Images de page
PDF
ePub

Nous venons de voir que les cocons blancs qu'on recueille, dominent fur toutes les autres couleurs, lorfqu'ils proviennent d'une graine de cocons blancs; ce rapport de couleurs eft plus fort de beaucoup pour les incarnadins & les orangés; c'est-à-dire, que les Vers que leur graine donnera, produiront encore plus des cocons de ces couleurs. On a donc raifon de choisir pour cocons de graine, les couleurs les marchands eftiment le plus ; on peut être afsûré, fi l'on a choifi de ces derniers dont nous venons de parler, que le très grand nombre des cocons qu'on en recueillera, fera exactement de la même nuance.

que

Si l'on n'avoit égard qu'à la qualité & au prix de la foie on préféreroit

humeurs l'expérience d'un particulier de ma connoiffance m'a confirmé dans cette idée : il élevoit dans deux appartemens différens des Vers à foie provenus de graine de même ponte & de même couvée: il eut beaucoup de cocons blancs dans l'un & prefque point dans l'autre, le même particulier ayant mis couver de la graine provenue de Vers noirs, n'eut pas un feul Ver, m'affura-t-il, de cette couleur,

les

les cocons de graine blancs; parce que la foie de cette couleur qu'on file à part & qu'on employe quelquefois dans les Manufactures fans la décreufer, se vend toujours un peu plus que les autres : mais on a remarqué que les Vers à foie qui la produifent, ne font pas auffi robuftes que les autres, ou qu'ils ne réuffiffent pas auffi bien.

Après cette couleur, qui ne fe reproduit pas auffi conftamment que les

deux fuivantes, les Marchands donnent la préférence aux incarnadins, ou aux cocons incarnat-pâle, qui originairement nous font venus d'Espagne & dont la foie eft plus luftrée, plus fine & rend mieux au filage que celle des orangés, qui paffent pour être les pires de tous; quoique la foie des uns & des autres prenne la même couleur au filage, ou dans l'eau chaude de la baffine & que leurs Vers réuffiffent également bien.

De la

taille ou

A l'égard de la taille des cocons les Marchands s'attachent avec raifon groffeur aux plus gros, ou comme ils difent à des coceux d'une grande forme, qui rendent graine. III. Partie

L

cons de

proportionnellement plus de foie que les petits, parce qu'à poids égal des uns & des autres, les féves des derniers, plus nombreuses, pésent auffi d'avantage.

Mais s'il ne s'agit que de choisir des cocons de graine, leur groffeur ne tire pas toujours à conféquence, pour ceux qu'on recueillera; elle dépend uniquement de l'éducation plus ou moins foignée. J'ai eu des Vers à foie qui venoient de cocons de graine affez petits & qui cependant m'en firent de fort gros; & le contraire m'est arrivé de même ; je ne parle que des espèces, ou variétés que nous élevons plus communément; car celle qu'on appelle la Milanoise,fait conftamment des cocons plus petits que les autres & on les diftingue à un léger étranglement qui les traverse par le milieu.

Il paroît donc par ce que je viens de dire, que la taille eft une chofe affez indifférente pour les cocons de graine ordinaires : je confeillerois cependant, de s'attacher aux plus petites, pourvû qu'ils fufsent susceptibles d'accroif

fement par l'éducation; ce n'eft pas, parce que dans un poids déterminé de cocons, il y en a un plus grand nombre parmi les petits que dans les gros & par conféquent plus de papillons & plus de graine; car le nombre des papillons peut être compenfé par leur groffeur; mais c'eft que les gros papillons femelles, plus lâches, & plus languiffans, percent les cocons avec plus de peine que les petits, & lorfqu'ils ont percé, les forces leur manquent, pour pondre tout jufqu'au bout: quoiqu'ils contiennent beaucoup plus d'œufs que ces derniers, ils n'en pondent pas autant; ce poids, énorme pour leur taille, les furcharge; ils périffent au milieu de leur carrière; ou bien, ils tombent en défaillance dans le travail, pour peu de chaleur qu'ils reffentent; tandis que les petits papillons plus vifs, plus robuftes, fe vuident jufqu'au dernier œuf, s'ils font aidés par la faifon.

Ides co

En faisant le choix des cocons de Du poids. graine, on s'afsûre en même-tems ficons de la féve n'eft point morte ou defféchée ; graine.

graine

des

peaux.

ce qu'on reconnoît, foit à une humeur noirâtre qui les aura tachés, foit à leur légéreté, eu égard à leur volume; & fur-tout, en les fecouant un à un entre les doigts, pour les faire claquer auprès de l'oreille. La féve morte, fi elle eft collée au cocon ne fait aucun mouvement; fi elle est détachée, ou bien fi le cocon contient un mufcardin, ils rendent un fon plus aigu, les coups en font plus fecs que lorfque la féve est envie: la féve, ou le Ver morts, étant plus raccourcis, ont plus de jeu dans le cocon; on fent qu'ils branlent dans un plus grand espace & le cocon eft toujours plus leger.

Les cocons de graine venant à être De la percés par les papillons, perdent à la vente plus de la moitié de leur prix & ne font plus bons qu'à faire de la filofelle: il y auroit donc du profit à ne mettre à cet ufage que les cocons de rebut, appellés les peaux; ou bien les cocons doubles dont la foie, toujours bouchonnée, (e) eft fort au-deffous du

(e) La gomme qui devient foie au fortir de la filiere, comme nous l'avons dit, tend

« PrécédentContinuer »