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VII

Il faut remarquer aussi que si le christianisme protége la femme, elle, à son tour, a le privilége de protéger la loi protectrice à un point qui mérite beaucoup d'attention. On serait même tenté de croire que cette influence tient à quelque affinité secrète, à quelque loi naturelle. Nous voyons le salut commencer par une femme annoncée depuis l'origine des choses dans toute l'histoire évangélique, les femmes jouent un rôle très-remarquable; et dans toutes les conquêtes célèbres du christianisme, faites tant sur les individus que sur les nations, toujours on voit figurer une femme (1).

(1) Les Soirées de Saint-Pétersbourg, t. II, p. 426, note 1.

NOTES

DU CHAPITRE III.

Note A, page 247.

On lira sans doute avec intérêt les idées sur l'instruction et l'éducation des jeunes personnes, de Fénelon l'un des membres de ce trio infaillible, que M. de Maistre recommandait aux méditations de sa fille :

dit Fénelon,

« Je crois, qu'il n'est pas inutile de laisser aux filles, selon leur loisir et la portée de leur esprit, la lecture des livres profanes qui n'ont rien de dangereux pour les passions: c'est même le moyen de les dégoûter des comédies et des romans. Donnez-leur donc des histoires grecques et romaines; elles y verront des prodiges de courage et de désintéressement. Ne leur laissez pas ignorer l'histoire de France, qui a aussi ses beautés ; mêlez celle des pays voisins, et les relations des pays éloignés judicieusement écrites. Tout cela sert à agrandir l'esprit, et à élever l'âme à de grands sentiments, pourvu qu'on évite la vanité et l'affectation.

<< L'italien et l'espagnol ne servent guère qu'à lire des livres dangereux, et capables d'augmenter les défauts des femmes; il y a beaucoup plus à perdre qu'à gagner dans cette étude. Celle du latin serait bien plus raisonnable, car c'est la langue de l'Église : il y a un fruit et une con

solation inestimables à entendre le sens des paroles de l'office divin, où l'on assiste si souvent. Ceux mêmes qui cherchent les beautés du discours en trouveront de bien plus parfaites et plus solides dans le latin (1) que dans l'italien et dans l'espagnol, où règnent un jeu d'esprit et une vivacité d'imagination sans règle. Mais je ne voudrais faire apprendre le latin qu'aux filles d'un jugement ferme et d'une conduite modeste, qui ne sauraient prendre cette étude que pour ce qu'elle vaut, qui renonceraient à la vaine curiosité, qui cacheraient ce qu'elles auraient appris, et qui n'y chercheraient que leur édification.

« Je leur permettrais aussi, mais avec un grand choix, la lecture des ouvrages d'éloquence et de poésie, si je voyais qu'elles en eussent le goût, et que leur jugement fût assez solide pour se borner au véritable usage de ces choses; mais je craindrais d'ébranler trop les imaginations vives, et je voudrais en tout cela une exacte sobriété......

« La musique et la peinture ont besoin des mêmes précautions; tous ces arts sont du même génie et du même goût (2).

« Les femmes, dit ailleurs Fénelon, sont d'ordinaire encore plus passionnées pour la parure de l'esprit que pour celle du corps. Celles qui sont capables d'étude et qui espèrent de se distinguer par là, ont encore plus

(1) Cf. cette idée de Fénelon avec ce que dit madame de Lambert dans les Avis d'une mère à sa fille; de nos jours, M. Villemain, De l'éloquence chrétienne au quatrième siècle (des femmes chrétiennes); et M. Onésime Leroy, Sur la première base de toute instruction, indispensable aux hommes qui en reçoivent le moins, et d'abord aux femmes appelées à former les mœurs (p. 375 à 384 de Corneille et Gerson dans l'Imitation de J.-C. Paris, 1842, 1 vol. in-8).

(2) Fénelon, De l'éducation des filles (1688), p. 133 à 135 et suiv. de l'édition in-4 de Didot, t. III, 1787. Ce Traité est le premier livre sorti de la plume de l'auteur de Télémaque.

d'empressement pour leurs livres que pour leurs ajustements. Elles cachent un peu leur science mais elles ne la cachent qu'à demi, pour avoir le mérite de la modestie avec celui de la capacité. D'autres vanités plus grossières se corrigent plus facilement, parce qu'on les aperçoit, qu'on se les reproche, et qu'elles marquent un caractère frivole. Mais une femme curieuse et qui se pique de savoir beaucoup, se flatte d'être un génie supérieur dans son sexe; elle se sait bon gré de mépriser les amusements et les vanités des autres femmes; elle se croit solide en tout, et rien ne la guérit de son entêtement. Elle ne peut d'ordinaire rien savoir qu'à demi; elle est plus éblouie qu'éclairée par ce qu'elle sait; elle se flatte de savoir tout, elle décide; elle se passionne pour un parti contre un autre dans toutes les disputes qui la surpassent....

« Les vanités grossières des femmes déclarées vaines sont beaucoup moins à craindre que ces vanités sérieuses et raffinées qui se tournent vers le bel esprit pour briller par une apparence de mérite solide. Il est donc capital de ramener sans cesse mademoiselle votre fille à une judicieuse simplicité (1). »

Note B, page 250.

« Les femmes, dit M. de Bonald,

appartiennent à la famille, et non à la société politique, et la nature les a faites pour les soins domestiques, et non pour les fonctions publiques. Leur éducation doit donc être domestique dans son objet, et elles devraient la trouver dans le giron maternel, si nos mœurs permettaient toujours aux mères de remplir le devoir d'élever leurs filles, devoir

(1) Fénelon, De l'éducation des filles (1688), p. 154 et 155. Avis à de qualité sur l'éducation une dame de mademoiselle sa fille (1715).

bien plus sacré que celui d'allaiter leurs enfants, dont la philosophie moderne leur a fait une loi. En attendant ce moment encore éloigné, il faut des maisons d'éducation, où un ordre de filles se voue à l'instruction de cette portion de l'espèce humaine, d'autant plus intéressante aux yeux de la société, qu'elle est presque exclusivement chargée de donner un jour aux enfants la première éducation.....

« L'éducation des jeunes personnes ne doit pas être la même que celle des jeunes gens, puisqu'elles n'ont pas reçu de la nature la même destination. Tout, dans leur instruction, doit être dirigé vers l'utilité publique. C'est une éducation fausse que celle qui donne aux inclinations une direction contre nature, qui fait que les sexes aiment à changer entre eux d'occupations comme d'habits.....

« Depuis longtemps,..... l'on enseigne aux jeunes personnes des langues étrangères, des sciences, même certains arts, connaissances dont elles ne peuvent acquérir tout au plus que ce qu'il en faut à la vanité pour se montrer, et qui, si elles les cultivent avec succès, prennent beaucoup sur leurs devoirs domestiques, quelquefois sur leur santé, et presque toujours sur leurs agréments naturels.

<< Voyez la nature, et admirez comment elle distingue le sexe qu'elle appelle à exercer les fonctions publiques de celui qu'elle destine aux soins de la famille : elle donne à l'un, dès l'âge le plus tendre, le goût de l'action politique et même religieuse, le goût des chevaux, des armes, des cérémonies religieuses; elle donne à l'autre le goût des travaux sédentaires et domestiques, des soins du ménage, des poupées : voilà les principes, et le meilleur système d'éducation ne doit en être que le développement...

« On doit, dans l'éducation des jeunes personnes, parler à leur cœur autant ou plus qu'à leur raison, les con

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