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mer; ou bien fi l'on veut tout de fuite déliter d'autres tables il faut pour avancer être pourvû de deux chalis pour chacune, & ce font malgré cela des longueurs infinies: ce n'eft pas tout encore, le fuccès de l'opération demeure toujours imparfait, puifque tous les Vers ne gagnent pas le deffus du filet & de la feuille qu'on leur présente, il y en a beaucop qui prennent leur repas à travers les mailles, fans quitter la vieille litiere & qu'on eft obligé de prendre un à un avec les doigts pour les en tirer, ce qu'on vouloit cependant éviter par cette rare invention.

de ordi

Ainfi nous n'avons garde de nous Méthocharger d'un attirail de meubles non- naire. feulement couteux pour le Payfan & embarraffant dans la manoeuvre, mais qui, outre cela, rend l'opération plus longue & plus pénible que par la méthode de déliter ordinaire: nos Magnaguiers n'ont trouvé jufqu'ici aucun inconvénient à manier les Vers; il fuffit de les toucher de façon à ne pas les blesser & il ne faut pour

cela qu'une adreife des plus communes. Voici la façon ordinaire dont on s'y prend.

,

Environ demi heure après qu'on a fervi la feuille, deux ouvriers le mettent au bout d'une table, un à chaque côté ils en prennent les Vers à poignées cn n'emportant avec le moins qu'ils peuvent de litiere & feulement celle qui tient aux crochets des Vers à foie. În met ceux-ci de côté fur les Vers qui viennent enfuite. On a mis par-là à découvert une bande de vieille litiere d'environ un pié & demi dans toute la largeur de la table; on tric un à un fur celle-ci le peu de Vers qui ont échappé à la main & qui ne font ni chetifs ni malades: le refte eft pouffé à terre avec la litiere & l'on balaye tout de fuite le crotin pour faire la place nette; c'eft fur cette place qu'on remet non-feulement les Vers qui l'occupoient auparavant & qu'on avoit mis de côté, mais ceux de la bande qui fuit, toute pareille à la premiere, qu'on nettoie de même avant d'y remettre les Vers qui l'oc

cupoient & qu'on avoit mis en entrepôt fur la premiere bande.

A mesure qu'on avance, on continue de mettre par entrepôt les Vers de la bande à nettoyer fur celle qui est déjà balayée & quand la bande qui fuit eft prête, on répand uniformément les Vers par paquets fur l'une & fur

l'autre.

Lorsqu'on a d'avance une bande au bout de chaque table, l'opération est plus prompte & plus aifée; & elle l'eft encore d'avantage lorfqu'on a une table de relais sur laquelle on apporte à pleins baffins les Vers de la table à déliter.

Il feroit peut-être dangereux pour les Vers à foie & certainement trèsincommode pour les ouvriers de laiffer long-tems féjourner à terre la litiere qu'on vient d'y jetter, pour peut qu'elle fût entaffée & qu'il fit chaud: on doit écarter au loin l'infection qu'elle repandroit en pourriffant; fi l'on n'aime mieux cependant la faire fécher & la mettre en réserve pour le bétail. Si l'on s'apperçoit en délitant les

Métho

culiere

Vers, que
, que les tables ayent contracté

une odeur de moifi; on fait très-bien
pour la chaffer de frotter les tables
avec quelques poignées de Thim, de
Lavande, ou quelqu'autre plante aro-
matique, plutôt qu'avec du Chien-dent
comme le recommande Vida en parlant
de la litiere.

Cura fit hefternæ femefas tollere menfæ Relliquias, tabulifque immundam avertere ventris

Proluviem manè, antè pecus quam pabula gufter

Tergendæ fedes & gramine perverrenda.

Ce que j'ai dit ci-devant du filet, ou chaffis à refeau me rappelle une autre invention auffi finguliere qui mérite d'être ici rapportée.

Un particulier du Dauphiné propode parti- fa il y a bien des années à M. le Nain de fervir notre Intendant une méthode de lever les repas. les Vers à foie, ou plutôt une pratique particuliere de leur fervir les repas, qui devoit beaucoup influer, à ce qu'il prétendoit, fur la réuffite de ces Infectes & qui de plus, étoit fort connue

dans les Indes Orientales.

Cette méthode, felon le Mémoire que M. le Nain me fit l'honneur de me communiquer, confiste à donner les repas avec de jeunes branches ou fçions de mûrier garnis de feuilles, qu'on coupe à mefure fur la pépiniere, ou fur des fouches de mûrier nain. On arrange, difoit-on, ces branches fur les tables par bandes & en travers d'efpace en efpace; en forte qu'il y ait une bande ou une allée vuide entre chaque rangée de branches qui foit de même largeur que ces dernieres. Dès-que les Vers de deffous & de côté des branches y ont grimpé & qu'ils en ont rongé la feuille, on garnit de nouvelles branches les allées vuides où les Vers à foie ne manquent pas de fe porter de droit & de gauche pour trouver une nouvelle nourriture, qui les attire par fa fraîcheur. En abandonnant ainfi les premieres branches, ils laiffent aux ouvriers la liberté de les enlever pour les remplacer par d'autres, quand il fera tems de fervir un nouveau repast

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