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fit defcendre la liqueur de mon Thermométre à 4 dégrés au deffous de zéro: il fe forma de la glace d'un doigt d'épaiffeur dans un gobelet d'eau placé tout auprès; cependant aucune de mes graines ne refta fans éclorre ; ce fut à la vérité fort irréguliérement & quelques jours après les autres, hivernées à l'ordinaire, ce qui eft le défaut des graines trop froidement hivernées & de celles qui fans avoir été expofées à la gelée, en ont été long-tems fort près.

Si au contraire, on expose la graine pendant l'été & l'hiver à une température trop chaude; il arrive, ou qu'elle commence à s'émouvoir (b) & à éclorre avant que le mûrier pouffe, & c'est autant de perdu, ou qu'elle s'émeuve dès-qu'on commence à la mettre à la paille où pour l'ordinaire on néglige

(b) On dit en termes de Magnaguerie que la graine s'émeut, lorfque le ver qu'elle contient s'y développe, qu'il y eft animé, & à la veille d'éclorre: on le reconnoît à la couleur de la graine qui s'éclaircit ou qui blanchit de plus en plus.

d'y regarder les premiers jours & d'y donner l'évent; & les vers qui en proviennent font fujets à la maladie des gras, ou la grafferie, comme nous le verrons ailleurs.

C'est ce qui arriva entre autres en 1756, où cette maladie fut générale: on avoit communément gardé les graines dans les mêmes endroits des années ordinaires, fans faire attention que les mois de Février & Mars avoient été affez chauds pour faire bourgeonner dès ce tems-là les mûriers, c'està-dire, un mois avant la faison ordinaire; & que la même chaleur (c) qui met en jeu la féve de ces arbres porte le mouvement & la vie dans les œufs des infectes qui s'en nourriffent.

Ne peut-on pas conjecturer de-là, qu'une des caufes qui contribuent à la réuffite que les vers à foie ont plus constamment dans les Montagnes que

(c) J'ai constamment remarqué que les Mûriers commençent à pouffer lorfque la chaleur marquée par le Thermométre a été pendant 15 à 20 jours de fuite environ au feizième dégré au-deffus de zéro ou de la gelée.

dans la plaine, c'eft que les graines font hyvernées plus fraîchement dans les premiers; & que c'eft pour cela encore, que la recolte des cocons eft meilleure dans tous les Pays, lorfque pendant l'Hyver & l'Eté qui l'ont précédée, on a joui d'une jufte température de chaud & de froid.

Mais quelle eft cette température qu'il convient de donner aux graines qu'on hiverne ? C'étoit aux expériences déjà faites à décider; il falloit les confulter: je ferois allé trop long-tems à tâtons dans celles que j'aurois pû faire au hazard. J'examinai comment fe comportoient ceux qui réuffiffoient mieux; & voici ce que j'observai dans les principaux ateliers d'Alais & à 10 lieues aux environs.

dont le

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Les bons Magnaguiers nombre eft petit, placent leur graine en Eté, d'abord après la ponte au fond d'un cofre qui eft dans un Celier, ou dans l'endroit le plus frais de la maison Lorsque le froid commence à fe faire fentir, ils pendent le paquet aux graines au plancher de la chambre

ces

à coucher, ou bien dans celle où ils font du feu pour leur ménage chambres font mal bouchées dans les Campagnes : l'unique fenêtre par où le jour vient eft le plus fouvent ouverte pendant le jour; la graine eft à un coin du plancher, loin de la cheminée & des ouvertures par où l'air & le froid peuvent entrer.

Lorfque la gelée furvient, on enveloppe le paquet, on l'attache au ciel du lit en-dedans & du côté des pieds: fi le mois de Février & Mars font chauds, on reporte le paquet à la place qu'il avoit en Eté, ou dans un autre approchant, felon le plus ou moins de chaleur qu'on éprouve. Nos Magnaguiers imitent en cela, fans le fçavoir, la prudence de la fourmi qui loge fes œufs plus haut ou plus bas en terre, felon que la faison eft plus ou moins rude.

L'on voit par cet expofé que la régle générale eft de s'accommoder au tems; & de plus, qu'il n'eft pas néceffaire pour hyverner les graines d'un dégré déterminé de chaleur; il fuffic

ici comme dans toute la conduite des vers à foie d'un à-peu-près : une plus grande précision, trop gênante pour les Magnaguiers, feroit outre cela fort inutile.

Si l'on vouloit cependant avoir quelque chofe de moins vague fur la chaleur que la graine reçoit dans les expofitions précédentes ; je dirai 1°. qu'à en juger, foit par eftime, foit d'après le Thermométre, elle eft le plus fouvent au dixième dégrés au-deffus de zéro. 2°. Dans les Etés les plus chauds elle a pendant le jour à la cave 15 à 16 dégrés de chaleur, qui eft la température ordinaire des endroits les plus frais des maifons au fort de l'Eté. 3°. Le froid qu'elle éprouve en hyver pendant les fortes gelées eft de 4 à 5 dégrés au-deffus de zéro.

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Il y a des grotes qui à une certaine profondeur ont conftamment l'hyver & l'été le même dégré de chaleur fçavoir du 10 au 12, à-peu-près comme les cavés de l'Obfervatoire de Paris: ces grotes, que je fuppofe féches & fpacieuses, feroient plus propres

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