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Six lignes

longueur

DU VER A SOIE

AU SORTIR

DE LA SECONDE MUE.

Troifieme âge.

A couleur des Vers à foie au fortir de la feconde mue est d'un bai

:

clair celle du mufeau, qui étoit d'un noir luisant dans les deux âges précédens, eft devenue dans celui-ci d'un grifâtre mat, comme il le fera dans les fuivans, & outre cela il paroît deux ou trois fois plus gros qu'il n'étoit immédiatement avant la mue. C'est à ces caractères qu'on peut diftinguer & reconnoître les Vers de cette mue au moins dans les premiers jours: car à mefure qu'ils mangent, la couleur baie de la peau s'éclaircit & elle blanchiť par degrés jufqu'à la freze fuivante.

Un autre caractère qui diftingue

que

les Vers de cet âge des précédens c'eft dès les premiers repas qu'on leur a jetté on entend un bruit fourd qu'on prendroit pour celui d'une bruine ou d'une petite pluie & qu'on croît être celui des dents des Vers lorfqu'ils rongent la feuille. Ce bruit n'eft cependant produit que par le mouvement de leurs pattes, ou des crochets dont elles font garnies, lorfqu'ils fe détachent d'une place pour s'accrocher à une autre : ce qui eft fi vrai, que lorfqu'ils ont gagné le haut de la feuille & qu'ils commencent à fe fixer pour manger, le bruit diminue, ou ceffe même entiérement.

Les Vers à foie ont à cet âge plus de chemin à faire pour gagner le haut de la feuille parce qu'on la leur fert prefqu'entiere, ou qu'on ne la découpe qu'en de grandes piéces : on ne doit cependant pas fe difpenfer de choisir la plus tendre, non-feulement pour les deux premiers jours qui fuivent la mue, mais pendant le refte de l'âge ; il n'eft pas néceffaire qu'elle le foit autant que dans les précédens; parceque le Ver acquiert plus de vigueur à

mefure que la feuille prend plus de confistance: mais il n'y auroit pas de mal quand elle le feroit autant; trop de négligence fur cet article produit une maladie fort ordinaire aux Vers à foie appellée la Grasserie, ou la maladie des Gras que nous allons faire connoître.

Cette maladie fe déclare plus comDe la munément au tems de la feconde mue maladie des grase & dans le troisième âge : les Vers qui en font atteints refusent de s'aliter avec le reste de la troupe pour muer: ils continuent de manger tandis que les Vers fains perdent l'appétit ; ils groffiffent auffi d'avantage, ou plutôt ils s'enflent & leur peau devient luifante par la tention comme ceux qui s'apprêtent à muer: mais il y a cette différence que le corps de ces derniers a acquis un peu de tranfparence en fe vuidant; celui des autres demeure opaque & de couleur verdâtre, à cause de la feuille ou de la mangeaille qui s'y est entaffée : ils ceffent enfin de manger; l'humeur ou la limphe qui leur tient lieu de sang ne circule fans

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doute qu'avec peine; elle s'altére & fe corrompt par le repos joint à la chaleur la peau de l'animal prend une nuance jaunâtre qui eft celle de la limphe : cette humeur claire & limpide dans l'état de fanté, mais devenue trouble & purulente comme de la fanie, tranfude à travers la peau qui en devient toute gluante; il en laiffe des traces fur fon paflage; il court, il falit les autres Vers qu'il rencontre & fon corps rapetiffe d'autant; il perit enfin deux ou trois jours après la mue de fes camarades.

C'est la feule maladie [a] dont fasse mention le Poëte Vida: on peut en voir une defcription énergique dans les Vers fuivans.

Protinus elucet languentibus aurea pellis, Deinde tument, turpifque animis ignavia venit Defidibus. Tandem rumpuntur, & omnia retro Inficiunt tabo : fanies fluit undique membris.

(a) Parce que c'eft prefque la feule qui foit propre aux Vers à foie élevés au grand air, tels que l'étoient probablement ceux du tems de Vida les autres maladies font des fuites des autres méthodes qu'on a fuivi depuis.

Les autres Auteurs de Magnaguerie paffent tous legérement fur cette maladie & fur les autres qu'ils englobent fous la dénomination vague de Vers malades, , pour lefquels ils prescrivent, fans autre façon, le même traitement; & le tout fi fuccintement, que je n'ai pû trouver chez-eux fur la maladie préfente, aucune forte d'obfervation & j'ai été réduit uniquement à celles que javois faites dans mes éducations. Ces obfervations fe trouvoient mêlées dans mes recueils avec beaucoup d'autres fur les différentes parties de l'œconomie animale du Ver à foie; je n'étois prévenu d'aucune hypothefe, lorfque je les jettois fur le papier; aucune d'elles en particulier ne m'éclairoit fur ce que je cherchois; ce n'a été qu'en les raffemblant & le comparant l'une à l'autre que j'ai crû avoir découvert non-feulement les différentes causes

éloignées de la maladie des gras, mais même l'altération que ces caufes produifent dans les humeurs & dont cette maladie eft une fuite naturelle.

Je me borne dans ce Mémoire à rap

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