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tems de la couvée la chaleur étoit

plus forte encore, telle que du trente & au-deffus & qu'elle perféverât un tems confidérable, le Ver fe deffécheroit & périroit dans la coque ; je parle toujours dans la fuppofition qu'on négligeât d'ouvrir les paquets & de remuer la graine: je n'ai vû jufqu'à préfent pleinement réuffit, que ceux qui portoient l'attention fur ce point jufqu'au fcrupule.

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Les Couveurs expérimentés qui font dans l'ufage de donner aux graines, dans ce dernier tems de la couvée, toute la chaleur qu'ils ont eux-mêmes dans le lit c'eft-à-dire d'environ trente-deux degrés ne ferment point l'œil de toute la nuit : ils portent fréquemment le paquet aux graines fur la joue pour s'afsûrer de la chaleur s'ils la trouvent trop forte par le fentiment, c'est-à-dire, fi elle eft au trente-deux ou environ [qui eft la chaleur du fang, toujours moindre fur le visage qui eft à découvert ] ils font refroidir les paquets pendant quelques ins tans; & pour le faire plus prompte

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ment s'ils trouvent le paquet plus chaud que de coutume, ils le polent fur une pierre, ou fur le carreau & avec cela ils ouvrent & ils retournent : la joue peut avoir alors vingt-fept à vingt-huit degrés de chaleur, ils tâchent d'y ramener celle de la graine.

D'autres bons Couveurs qui ne font pas les maîtres du premier fomme pofent en fe couchant, le nouet aux graines fur une chaise à côté du lit & ils l'enveloppent du gilet, ou de la vefte dont ils le dépouillent: ils reprennent les graines à leur premier reveil, pour les chauffer felon les régles, j'en connoîs qui craignant d'être furpris par le fommeil, & de manquer d'ouvrir affez fouvent les nouets pendant la nuit, ne leur donnent prefque

pas

de chaleur, ils fe couchent tard, & avant de fe mettre au lit, ils enfoncent les nouets dans un tas de paille placée à un coin de leur chambre & qu'on a bien fait fecher au foleil : ils reprennent les paquets de bon matin pour les mettre à la place du lit qu'ils viennent de quitter & qu'ils font re

chauffer au befoin, de la façon que nous avons déjà vû : ils en ufent ainsi non-feulement pour ce dernier tems de la couvée, mais pour ceux qui précédent : ils ne foignent leur graine que lorfqu'ils font debout & qu'elle eft chaude, il y a moins de rifque de la négliger pour quelques heures lorfqu'elle a été refroidie.

Les Magnaguiers qui ignorent de quelle conféquence font les pratiques que nous venons d'expofer, n'y regardent pas de fi près; de fi près; ils appliquent leurs nouets, lorfqu'ils font au lit, fur la poitrine avec la couverture pardeffus, ce qui concentre dans la graine toute la chaleur propre aux animaux & une chaleur humide & cependant ils ne vifitent dans ce dernier tems leurs nouets que de loin à loin, fi avec cela ils font fujets au vin & qu'ils en ayent pris plus que de raifon, la chaleur & la transpiration étant par-là beaucoup augmentées, ne manquent pas de produire les ravages dont nous avons parlé ; ils n'y fçauroient apporter de reméde dans un tems qui les

rend incapables de veiller, d'agir d'être de fens raffis ; ce qui eft plus néceffaire pendant la couvée, fur-tout vers la fin que dans tout autre tems.

La graine bien hyvernée éclôt dans ce Pays-ci en neuf à dix jours à la chaleur que j'ai indiquée; fçavoir d'environ quinze à feize degrés ; lorsqu'elle eft à la paille & d'environ dix-huit ou vingt au fortir de-là ; ce qui eft pouffé dans la fuite jufqu'au vingt-cinq ou au vingt-huit, comme termes ordinaires : vers le feptième ou le huitième jour elle commence à blanchir, ou à s'émouvoir.

Lorfque la graine est arrivée à ce point, on auroit beau la mettre dans un endroit frais, rien ne l'empêcheroit d'éclorre qu'un froid qui approcheroit de la gelée & qui engourdit affez le Ver pour l'empêcher de (6) per

(a) Les Vers à foie en rongeant leur coque pour éclorre font l'ouverture d'un Diamétre égal à celui de leur tête, qui eft la partie la plus groffe & la moins compreffible. S'ils ont mat pris leur mefure & que la tête ait peine à paffer, ils paffent la queue la premiere &

cer. On doit cependant l'aider par la chaleur afin que tout éclose à la fois ou à-peu-près & que la naiffance ne traîne pas au-delà de deux ou trois jours.

Du tems où la graine répond.

On dit en termes de l'Art que la graine répond lorfque quelques Vers commencent à éclorre: on néglige les premiers venus qui font en trop petit nombre le premier jour, pour qu'on fe donne la peine de les foigner: ces Vers hâtifs ne tardent guere à périr (a) s'ils demeurent fans nourriture à la

la tête eft arrêtée au paffage on les voit alors errer d'une façon rifible, la tête coëfée de la coque comme d'un Cafque dont ils n'ont pas l'adreffe de fe débarraffer.

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(a) Ces premiers nés qui meurent fouvent dans l'efpace d'une nuit, vivroient trois ou quatre jours fans nourriture, comme je l'ai éprouvé, s'ils étoient à l'air libre ; ils vivroient de même fans n.anger dans le nouet bouché, s'ils n'avoient point de chaleur : ce qui prouve que ce n'eft ni le jeûne feul, ni la chaleur qui les tue, mais la réunion de l'un avec l'autre, & que pour conferver les Vers, il

faut

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