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de l'huile; en forte qu'elle fe flétric même dans quelques jours, à moins qu'on n'aît eu foin de la laver inceffamment dans de l'eau tiède. La même chofe arriveroit probablement avec les autres vins de Grece, ou d'Espagne & tous les vins liquoreux, felon qu'ils feroient plus ou moins [c] mieux.

Si le fuccès de cette forte de bain eft fi incertain, s'il y a au contraire beaucoup de rifque d'y employer un vin qui participe plus ou moins de la qualité de celui de Chipre ou du Mufcat, & s'il eft certain d'ailleurs comme je l'ai éprouvé, que les graines fans apprêt, mais bien hyvernées éclofent promptement, à la fois, & donnent des vers très-fains; que

(c) L'effet de ces vins fur la graine eft d'y laiffer un enduit de leur partie huileuse, qui ne lui nuiroit pas fi elle ne faifoit que d'en diminuer la tranfpiration, comme les vernis dont j'ai parlé ailleurs; mais cet enduit l'arrête entièrement ; cependant felon les expériences de Mr. de Reaumur, la tranfpiration eft abfolument néceffaire pour que le fœtus renfermé dans un œuf vive & vienne à éclorre.

faut-il conclure? fi ce n'eft que le meilleur apprêt c'eft de n'en faire aucun; c'eft auffi le parti que prennent bien des Magnaguiers qui avec cela réuffiffent très-bien.

Ce que j'ai dit jufqu'ici comprend à-peu-près, tous les foins que la graine exige avant de la mettre couver; mais avant d'en venir là il eft bon d'aider encore ceux qui entreprennent cette éducation à fe déterminer, fur le tems de la couvée, fur la quantité de graine qu'il faut mettre couver, fur le rapport entre la provifion de feuille de mûrier & celle de la graine; & enfin fur la manière de faire l'eftimation de la feuille dont il faut se pourvoir.

Dans quel tems on met couver.

Je ne m'arrêterai point à difcuter laquelle des deux faifons du Printems ou de l'Eté convient mieux dans ce Pays à l'éducation dont nous parlons; on a en tout tems donné la préférence à la premiere pour bien des raifons;

& quand il n'y auroit que celle de P'ufage, elle eft fuffifante dans cette occalion pour qu'on doive s'y conformer.

On peut avancer en général fur le tems du Printems où l'on met couver, que plus la couvée & l'éducation font hâtives, plus le fuccès eft afsûré: outre que les mûriers s'en trouvent beaucoup mieux, car étant dépouillés de meilleur heure de leur feuille, les fcions qu'ils pouffent enfuite, font plus longs & plus vigoureux.

Une autre maxime générale auffi certaine, c'est que la pouffée de la feuille de mûrier doit déterminer le tems de la couvée : l'on doit s'arranger de façon que le ver trouve en naiffant de la feuille tendre, proportionnée à la foibleffe de fes dents & à la délicateffe de fon eftomac. On dit communément que le Ver à foie doit venir comme la feuille, ou lorfque les premiers bourgeons d'un mûrier blanc bien abrié, ont paru & que les trois ou quatre premieres feuilles ont commencé à fe développer.

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Ne vero ante diem, fed tempeftiva creata
Sit foboles veto ne revoces in luminis

auras

Progeniem extinctam, attonfis cum gramina campis

Nondum ulla aut frondes apparent

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arbore nullæ

Ante nova incipiat morus revivifcere filvâ Neve fames teneris, neve obfint frigora alumnis. J. Vida Bombic. Lib. 1.

On feroit très-bien de se régler sur ces maximes reçues, fi les petites gelées [a] qui furviennent au moins de

(a) Lorfque les Auteurs de Magnaguerie qualifient le mûrier du titre d'arbre fage ils l'entendent fans doute, du mûrier noir appellé vulgairement mûrier de dame dont la feuille plus épaiffe rude au tou

cher & d'un verd foncé eft très tardive à pouffer; car pour le mûrier blanc, le feul prefque dont nous faifons ufage & dont les mûres noires, blanches, ou grifes font plus petites de moitié, fes bourgeons font auffi hâtifs que ceux de l'amandier & des autres arbres le plus décriés par leur imprudence. Le mûrier blanc eft même le feul de nos arbres dont la feuille foit plus fujette à être brouïe par les petites les petites gelées d'Avril parce qu'il n'eft peut-être pas comme eux dans fon pays natal, ou dans le climat qui lui eft propre.

quatre années l'une, dans la faifon où les vers à foie font prêts à éclorre, ou fort jeunes encore n'y mettoient un fâcheux obftacle. Le bourgeon de mûrier brouï jufque dans le cœur lorfque la couvée cft bien avancée & qu'on ne peut plus reculer, met dans la néceffité, ou de jetter la graine qui dans

Les mûriers font beaucoup moins expofés à cet accident, lorfqu'ils font éloignés des Etangs, des Rivieres, & qu'ils font au contraire fur des hauteurs, ou à couvert de la Bife. Ceux qui font plantés dans l'enceinte des Villes, des Villages & même dans la baffe-cour d'une fimple ferme de Campagne bien habitée, n'y font prefque pas fujets : ces endroits ont une Athmofphère d'air ou de vapeur plus chaude de 3 ou 4 dégrés que le grand air de la platte Campagne, où le froid eft toujours plus vif & fe fait fentir de meilleur heure. Cette Athmofphère s'étend même un peu au-dehors, fur-tout du côté du Midi & il n'y a point de doute que ceux qui auroient toute leur provifion de feuille à une pareille expofition, ou tout auprès., ne puffent mettre en toute sûreté leur couvée dèsque les bourgeons du mûrier commenceroient à poindre, foit que la faifon du Printems fût avancée, foit quelle fût reculée.

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