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cons (a): ainfi fi chaque once de graine rendoit toujours ce produit en cocons, comme il arrive très-souvent lorfque la couvée n'eft que d'une, ou de deux onces, on fçauroit, par exemple, que pour une couvée, ou chambrée de 10 onces de graine, il faut 200 quintaux de feuille.

Mais il n'en eft pas ainfi quand l'éducation eft plus nombreuse; la réuffite décroît comme la quantité de la graine, ou des vers augmentent, ainsi que nous l'avons déjà vû ; par conféquent, dans une couvée nombreuse, il faut plus d'une once de graine pour obtenir le produit qu'une couvée d'une feule once auroit donné; & il en faut d'autant plus, que la couvée fera plus confidérable : & ce qui augmente l'em

(a) Dans une chambrée de fept once de graine, dont je pouffai les vers au moyen du feu & de fréquens repas & qui me rendit's quintaux de cocons; je comptai qu'il ne m'avoit fallu que 17 quintaux de feuille, pour chaque quintal de cocons; ce qui eft un profit dans cette méthode dont je parlerai ailleurs. Mais, le rapport ordinaire eft de 20 quintaux de feuille pour 100 livres de cocons.

barras c'eft qu'il n'y a même rien de déterminé dans cette progreffion.

Il n'eft donc pas poffible d'établir un rapport fixe, entre la graine & la feuille de mûrier, pour une couvée un peu nombreuse. Pour aider cependant les commençans, que nous avons en vûe, à fe décider fur ce point, je vais leur donner pour modéle quatre fortes de rapports dont nos Magnaguiers expérimentés conviennent affez unanimement & fur lefquels roulent les éducations ordinaires: on pourra d'après ces termes juger par eftime de ceux qui ne font pas ici exprimés.

En fuppofant, difent-ils, que la couvée eft, 1°. d'une ou de deux onces de graine, 2°. qu'elle eft de 5 à 6, 3o de 10 à 12, 4° de 15 à 20. Il faut pour la premiere zo à 22 quintaux de feuille par once; pour la feconde 17 à 18 quintaux par once; pour la troisième 15 à 16 quintaux & enfin pour la quatrième une douzaine de quintaux par once & l'on fuppofe

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avec cela une bonne réuffite. Car files vers éclofent mal, s'ils font malingres.

& que les maladies gagnent, quand même les précédens rapports de la feuille feroient moindres, il y en auroit encore de refte.

Les Magnaguiers des Cévenes n'y regardent pas de fi près; ils mettent couver un tiers ou la moitié enfus de graine fur ce qu'ils ont de feuille ; & cela fans beaucoup de rifque; la fraicheur des Montagnes qu'ils habitent arrêtant la pouffée de la feuille, leurs couvées font plus tardives de 12 à 15 jours que celles de la plaine; & lorfque celles-ci viennent à manquer & à périr, ils Y vendent fort cher les vers qu'ils ont de trop ou bien ils attendent la fin de ces éducations manquées, pour acheter à bas prix la feuille qui refte; fi au contraire tout réuffit dans la pleine, les Cévenois n'y perdent guere; ils font encore à tems de jetter une partie de leurs vers avant qu'ils leur ayent fait beaucoup de dépenfe.

J'offre ici aux apprentifs un autre moyen pour fçavoir de bonne-heure, s'ils ont fuffifamment de feuille rela

tivement à leur bétail, avant la plus grande dépense qu'il en fera, & pour fe délivrer par-là des inquiétudes où ce doute pourroit les jetter. Il n'y a qu'à examiner ce qui refte de feuille après la quatrième mue: on convient affez généralement, que les Vers à foie en confument deux fois autant à la freze qui fuit cette mue, que dans tout le tems qui a précédé : par conféquent, fi fur le total de la partie de feuille qu'on a, il n'en refte pas encore les deux tiers à la quatrième mue, il faut s'en procurer de nouvelle ; fi elle eft cependant à un prix où l'on puisse encore gagner, ou bien vendre, ou jetter les vers les plus tardifs qu'on a de trop, fuppofé que la feuille foit à un (b) prix où l'on ne puiffe attein

(b) Le prix de la feuille eft toujours proportionné dans chaque Pays à la réuffite des Vers à foie qui s'y trouve la plus ordinaire; il est en quelque façon fixé dans celui-ci, à 3 ou 4 livres le cent pefant, lorfqu'on l'achete de bonne-heure, ou comme on dit à feuillemorte mais lorsqu'on attend vers la fin de l'éducation, ou lorfque le plus grand nombre

dre, ou que la confommation que les vers en feroient, excédât le profit qu'on pourroit retirer des cocons. Moyen Ce

de faire

tion de

fur l'ar

bre.

que nous venons de voir fur le l'eftima- rapport de la graine à la feuille fervila feuille roit de bien peu, fi nous ne déterminions la quantité abfolue de celleci fur l'arbre même, avant de la pefer & de la cueillir. On n'en juge que par eftime, ou à vûe; cependant les bons estimateurs ont le coup-d'œil fi jufte, que fur une partie de feuille de

:

en est à la freze, ce prix hauffe quelquefois jufqu'à 15 & à 18 liv. & cela, dans les années où il y a le plus de feuille & dans lefquelles elle n'a pas fouffert de la gelée au lieu que dans les années où il y en a le moins, le prix en eft fouvent fi modique qu'elle ne coute que 15 à 20 f. le quintal, ce qui paroît d'abord un Paradoxe, dont l'explication dépend de l'obfervation qu'on a faite, que l'abondance de la feuille eft fuivie de la réuffite des Vers à foie, par conféquent de l'abondance des cocons ; & réciproquement de la difette de la feuille avec la non réuffite des Vers à foie, parce que la température de l'air qui nuit à l'une, eft, fans doute, encore plus contraire à l'autre.

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