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que nos caves, à l'hyvernage des graines en toute faifon, fans (d) qu'il fût befoin de leur faire changer de place depuis la ponte jufqu'à la couvée.

On pourroit ajouter aux précautions dont je viens de parler celle de ne détacher (e) la graine des lambeaux

(d) Mr. l'Abbé Nollet qui avoit lû dans ce Mémoire en manufcrit ce que j'y dis des giotes, me dit que c'étoit un ufage fort connu en Italie.

(e) Les Magnaguiers choififfent un beau jour pour détacher leurs graines: cette opération, qui eft fimple demande cependant de l'adresse, de l'ufage & beaucoup de patience, pour ne pas perdre de graine en l'écrafant ; on la fait fur un drap étendu à terre pour recevoir la graine qui faute loin. La façon ordinaire de s'y prendre eft de pofer fur le genou l'envers du lambeau d'étofe, ou le côté oppofé à la graine & de pouffer au-deffous de celle-ci une lame de couteau mince & émouffée, ou une vieille pièce de dix-huit deniers, qu'on tient à plat ou horifontalement pour mieux l'introduire entre l'étofe & la graine, fans entamer celle-ci, ni la tourmenter. On vient plus aifément à bout de détacher la graine en la prenant d'un certain fens qu'il faut chercher à tâtons.

d'étofe où elle a été pondue [comme nous le dirons ailleurs ] que quelques jours avant la couvée; elle s'y conferve beaucoup mieux, occupant de cette façon une plus grande étendue, elle ne rifque pas de s'échauffer (ƒ) comme lorfqu'elle eft long-tems en

un tas.

Ceux qui font dans un ufage con

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Si l'on a du loifir on ménage mieux la graine en employant d'autres inftrumens que les doigts; on prend l'étofe d'une main en la pliant à l'endroit où les graines tiennent & en tenant le pli entre le pouce & le doigt indice d'une main on tire alors de l'autre un des bouts de l'étofe pliée; la graine paffant fucceffivement par ce moyen au haut du pli, fe détache par cela feul plus qu'à demi; en continuant de tirer, elle s'en fépare entièrement & s'arrête entre les deux doigts qui ne la preffent que mollement.

(f) Un Magnaguier de ma connoiffance avoit 30 onces de graine en un feul paquet pendu au plancher de fa chambre : elle s'échauffa de façon, par cela feul qu'elle étoit détachée, & en un tas dans un endroit tempéré, qu'elle vint à éclorre d'elle-même 15 jours avant qu'il parût aucun bourgeon de mûrier; se qui fut autant de perdu.

traire, ne manquent point, s'ils en fçavent la conféquence, d'étendre la graine dans l'endroit où elle eft hyvernée : ils la gardent le plus fouvent dans des affictes d'étain recouvertes d'une affiete pareille, les matières folides telles que les métaux, ne font pas fi fujettes à prendre les variations du chaud ou du froid & confervent longtems la même température. La graine est même par-là plus à l'abri des Souris & des Teignes, qui autrement y font fouvent le dégât. Ceux qui laiffent leur graine collée fur l'étofe de la ponte, fe tiennent auffi en garde de ce côté; ils ne fe contentent pas de mettre l'étofe aux graines dans un fac, qui eft le plus fouvent fufpendu; ils y donnent encore un coup-d'œil de tems à autre pour voir fi tout eft en sûreté.

Il eft bon de fe fouvenir encore qu'en cherchant à garantir les graines d'une trop forte chaleur, on ne les expose pas à un nouveau rifque en les logeant dans un endroit fenfiblement humide; je fis périr fans retour

des graines, comme on l'a déjà vũ, en les fufpendant au-dedans d'une glaciere: une moindre humidité, fur-tout dans un petit réduit qui n'auroit point de foupiraux, fi elle ne tuoit pas le germe de la graine, pourroit au moins lui être nuifible & influer fur la fanté des vers qui en éclorroient.

Du renouvellement des graines.

On ne peut gueres douter que les vers à foye & la graine d'où ils fortent ne s'abbatardiffent par une fuite de générations dans le même attelier: il n'y a qu'une voix fur cela chez les Auteurs & chez nos Magnaguiers qui conviennent que paffé 3 ou 4 ans on apperçoit un affoibliffement fenfible dans leur bétail.

Nous en avons eu vers la fin du dernier fiécle un exemple mémorable dans cette Province, par le dépériffement où tomberent alors nos atteliers comme on défefpéroit après plufieurs années de mauvais fuccès de pouvoir arrêter le progrés des mala

dies, on arrachoit partout les mûriers comme un arbre inutile. Il nous en resteroit à peine quelqu'un de ce temslà, fans la fage prévoyance de M'. de Bafville qui défendit ( en 1692) sous les peines les plus févères une dépopulation auffi préjudiciable.

Il eft cependant à préfumer que la graine ne tend point de fa nature à dégénérer en si peu de tems, & que l'abbatardiffement des vers qui en proviennent ne prend fa fource que dans une fuite d'éducations mal-entendues & doit être rejetté sur l'inhabileté des Magnaguiers, puifqu'il y en a que j'ai vû réuffir affez fouvent depuis plus de 25 ans avec la même graine domestique, ou dont les générations s'étoient fuccédées dans le même attelier.

Ceux qui n'ont pas le même avantage, ou autant de talent doivent avoir recours au renouvellement de la graine comme au dernier reméde; & fe tenir en garde contre celles qui font portées à l'aventure des Pays éloignés ; ils s'appercevront, même dès la premiere année, d'un amandement notable dans

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