Images de page
PDF
ePub

le reconnoît auffi à fes antennes élevées, aux cils ou poils, plus longs, plus ferrés dont elles font fournies, enfin au battement des aîles & à la vivacité de fes mouvemens pour rechercher la femelle, au tour de laquelle il fait l'empreffé & ne ceffe de caracoler.

Celle-ci montre plus de décence, plus de gravité dans la marche & dans fes mouvemens; fon large ventre qu'elle traîne pefamment, annonce d'avance fon fexe & fa fécondité; ses antennes plus grêles, plus dégarnies de poils, font couchées fur les côtés pendant l'accouplement, fes aîles lâches & chiffonnées reftent immobiles & abattues.

Les aîles du mâle, quoique plus agile, ne l'aident pas même à marcher. Ils font fort éloignés l'un ou l'autre de faire le plus petit vol, comme l'a fuppofé le célébre Auteur du Poëme de l'Anti-Lucrece ; qui en parlant du prétendu vol de nos papillons, décrit fi énergiquement celui du papillon des champs [c].

(c) Et fit avis per tecta volans per que aëris

auras.

Lorfqu'on voit fur les cocons de graine une nombreuse naiffance de papillons, il ne faut pas attendre pour les

en tirer, que tous ceux qui doivent naître ce jour-là, achevent d'éclorre ; les premiers nés, ont bien-tôt trouvé à s'accoupler; il faut prévenir la féparation des deux conjoints, qui feroit bien-tôt fuivie de la ponte fur les cocons; & pour ne pas occafionner cette féparation & expofer les deux papillons à travailler fur nouveaux fraix; on les prend l'un & l'autre avec précaution; on les ramaffe tous indiftinctement fur une affiette, pour les ter pêle-mêle & fans différer; fur la table à accoupler.

por

Le mâle ne s'écarte point des ufages établis parmi prefque tous les animaux; il fait toutes les avances vis-à-vis de la femelle; mais il paroît ne la chercher qu'à tâtons, & fans faire quoiqu'en

Il n'y a guere que les Papillons de jour à qui cela puiffe convenir; les Phalénes, même celles des Champs, ont le vol pefant & rampent le plus fouvent comme celles du Vers à foie.

plein jour aucun usage de fes yeux (d): il feroit donc quelquefois néceffaire de les rapprocher, de leur ménager les rencontres lorfqu'on apperçoit leur embarras & que leurs recherches font trop longues: ces animaux dont la vie n'eft que de quelques jours acquiérent la puberté parfaite quelques quartd'heures après leur naiffance: les femelles qui ne font pas à portée d'en faire usage ne peuvent par cela même fe

[ocr errors]

(d) J'ai vû bien des fois nos papillons fe comporter, comme s'ils ne voyoient pas clair; quoiqu'ils ayent un appareil d'yeux bien plus remarquable que dans l'état de Ver & qui devroit ce femble, les fervir beaucoup mieux; il fuffira de dire que lorfque les mâles ne rencontrent pas les voies ordinaires pour l'accouplement, ils s'accrochent indifféremment fur toutes les autres parties du corps des papillons mâles, ou femelles, morts, ou vifs; ce leur eft égal & ils y reftent attachés, fans que la mort de l'un ou de l'autre puiffe les féparer. Je fuis perfuadé qu'une longue fuite de générations, ou d'éducations domestiques, a altéré infenfiblement la nature primitive de nos Infectes & a pû contribuer à émouffer leurs fens, hébêter leur inftinct & affoiblir enfin leurs forces & leur tempérament.

*

délivrer, que d'un petit nombre d'œufs
ftériles; elles ne font après cela que
languir & périffent enfin d'une mort
prématurée, pour n'avoir pû remplir
le vœu de la nature; tandis celles
que
qu'on marie de bonne-heure font fai-
nes, vigoureuses, pondent beaucoup
& parviennent à une longue vieilleffe
qu'elles pouffent jufqu'à quatre ou cinq
jours.

On reconnoît les femelles qui vivent dans un célibat forcé, à un corps charnu, renflé de trois lobes, dispofés en tréfle, qui leur fort du derrière & qui paroît appartenir à l'organe extérieur de la génération. On voit fouvent de pareils papillons le dernier jour qu'ils achevent d'éclorre; car de même qu'il y a au commencement plus de mâles que de femelles ; on trouve aucontraire, quand les naiffances tirent à leur fin, des femelles qu'on ne fçait avec qui affocier, à moins qu'on n'ait gardé des mâles qui ayent manqué de partir les jours précédens; ou qu'on ne trouve à en emprunter chez les voifins. Au-défaut de vierges, ou de cé

Durée

de l'ac

lons.

libataires, qu'on n'a pas toujours, on prend pour cet ufage des mâles qui ont déjà fervi; quoique la fource de leur fécondité, que rien n'entretient & qui n'a pour toute la vie qu'une mefure déterminée, doive être parlà beaucoup affoiblie.

Deux extrêmités font à éviter dans couple la durée de l'accouplement de nos paPapil-pillons; les plus longs, quand on n'y met point d'obftacle, ne font que d'environ vingt-quatre heures paffé ce tems, les deux papillons fe détachent d'eux-mêmes; & dès-lors la femelle refuse constamment les approches des mâles, quelque empreffement qu'ils faffent paroître ; à moins qu'elle ne soit fur la fin de fa ponte. Mais l'accouplement pouffé auffi loin devient fouvent funefte aux femelles, dont la plûpart meurent fans avoir pondu. Si l'on différoit d'ailleurs trop long-tems de féparer les mâles d'avec les femelles; il y en auroit un grand nombre de celles-ci qui s'étant de bonne-heure dèsaccouplées d'elles-mêmes, pondroient leurs œufs fur la place de l'accouple

« PrécédentContinuer »