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200 quintaux, ils ne fe tromperont fouvent que d'un ou de deux.

On fe met dans peu au fait de cette eftimation par routine, lorfqu'on cft à portée de profiter des leçons qu'un homme entendu fera fur les arbres qu'il aura fous fes yeux, en marquant au doigt & à l'œil la quantité de feuille dont chacun est chargé, ou celle que plufieurs donneront ensemble, le fort portant le foible : mais quand on n'a pas cet avantage, on doit s'y prendre de la façon suivante.

On ne peut rien établir fur la groffeur de l'arbre, comme nous l'avons dit, mais feulement fur la maffe des branches ; & l'on doit alors avoir égard à la feuille plus ou moins drue, plus ou moins chargée de mûres : il n'y a qu'à cueillir pour la premiere fois, un mûrier bien garni jufqu'à ce qu'on ait, par exemple, 100 livres de feuille; on en cueille autant fur un autre, où elle foit clair femée; on examine la maffe du branchage cueilli, en divise par la penfée l'arbre entier on des maffes pareilles; ou bien fi les arbres

font trop petits, on en joint plufieurs qui équivaillent au volume donné ; & Fon a le nombre des quintaux de feuille qu'on vouloit connoître.

Lorfqu'on s'eft un peu exercé fur les arbres feuillés, on réuffit de même après qu'ils ont été dépouillés de leur feuille, & l'on détermine à peu de chose près en Hyver, la quantité qu'ils en reprendront le Printems d'après. Dans cette dernière façon d'eftimer, on a égard à l'âge, à la vigueur de l'arbre, à fon efpéce & fur-tout à la longueur & à la groffeur des derniers fcions qu'il a pouffés, les feuls qui donneront de la feuille. Il est naturel de penfer, par exemple; que de jeunes mûriers de feuille d'Efpagne, dont les scions on les jets de l'année font plus vigoureux que dans les autres espèces, foifonneront d'avantage que ceux d'un fauvageon, d'un vieux mûrier de petite efpéce, ou qui aura dégénéré dans un mauvais fonds & dont les fcions font courts menus clairfemés & abougris.

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Un fecond moyen plus court encore

que

que le précédent, mais qui n'est pas auffi sûr pour le diriger dans cette efti mation; c'eft qu'une toife cube de branchage bien garni de feuille, en rend à-peu-près cent livres.

Je borne ici ces inftructions préli minaires fur la couvée qui, à en juger par moi-même, lafferoient les Lecteurs, fi je les pouffois plus loin. Je me flatte cependant que les Amateurs, & fur-tout ceux qui voudront mettre la main à l'œuvre, me fçauront gré d'être entré dans ces menus détails & d'avoir furmonté l'ennui qu'ils entraî nent ce qui feroit un défaut dans tout autre ouvrage, fait un des principaux mérites de ceux de cette efpéce Je paffe à la feconde Partie ou à la dite. proprement

couvée

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DE LA COUVÉE

DE LA GRAINE.

SECONDE PARTIE.

De la couvée fpontanée.

NOU

la cou

Ous avons déjà vû que vée de la graine commence, à proprement parler, du jour qu'elle a été pondue les Vers à foie n'ont befoin d'autre chaleur pour fe développer que celle de l'air; & quand cette chaleur ne feroit même pendant le Printems, l'Été & l'Automne qu'aux mêmes dégrés d'un Hyver tempéré, nos infectes ne laifferoient pas d'éclorre d'eux-mêmes, quoique dans un tems plus long, & c'est ce que j'appelle, couvée spontanée.

La couvée artificielle dont nous parlerons plus bas ne fait qu'abréger ce terme; elle n'eft qu'un fupplément à la premiere qui a précédé, mais il eft indifpenfable & ne doit être employé

que fur le pied de fupplément: enforte que la couvée fpontanée doit toujours précéder; ce n'est que dans cet ordre que ces deux fortes de couvées fe prêtent un fecours mutuel; l'une fans l'autre feroit peu utile pour le Couveur ou le Magnaguier, & elles le feroient également étant placées dans un ordre renverfé.

La couvée fpontanée feroit, dis-je, peu utile, fi elle n'étoit fuivie de l'artificielle : en effet une longue expérience a appris que les Vers à foie éclos d'eux-mêmes, fans le fecours de l'art, ne répondent jamais à l'attente du Magnaguier & ne le dédommagent point quelque belle apparence qu'ils ayent) des foins qu'il en pourroit prendre; j'en ai fais bien des fois l'expérience, & il y a peu d'années où le hazard n'en fourniffe lorfque les graines éclofent inopinément.

Mr. de la Nux me marquoit qu'on ne faifoit aux fles de France & de Bourbon que des couvées de cette efpéce où l'on ne trouve de profit, que parce qu'elles durent toute l'année &

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