de 25 à 30 livres de cocons. La différence de ces produits peut venir, d'abord, de ce que la graine en petite quantité eft plus exempte des accidens ordinaires à celle qui eft en un grand tas, foit lorfqu'on l'hyverne foit lorfqu'on la met couver. La premiere rifque moins de s'échauffer, fa tranfpiration eft plus libre, la graine en devient plus faine & elle éclor beaucoup mieux. En fecond lieu les Vers qui en éclofent font mieux foignés parce que l'attention & la vigilance du Magnaguier font moins partagées ; on ne multiplie pas proportionellement le nombre de ces ouvriers, à mesure qu'on augmente la quantité de leur bétail.

D'ailleurs on loge les Vers provenus d'une once de graine, dans le même appartement où il pourroit en tenir quatre ou au-delà. Ces infectes jouiffent par conféquent d'un air plus fain dans tous leurs âges, fur-tout à la freze & à la montée, où il leur eft plus néceffaire une quantité déterminée d'air qui n'eft refpirée que par

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dix perfonnes perd bien moins de fon reffort celle qui paffe par que les poumons de trente & qui fe charge de leur tranfpiration plus on met de prifonniers dans un cachot, plus on agrave leur peine; & enfin les maladies épidémiques regnent d'autant plus dans un Hôtel-Dieu qu'il eft plus rempli de malades.

C'eft d'après ces obfervations qu'on peut rendre raifon d'un Paradoxe, que le vulgaire oppofe avec complaifance, à ceux qui s'appliquent par leurs recherches à perfectionner cet art. Les plus ignorans, vous dit-on, y font quelquefois auffi experts que les plus habiles: cela peut être vrai pour les éducations, ou les couvées d'une ou de deux onces de graine; mais l'ignorant a toujours lieu de fe détromper : car il arrive que cette premiere épreuve qu'il fait des talens qu'il ne fe connoiffoit pas, pas, le rend moins timide pour une feconde couvée : le fuccès de l'once où l'on avoit mis par furcroît la pincée qu'on fe diffimule, est un appât féduifant pour la Campagne

d'après: on entreprend une éducation plus confidérable où l'on perd au moins, tout le profit de la premiere.

Il fuffit d'en être inftruit pour qu'on fe détermine à partager entre plufieurs ouvriers une éducation nombreuse, & à faire par exemple de 30 onces de graine, 3 lots pour autant d'éducations différentes. Car outre qu'il y a moins des rifques que trois Magnaguiers manquent tous à la fois, chacun travaillera mieux dans le petit district qui lui eft affigné, & l'émulation feule préviendra bien des négligences, qu'ils fe feroient permifes fans cet éguillon: on regarde trop à la dépenfe (a) fur cet article parce

(a) Nous donnons à un Magnaguier, avec la nourriture, depuis 12 jufqu'à 20 écus de gages, à proportion de leurs talens, ou de la prétention qu'ils y ont ; & cela, pour une Campagne, qui dure 40, ou so jours. Ou bien on leur laiffe les;, rarement le ; des cocons à la place de la nourriture & des gages: ce fecond parti vaut mieux & a moins d'embarras pour le Maître, fi le Magnaguier eft entendu il est trop intéreffé à bien faire, pour le négliger.

qu'il eft rare de bien entendre fes intérêts.

Rapport de la feuille de Mûrier à la graine de la couvée.

La feuille de Mûrier eft un objet affez confidérable pour ne fe charger (lorfqu'on l'achete, ou qu'on trouve à vendre de celle qu'on a) que de la quantité dont on a befoin qu'on mefure communément fur celle de la graine qu'on fe propose de mettre couver. Il n'est pas poffible d'établir un rapport de celle-ci à la feuille qui puiffe fatisfaire ceux qu'on a à inftruire, en difant fimplement, qu'il faut tant de pieds de mûrier , pour tant d'onces de graine: auffi les Auteurs varient fi fort là-deffus, que les uns demandent fix gros mûriers, ou 15 petits pour une once de graine, tandis que d'autres n'en exigent que 3 des gros. Mais outre que ces termes relatifs de petit & de gros ne déterminent rien, même à-peu-près, & peuvent chacun être appliqués à des

grandeurs très-différentes, les mûriers différent tant quelquefois pour le produit de la feuille, que l'un en fournira la moitié plus qu'un autre même groffeur & de même volume.

de

On doit donc avoir moins d'égard au nombre & à la groffeur des arbres, qu'à la feuille qu'ils produifent, pour établir le rapport de celle-ci avec la graine.

Ce rapport hauffe, ou baiffe, felon que la feuille eft plus ou moins chargée de mûres, & d'un autre côté felon que les Vers à foie font exposés fur-tout pendant la freze, au froid & à la bife qui allongeant plus que de coutume leur vie, occafionnent une plus grande confommation de feuille.

On auroit cependant, à peu de chofe près, ce rapport de la graine à la feuille, fi une quantité déterminée de graine, ou de vers qui en doivent naître produisent toujours une quantité déterminée de cocons; parce qu'on fait qu'il faut à-peu-près, 20 quintaux de feuilles pour avoir 100 livres de co