien, parce que c'est du Père que le Fils procède de toute éternité.

C'est ainsi que dans l'Eglise tout se rattache au sacrement de l'Eucharistie, et que toutes les fonctions sacrées dépendent de la faculté de participer au

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