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peine à s'ouvrir, les autres en l'écar tant fimplement.

Il reftoit à deviner de quel côté du cocon, le papillon s'ouvroit un pasfage, pour ne pas couper inutilement le bout ou le côté oppofé, ou tous les deux à la fois & dégrader parlà doublement le cocon qui fert encore au cardage & à la filofelle & qui en vaut mieux, lorfqu'il eft moins tailladé.

J'eus bien-tôt reconnu que quoique les têtes de nos deux affociés foient oppofées pendant qu'ils filent & que chacune foit alors tournée vers un des bouts du cocon, elles fe réuniffent cependant vers le même, quand leur tâche est achevée; & que ce bout eft celui qui tourne en haut fur le rameau, ou celui qui eft plus éloigné du pied; foit que le cocon foit debout, foit qu'il foit incliné, ou pofé horisontalement. On le reconnoît encore, en ce que le cocon eft plus mouffe, ou plus arrondi dans cette partie & ordinairement relevé de deux petites éminences,

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Il n'y a qu'à marquer avec de la craie ou du charbon ce côté du cocon avant de le détacher du rameau &, le couper hardiment dans cet endroit. Sur un grand nombre de cocons doubles que j'ai ouvert, je n'en ai trouvé qu'un feul, dont les féves jumelles fuffent tournées en sens contraires : le papillon qui fort, perce toujours vis-à-vis de la tête; il écarte avec les pattes les fils du tissu qu'il a humecté ; il heurte de la tête, il enfonce; ily va à différentes reprises pour reprendre haleine & enfin avec de la patience il parvient à élargir la plus petite ouverture commencée & à se dégager par-là du cocon (g),

(g) On obfervera que dans les cocons fimples, ce bout fupérieur, par où le Papillon perce, eft toujours plus épais & mieux étoffé, dans les bons cocons, que le bout inférieur; auffi les Marchands ne manquent point de les tâter par-là, pour juger du prix ou de la qua lité : il fembleroit cependant que les Vers à foie auroit dû faire tout le contraire, pour faciliter la fortie du Papillon, en laiffant ce bout plus mince; & imiter même la prudence de la Chenille du Poirier, qui en tiffant de

De la naiffance, de l'accouplement & de la ponte des Papillons.

C'eft vers la fin de Juin que les papillons éclofent, depuis environ le lever du Soleil, jufques à huit à

gros poils bruns fon cocon informe y ménage une ouverture, par où doit fortir le Papillon Paon mais le cocon du Ver à foie devant être plus expofé que celui de cette Chenille, qui fe tapit fous une pierre, le bout fupérieur devoit former un bon abri, ou une couverture folide, capable d'arrêter la pluye, qui auroit percé la bave & pénétré jufqu'à la féve.

Le bout inférieur du cocon eft d'une moindre conféquence pour le Ver, il n'en pourroit même épaiffir le tiffu qu'avec beaucoup de peine, vu l'attitude qu'il prend & qu'il garde toujours en filant; la moitié inférieure de fon corps eft accrochée au bas du cocon, de-là il porte fa tête & fon fil tout autour & au-deffous de lui mais lorfque fes anneaux viennent à se roidir, ou à se rapprocher; il ne peut plus atteindre, en se pliant, au-deffous ou derrière fa queue : de-là, cette partie eft plus mince, ou moins garnie; elle eft même quelquefois percée entièrement.

Ces cocons naturellement percés, ne font

neuf heures du matin & leurs naiffances durent neuf à dix jours; elles font rares au commencement & à la fin de cet intervalle dans lequel le gros de la troupe perce le cocon & fort plus à la fois si̟ la saison est un peu

fraîche.

Le papillon en se tirant hors du cocon s'embarrafferoit dans la bourre qui enveloppe ce dernier, fi l'on n'avoit eu foin de le débaver d'avance; on en fait auffi d'abord après, de longs chapelets, en pinçant légérement avec une éguille enfilée, la furface du cocon : on en enfile plufieurs centaines à un long fil pour les suspendre en guirlande fur une per

pas propres au filage; ce n'eft pas que le brin foit coupé à l'ouverture; il eft auffi continu que dans ceux qui font entiers; mais venant à fe remplir d'eau ; il tombe au fond de la baffine.

S'il y avoit affez de ces cocons percés, pour qu'ils valuffent la peine d'être filés, on en viendroit à bout, en les tenant à fleur d'eau fur la baffine, au moyen d'un réseau de fil, qu'o 'on auroir fixé à un ou deux pouces au

deffous de la furface de l'eau.

che; on détache de-là facilement & d'une feule main, les papillons qui viennent à éclorre & par ce moyen l'on garantit encore les cocons d'une faliffure, ou d'un excrément liquide, que le papillon élance quelquefois lorfqu'il eft éclos & qui dépare ces cocons à la vente.

Lorfqu'on fait des pontes au-deffus de trois ou quatre livres de cocons, les chapelets tiendroient trop de tems à faire; on fe contente de placer fimplement les cocons débavés, dans des clayons, où ils ne foient pas plus entaffés que de quatre ou cinq travers de doigts.

Il ne faut pas tarder de tirer de deffus les cocons de graine les papillons éclos; de peur que venant à s'accoupler & fe défaccoupler en peu de tems, quelques-uns n'y pondiffent leur graine, qui feroit perdue par la difficulté de l'en détacher. On porte tout de fuite les papillons fur une table préparée pour les accouplemens.

Quoique cette table ne foit pas deftinée à autre chofe; il arrive affez

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