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ment; au lieu de celle qu'on leur a préparée, ce qu'il faut éviter pour les raifons ci-devant rapportées.

D'un autre côté j'ai éprouvé de même que les femelles qui n'ont resté accouplées que trois ou quatre-heures & que je forçois à fe féparer, tardoient jufqu'à deux jours à pondre & ne faifoient que peu d'oeufs, dont la plûpart même étoient clairs, ou stériles.

Il y a un terme moyen à prendre que j'ai vû tenir aux perfonnes les plus expérimentées & que je crois le meilleur; c'eft de ne féparer les mâles des femelles que vers les cinq-à-fix heures du foir, c'est-à-dire, après neuf-à-dix heures d'accouplement : le plus grand nombre, jufqu'à ce tems-là, n'eft point encore féparé; la fécondation eft fuffifante; il n'y a tout au plus que les derniers œufs qui font ftériles; enfin après ce terme on défaccouple les papillons fans violence, ou fans des tiraillemens qui pourroient nuire aux organes de la femelle.

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J'ai dit que le plus grand nombre ne fe défaccouple pas avant les cinq-à

De la féconda

graines.

Ex heures du foir; cepedant quand la saison eft fort chaude, il y a des femel-> les qui fe fentant quelque befoin de pondre, viennent à bout de fe détacher du mâle & pondent quelques œufs; mais peu-à-près, elles fe prêtent aux careffes du premier venu & s'accouplent de nouveau.

Quelque-tems que le mâle demeure zion des accouplé, il n'eft pas probable que la liqueur qui féconde les œufs, fe porte fur chacun en particulier dans le labyrinthe immenfe de l'ovaire, ou de ce long boyau tortueux dont les œufs occupent tout le calibre & qui remplit luimême toute la capacité de l'abdomen: l'ovaire eft trop plein pour donner paffage à aucune liqueur ; d'autant mieux que l'œuf Y est probablement attaché par le germe, ou le petit point noir, que j'ai vû fur un de ses côtés, ce qui boucheroit encore mieux toute voie à la fécondation.

Il y a grande apparence qu'elle s'opére différemment & que la liqueur qui en eft le principe, eft mise en dépôt pendant l'accouplement dans un

réfervoir, tel que feroit celui de Tréfle dont nous avons parlé, d'où les œufs font à portée d'être humectés, à mefure qu'ils font pondus: chacun est fécondé au paffage au moyen du germe ou du point noir qui fe trouve alors débouché.

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C'est le fentiment du favant Malpighi, qui eft prefque démontré par l'obfervation fuivante. Je fis l'ouverture de deux papillons femelles; l'une fut faite avant l'autre après l'accouplement & quelques inftans avant la ponte; les œufs (qui dès le tems qu'ils font dans la chryfalide, ont déjà acquis tous à la fois tout leur volume & même leur confiftance) ne changerent point de couleur; il eft certain cependant , que ceux qui font fécondés, paffent infenfiblement, comme nous l'avons vû ailleurs, par différentes nuances, du jaune-citron, qu'ils ont d'abord, jufqu'au cendré & que les œufs ftériles confervent toujours leur premiere couleur.

La fécondation eft fuffifante au terme, à-peu-près, que nous avons affi

gné pour la durée de l'accouplement; la plupart des femelles femblent l'indiquer par les efforts qu'elles font alors pour se débarraffer du mâle, qui ne se prête pas de lui-même à cette féparation ; il faut aider la femelle & les prendre l'une & l'autre féparément par les quatre aîles à la fois; ils ne manquent pas de les redreffer & de les joindre enfemble lorfque la main fe préfente pour les faifir. L'on jette le mâle aux poules; fi l'on prévoit qu'on n'en manquera pas pour le lendemain ; & fur-tout fi l'on en a eu de refte ce jourlà, qu'on n'ait pas trouvé à appareiller; & l'on applique tout de fuite la femelle fur les lambeaux fufpendus de la ponte, ou fur les paquets de feuille de noyer.

Si l'on place ensemble fur ces lambeaux les deux papillons accouplés & qu'on les y laiffe fe défaccoupler (e)

(e) C'est ce qu'on pratique dans des pontes confidérables, où l'on deftine à la graine trois ou quatre cent livres de cocons; il s'en faut bien qu'on y regarde de fi près, que dans les pontes ordinaires, qui font mieux foignées. A mefure que les papillons des premieres éclo

rive que

d'eux-mêmes, outre les inconvéniens que nous avons déjà marqués, il arles mâles, qui n'ont accroché que foiblement la femelle, venant à fe détacher vont roder à l'aventure & détourner les femelles de la ponte, foit par le bourdonnement de leurs aîles qu'ils ne ceffent de fecouer en

fent, on les jette fur un grand rideau de laine ufé, qu'on a étendu à terre; lorfqu'il en eft tout couvert, on s'y met à deux pour le traîner par un bout, qu'on accroche tout étendu au haut du mur de l'appartement & à une hauteur fuffifante pour que le bas du rideau ne traîne à terre que d'environ un pied; c'eft là-deffus qu'on recueille les graines & les papillons qui tombent : ces derniers s'accouplent & pondent fur le rideau comme ils l'entendent ceux qui ne font pas à portée l'un de l'autre, ne s'accouplent pas : les autres fe défaccouplent d'eux-mêmes, meurent & tombent à terre l'on en retire beaucoup moins de graine, au prorata & il y en a beaucoup de ftériles. Cependant il y a toujours à gagner à faire pondre; indépendamment de la qualité de la graine, dont-on eft plus sûr; on vend quelquefois celle-ci autant qu'on auroit vendu les cocons entiers ; & l'on a encore les cocons percés, ou la filofelle quitte.

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