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ces occafions devient très-chere, ou bien de jetter les vers éclos: car il y auroit de l'imprudence de pourfuivre leur éducation , parce qu'on auroit quelque peu de feuille à l'abri : c'est une trop foible reffource lorfque la couvée eft confidérable; il faut prendre fon parti de bonne-heure & recommencer fur nouveau fraix : la feuille de mûrier une fois gelée, ne reparoît que 15 ou 20 jours après dans la faifon la plus favorable; & même la Bife retient fouvent les bourgeons par de-là.

Il n'y a point de difficulté ni de spéculation à faire, lorfque la faifon du Printems est reculée, que l'Hyver a été long & rude & que les mûriers ne commencent à pouffer que vers la fin d'Avril; il y a, dans ce cas, ya, à parier cent contre un qu'il ne gelera plus : on peut alors dans ce pays-ci mettre couver en toute sûreté dès les premiers bourgeons du mûrier & pouffer en même-tems les vers par le feu, comme nous le dirons ailleurs rantir des chaleurs de Juin &

les , pour

ga

afin de

fuivre la pouffée de la feuille qui fe fait alors par des progrés rapides.

Si cette pouflée ne commence que vers le milieu d'Avril, qu'on mette encore couver, quoiqu'il y ait un peu à craindre: mais vu l'importance dont il cft d'avoir une éducation hâtive, on doit hazarder au moins la moitié de fa graine.

Enfin lorfque la feuille qui a pouffé en Mars, vient à être gelée au commencement d'Avril, on doit encore fans contredit mettre la couvée, dèsque la feuille reparoîtra; parce que l'intervalle qui s'écoulera de la geléc jufqu'aux nouveaux bourgeons jettera la naiffance des vers à un tems où l'on n'a plus à appréhender de nouvelle gelée [a].

(a) On remarquera ici, que ce n'eft que dans les deux premiers cas dont j'ai parlé, qu'on a befoin de feuille hâtive: telle eft celle d'une jeune pépiniere bien expofée & dans un fonds, ou celle d'un gros arbre qu'on aura dans une baffe-cour, ou enfin d'un efpalier de mûrier à l'expofition du Midi. On peut encore fuppléer à ces différens moyens pour avoir de la feuille hâtive, en piquent de

la

Il faut fe comporter autrement lorfque l'hiver a été tempéré, & que faifon du printems eft avancée au point que les mûriers commencent à pouffer dans les premiers jours de Mars; l'hiver perd rarement fes droits il est tout naturel de s'attendre à une gelée qui fera périr la feuille & cette attente, fi elle eft longue, jette le Magnaguier dans l'embarras par l'in- • certitude du parti qu'il doit prendre ; il est dans un fâcheux défilé.

Commencera-t'il fa couvée, après avoir attendu quelques jours? Il peut encore être furpris par la gelée, & il s'expofe à perdre fa graine, ou s'il échape à cet accident il rifque de tomber dans un pire; il fuffit pour cela que la bife qui eft prefque immanquable dans cette occafion arrête pendant 15 jours la pouffée des mûriers; les vers avanceront cependant en âge, ils feront dans peu trop beaux pour que la tendreffe paternelle du Mag

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bonne heure en terre de jeunes fcions de mûrier au pied d'un mur expofé au midi & en les arrofant fréquemment.

naguier, les facrifie à fes vrais intérêts, en les jettant de bonne heure on différe d'un jour à autre, & insenfiblement le tems de la freze [b] arrive que la feuille n'a pris encore que la moitié de fa croiffance; le Vers à foye la mange en herbe & en confume la moitié plus; ce qui emporte le profit le plus clair, en rendant les cocons plus chers qu'on ne peut les vendre: on ne gagne dans cette éducation que par beaucoup d'economie; & celle de la feuille eft la principale.

Si d'un autre côté, on différe trop de mettre couver & que cependant, par un cas affez rare, tout le printems fe paffe fans gelée & fans bife, les arbres poufferont comme à l'ordinaire; les Vers à foye ne trouveront point en naiffant de feuille tendre qui contribue fi fort à leur fanté ; ils n'auront de plus, dans leur vieilleffe qu'une feuille dure & coriace qui en tue beaucoup enfin le tems de la montée [c]

(b) La freze, ou la brife, eft le tems du plus grand appetit du Vers à foie.

(c) C'eft-à-dire, lorfque le Vers à foie grimpe fur le rameau pour faire fon cocon.

arrivera dans les grandes chaleurs qui font périr par milliers ces infectes & dont il eft difficile de les garantir.

Entre ces deux extrêmes, il y a un milieu quoiqu'on hazarde encore en le prenant: mais de deux périls dont on eft preffé & qu'on ne peut éviter à la fois, la prudence exige de fe livrer au moindre avec précaution, ou à celui qui arrive plus rarement. Pour fe déterminer dans cette conjoncture, il faut d'avance avoir obfervé deux choses: en premier lieu quel est le temps du printems où communément il ne gele plus, & enfuite quel eft celui où la feuille de mûrier acheve ordinairement de croître & de prendre le point de confiftance & de maturité au delà duquel elle commence à durcir.

Dans ce pays-ci [à Alais ] lorfque la faifon n'eft ni avancée ni reculée les mûriers pouffent vers le milieu d'Avril : & la feuille des gros arbres a pris tout fon accroiffement vers le vingt ou le vingt-cinq de Mai; il eft d'ufage alors de mettre les couvées

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