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porter ce qu'il y a de plus effentiel à Içavoir, qui font ces différentes causes éloignées, parce que ce fera indiquer en même-tems les précautions qu'il y a à prendre pour en prévenir l'effet me réservant d'exposer dans le Mémoire fuivant quelles font ces altérations ou la caufe prochaine & immédiate de la grafferie.

La maladie des gras prend fon origine. 1°. Dans la couvée. 2°. Dans la qualité de la feuille. 3°. Dans une certaine température de l'air lorfque le Ver tire à la fin de sa vie, ou à fon dernier âge.

1o. Dans la couvée. J'ai déjà remarqué ailleurs que les Vers à foie provenus d'une couvée fpontanée font conftamment attaqués pour la plus grande partie de la maladie des gras; & cela arrive également foit qu'ils éclofent fans le fecours d'une couvée artificielle, foit qu'ils en ayent eu

une

mais de courte durée, parce que les graines ont été hyvernées trop chaudement; enforte que la plus foible chaleur ait fuffi pour les faire éclorre.

J'ai cent obfervations fur cela, lef qu'elles jointes à mes expériences propres ne me permettent pas de douter que ce ne foit une des caufes de cette maladie; puifque je l'ai toujours vû fuivre de pareilles couvées.

Je me contenterai de rapporter fur cela ce que m'écrivoit l'habile obfervateur de l'Ifle de Bourbon déjà cité : il laiffoit éclorre fes Vers d'eux-mêmes à la feule chaleur de l'air & il marquoit que cette maladie qu'il caractérifoit très-bien par fes fymptomes étoit la plus fâcheufe de toutes pour fes Vers à foie; qu'elle duroit chez-lui toute l'année & qu'elle fe déclaroit principalement à la feconde mue.

J'ai de plus remarqué bien des fois que les Vers à foie provenus de graines couvées à la chaleur animale & qui avoient été parconféquent à portée d'une humidité chaude fans être foignées à propos, avoient moins de gras fans comparaison que ceux des couvées fpontanées; mais qu'ils en avoient beaucoup plus que les Vers éclos à une étuve, ou à la chaleur du feu, d'en

viron vingt degrés du Thermométre ou au-deffus, & qu'il n'y a prefque pas de gras dans ces dernieres.

On a vû dans le précédent Mémoire les foins qu'on doit avoir des couvées faites à la chaleur animale, toujours accompagnée de la transpiration du corps, l'attention continuelle à ouvrir les nouets, & d'en faire exhaler la vapeur infenfible, pour se garantir des gras qui fuivent toujours la négligence de cette pratique.

Cela est si vrai, que je n'ai point vû regner cette maladie parmi les Vers dont le Magnaguier m'assûroit d'avoir remué la graine à toute heure, & que je n'en ai point eu dans mes couvées faites au feu, où la graine eft éparpillée de façon que l'humidité se dif fipe & ne croupit point autour de l'œuf. Enfin j'ai vû plus ou moins de gras à proportion qu'on a remué la graine & ouvert le nouet; & comme il arrive que le plus grand nombre des Couveurs manque à cette pratique, on ne s'en acquitte qu'imparfaitement, le plus grand nombre auffi a fes

Vers entichés de la Grafferie. Lorfque cette maladie a paru dans quelqu'âge que ce foit, il y en a toujours dans les âges fuivans, mais les gras de l'efpéce dont nous venons de parler qu'on peut appeller, gras de couvée, n'effrayent pas les Magnaguiers pourvû que les malades foient rares dans cet âge-ci; c'est un accident auquel ils s'attendent, qu'ils regardent comme inévitable, & qui n'apporte pas un préjudice notable quoiqu'il revienne à tous les âges fuivans.

2o. Nous avons dit que la qualité de la feuille pouvoit influer fur cette maladie, ou être une des caufes qui la produisent.

De la

feuille

Celle qui eft jaunie par le froid en eft foupçonnée, & le Peuple y voit d'autant plus de vrai-femblance que les gras tiennent un peu de la couleur de cette forte de feuille : il est trèsvrai que dans les années où l'on en de mûdonne de pareille aux jeunes Vers à nie par foie il y a y a beaucoup de gras tains atteliers : mais je fçais, d'un autre côté,que certains Magnaguiers n'en ont II. Partie

dans cer

H

rier jau

le froid.

eu que rarement & fort peu, lorfqu'ils ont été forcés de fervir cette feuille, faute de meilleure. La feuille jaunie ne donne donc pas infailliblement & par elle-même cette maladie ; ou fi elle peut l'occafionner, il y a apparence que ce n'eft que dans les Vers d'un mauvais tempérament, & qui s'y trouvent d'ailleurs difpofés par une couvée, ou une éducation négligée.

Il eft certain que le Ver à foie dédaigne dans fa jeuneffe la feuille jaune, à moins que la pluye ou la rofée ne lui ayent fait peu-à-peu reprendre fa couleur naturelle; elle eft peut-être jufqu'alors peu nourrie; elle manque de fucs, ce qui la rendroit plus féche & d'une confiftance plus dure; or je ne doute pas que la feuille de mûrier qui oft durcie jufqu'à un certain point & qui n'eft pas proportionnée de ce côté à l'âge des Vers, n'occafionne à ceux qui s'en nourriffent la maladie dont nous parlons, pour peu que d'ailleurs ils y ayent de difpofition: voici comment je m'en fuis afsûré.

Je voulois fçavoir à quoi m'en te

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