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la pouffiere, la fuye, ou quelqu'autre faleté ne tombe deffus, j'attache au cordon qui porte le clayon & à un pié & demi au-deffus, un mouchoir ou une serviette dont les bords pendans se rabattent fur ceux du clayon & le couvrent. Le cordon qui fufpend le clayon porte fur une perche pofée horisontalement, de façon qu'en faifant gliffer le cordon on puiffe rapprocher la couvée à volonté vers l'un des foyers. Il eft indifférent que l'étuve foit plus grande; il faudroit feulement alors plus de feu pour l'échauffer.

Avant de répandre la graine fur le clayon, je fais allumer le feu des foyers j'amene dans peu la chaleur (qui eft marquée par un Thermométre placé dans le clayon) jufqu'au quinzième ou dix-huitième degré & je la laiffe à ce point les deux ou trois premiers jours de la couvée ; elle augmente peu-à-peu d'elle-même jusqu'au vingt-huitième à mesure que les murs s'échauffent & fans y faire plus de feu.

La couvée réuffiroit également à la chaleur du vingtième degré & à

ceux qui font entre le vingt & le vingt-huit, ce qui met le Magnaguier` à l'aife; je l'arrête à ce dernier point, (c) ou environ, jufqu'à ce que la graine réponde, & que j'aie fait même quelques levées de-deffus l'étoupe, ou le papier criblé lorfqu'il y en a environ les deux tiers d'éclos, je donne une chaude de trente à trente-deux degrés pendant quelques heures, pour hâter le refte & pour empêcher que la couvée ne traîne; ce qui multiplieroit les claffes des Vers, & augmenteroit inutilement la peine & l'embarras.

Il fuffit d'un à-peu-près, comme nous l'avons dit; dans cette façon d'amener & de régler la chaleur; & s'il arrivoit par quelque accident que la graine en eût une trop forte comme l'éprouva pendant demi-heure une de mes couvées, où le Thermo

(c) Au bout de quelques jours, les murs de l'Etuve & même les bords du clayon font fi chauds qu'en y portant la main on la retire fubitement, comme fi l'on ne pouvoit fou tenir cette chaleur : les Vers qui y font expofés, loin d'en être affectés, n'en ont qu'un redoublement d'appetit.

métre monta au trente-fixième degré, au-dessus de zéro, cette violente épreuve qui feroit périr les couvées au nouet, ne nuiroit point à la couvée ouverte fi elle duroit peu de tems; parce que la chaleur ayant un cours libre & des échappemens par le haut, ne rifqueroit pas de fe rabattre fur la graine, ou fur les Vers: de plus, la graine occupant dans cette couvée un grand efpace, tranfpire librement, fans que la matière de la tranfpiration croupiffe autour d'elle.

C'est ce qui donne à cette manière de couver un grand avantage fur celles qu'on fait au nouet, qui demandent, comme nous l'avons vû des foins continuels éviter les coups de chaleur & d'une chaleur étouffée, toujours mortelle pour les graines & pour les Vers qui en éclofent.

pour

Il n'eft pas auffi difficile qu'il pourroit d'abord le paroître de foutenir long-tems la chaleur au point désiré : le feu de mon étuve dure 24 heures, fans qu'il foit prefque befoin d'y toucher. Je fais mettre tous les matins à

chaque foyer deux ou trois boiffeaux de Tannée fechée au foleil. On la difpose en quarré-long felon la forme des foyers qui ont environ un pié & demi de largeur fur trois pieds de longueur on fait fur un des bouts du quarré de Tannée un trou dans lequel on jette plein un chapeau de charbon; celui-ci étant allumé avec quelques broutilles, le feu gagne de proche en proche la Tannée; celle qui entoure le charbon & qui le couvre à demi l'empêche de brûler trop-tôt : une demiheure après que le charbon eft allumé, il ne refte dans l'étuve qu'une legére fumée, qui n'y féjournant pas, n'empêche point d'y manœuvrer en liberté.

On a cet avantage avec la Tannée qu'on peut produire une chaleur uniforme , qui n'augmente pas fubitement comme celle du bois ordinaire; & qu'on peut la faire baiffer à volonté s'il y en a trop, en couvrant plus ou moins la Tannée allumée avec celle qui ne l'eft pas en la fourgonnant, au contraire, on augmente de deux ou trois degrés la chaleur; outre qu'on

peut la régler d'une autre façon, c'est à-dire, l'exciter ou la modérer en ouvrant, ou en fermant plus ou moins la porte de l'étuve.

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Dans les Pays où la Tannée feroit un objet de dépenfe, on peut y fubftituer quelque matière équivalente telle que la fiante de bœuf, dont les Chinois font cas pour chauffer leurs Vers à foie, de la fuie, de la fciure de bois, de la Tourbe, qui eft inconnue en Languedoc, du charbon de terre qui n'a d'autre incommodité que de faire, quand on l'allume, épaifle fumée, qui d'ailleurs n'eft dangéreufe lorfqu'elle a des iffues fuffifantes: enfin on peut employer tout autre matière qui brûle long-tems uniformément, fans faire de flamme.

une

pas

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Une fois que les murs font échauffés & que la chaleur eft au point elle y perfévére long-tems avec peu de feu; il n'y a pas d'inconvénient de la laiffer baiffer dans la nuit; on en dort au contraire plus tranquillement, n'ayant point de fâcheux accident à appréhender. Lorfque les foyers ont

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