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DE

LANGUE FRANÇAISE,

OUVRAGE RÉDIGÉ SUR UN PLAN ENTIÈREMENT NEUF,

PAR M. P. POITEVIN, DE

ANCIEN PROFESSEUR AU COLLÈGE ROLLIN.

L'introduction de cet ouvrage dans les écoles publiques est
autorisée par décision de S. Exc. le Ministre de l'Ins-
truction publique et des cultes, en date du 5 août 1862.

Sans la langue..... l'auteur le plus divin

Est toujours, quoi qu'il fasse, un méchant écrivain,
BOILEAU.

GRAMMAIRE COMPLÈTE

THÉORIE ET APPLICATION.

NOUVELLE ÉDITION.

PARIS,

LIBRAIRIE DE FIRMIN-DIDOT ET C1e, EDITEURS,

RUE JACOB, 56.

JACQUES LECOFFRE ET Cie,

rue Bonaparte, 90.

DELAGRAVE ET Cie,

rue Soufflot, 15.

Septembre 1887.

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La forme toute nouvelle de ce Cours étant la propriété de l'auteur, nous poursuivrons, comme contrefaçon, tout ouvrage qui pourrait le reproduire ou l'imiter.

FIRMIN-DIDOT ET Cie.

Les exemplaires non revêtus de la signature de l'auteur

seront réputés contrefaits.

PREFACE.

Donner aux faits peu de développement, et expo ser avec un luxe de détails fastidieux des théories souvent inintelligibles et presque toujours obscures, tel a été pendant longtemps le défaut commun à tou les livres didactiques qui avaient pour objet l'étude des langues. Tout grammairien semblait autrefois pénétré de cette idée fausse, que, pour remplir sa mission avec conscience, il devait entrer dans un examen approfondi des moindres accidents du langage, disserter longuement et parler quand même, au lieu de laisser parler les faits qui, le plus souvent, eussent parlé plus haut et beaucoup mieux que lui.

Il est résulté de cette manière de procéder qu'on a généralement donné plus d'importance à la forme qu'au fond, et qu'une grammaire, au lieu de se composer d'une série d'exemples bien choisis, et groupés de telle sorte que les principes auxquels ils servent de base s'en déduisissent comme un corollaire rigoureux, n'a présenté longtemps qu'un enchaînement de dissertations abstraites, qu'une succession de règles longues et diffuses auxquelles les faits semblaient s'adjoindre non pour appuyer les principes, mais pour témoigner de la pénétration et de la sagacité du grammairien

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Des ouvrages conçus et exécutés sur un pareil plan devaient nécessairement fatiguer l'esprit des lecteurs et les rebuter d'une étude qui ne s'offrait à eux qu'à travers un épais nuage d'abstractions aussi une sorte d'ennui anticipé, de dégoût préventif s'emparait-il dès le début, et sans exception, de tous ceux qui abordaient l'étude des langues.

:

Un tel résultat, conséquence forcée d'un système vicieux, eût dû éclairer les grammairiens et les engager à s'ouvrir une voie nouvelle, à suivre une marche plus philosophique; mais comme ils s'étaient tout d'abord posés en arbitres du langage, ils ne voulurent point descendre du rang de législateurs aux humbles fonctions d'annotateurs et de critiques.

Cependant, comme il arrive presque toujours, la raison finit par triompher de l'erreur et de la routine, et notre siècle eut la gloire de frayer enfin à l'enseignement grammatical sa véritable route: Domergue, Laveaux, Lemare, Boniface, Bescher, et plusieurs autres philologues distingués, secouant enfin le joug des vieilles théories, proclamèrent hautement la puissance des faits, et au lieu d'établir, à l'exemple de leurs devanciers, un ensemble de principes fixes et absoíus, et de prononcer comme eux ex cathedrá, ils firent de la grammaire une sorte de chronique pittoresque dans laquelle ils exposèrent fidèlement les divers accidents de construction et les formes variées que la langue a subies sous la plume de nos grands écrivains.

Grâce à eux, on cessa peu à peu de procéder par exclusion et de tout ramener à un principe commun; on restitua à la langue une partie de ses richesses, et

ce qu'on avait jusqu'alors rejeté dans les exceptions et frappé d'interdit, fut rattaché à la règle et remis en crédit au moyen d'une intelligente analyse. La grammaire se trouva élevée ainsi à la hauteur d'une science; elle ne consista plus dans la connaissance stérile de quelques formules abstraites, mais dans l'étude approfondie du génie de la langue, dans la recherche de ses tours savants ou naïfs et de toutes les ressources, qu'on avait dédaigné de signaler comme des incorrections ou des licences que s'étaient permises nos écrivains les plus originaux.

Dès lors, au lieu d'être un code de lois vagues et indécises auxquelles chacun apportait des changements et des modifications, la grammaire devint le tableau exact et fidèle, le véritable compendium de la langue. La théorie n'occupa plus qu'un rang secondaire, et les principes ne furent présentés que comme la déduction forcée des faits qu'ils accompagnaient, sans les dominer jamais.

Cette marche, la seule logique, est celle que nous avons suivie. Nous n'avons pas cependant perdu de vue un seul instant que nous faisions un livre classique, dans lequel nous devions nous garder avant tout d'ouvrir le champ à l'arbitraire. Aussi nous sommesnous toujours appuyé sur les écrivains les plus purs, et n'avons-nous, en aucune circonstance, poussé le fanatisme de l'admiration jusqu'à voir, comme l'ont fait quelques grammairiens modernes, des hardiesses et des beautés neuves dans telles et telles fautes échappées ou à l'inadvertance d'un auteur ou à la négligence d'un typographe.

Comme il entrait dans notre plan de faire une gram

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