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fo'n de

jeunes

à

ce qui eft mieux encore, en le fixant
au moyen
de pattes ou de harres,
quatre ou cinq pieds loin du feu.
C'eft fur un ou plufieurs porte-
clayons que nous tenons les Vers à
foie non-feulement dans leur premiere
jeuneffe, où il est question de les éga-
lifer ou appareiller; mais pendant le
refte du premier âge & jufqu'à la fecon-
de mue inclufivement. Ce meuble occu-
pant peu d'efpace eft moins embarras-
fant dans une petite piéce qu'on échauf-
fe plus aisément & à moins de fraix.

Les Vers à foie ne s'en portent que Du be- mieux quand la faifon eft froide & chaleur que la bife fouffle; il faut cependant pour les les mettre à l'abri du froid qui leur Vers. eft très contraire dans leur jeuneffe; non-feulement il prolonge inutilement leur vie, ce qui occafionne une plus grande dépenfe de feuille; mais de plus en fe blotiffant fous la litieré où le froid, les retient, un bon nombre y devient retrait & chétif & ne peut plus fe remettre. C'est ce qui fait périr à cet âge la plupart des Chenilles, fous les replis même de leur duvet, ou des toi

S

les dont elles enveloppent leur nid. Si les jeunes Vers à foie n'ont que de la fraîcheur, elle ne leur nuit pas; ils s'entaffent feulement par pelotons, ce qui paffe pour un figne de fanté, mais refufant abfolument de manger, ils n'avancent pas, ce qui les fait reculer dans un fens très-réel; car fi l'appétit ne leur a manqué qu'un feul jour, leur mue en eft retardée de deux de plus dans tous les âges : les Magnaguiers comptent toujours là-deffus & ne s'y trompent pas.

L'expérience leur a appris de bonne heure que ces Animaux avoient befoin de chaleur dans leur jeuneffe; l'Auteur même de la Nature femble avoir indiqué ce befoin, en couvrant cet Infecte de poils feulement à cet âge : mais il n'y a rien déterminé fur le degré : j'ai vû donner plus ou moins de chaleur avec un fuccès égal: il y a même des Magnaguiers qui réuffiffent, pour ainsi dire, dans les deux extrêmes.

J'ai été dans un attelier où l'on élevoit le produit d'une once de graine dans un cabinet d'une toife en quarré,

les jeunes Vers n'y avoient d'autre chaleur que celle de la température de la piece, à la vérité bien calfeutrée; on les régaloit feulement une fois dans la matinée d'une ou deux poignées de thim qu'on brûloit encore dans la cheminée,& cette éducation traitée dans ce goût-là aux âges fuivans, venoit à bien & duroit cinquante ou foixante jours. Tandis que d'autre part j'ai tenu une année mes Vers pendant les deux premiers âges à une chaleur de trente à trente-deux degrés, pareille par conféquent à celle des jours les plus brûlans de l'Eté; ils réuflirent très-bien, & commencerent à filer dès le vingtquatrième jour de leur naissance, c'està-dire, dans la moitié moins de tems que les précédens.

Les bons Magnaguiers tiennent un jufte milieu entre ces deux extrêmités : dès le commencement de l'éducation, tems auquel la fraîcheur de la fin d'Avril & des premiers jours de Mai se fait fentir, ils font affez de feu pour avoir chaud eux-mêmes, ce qui peut revenir à la chaleur du dix-huit au vingt-qua

triéme degré du Thermométre paffé le
premier & le fecond âge, ils en font fuf-
fifamment
pour ne point sentir de fraî-
cheur, quoique vêtus à la legere ou mê-
me en chemife, ce qui peut faire mon-
ter le Thermométre du quinze au dix-
huitième degré par conféquent point
de degré fixe, comme le prétendent,
certains faifeurs de Thermométres; car
l'on comprend que cette régle du sen-
timent change felon que le corps eft
difpofé, on peut cependant s'y tenir
en toute sûreté en admettant des ex-
ceptions que la prudence doit fug-
gérer.

de la cha

Les Magnaguiers apprentifs ou imprudens font du feu, comme de raifon, Danger lorfque la bife fe fait fentir & que leur du leurs Vers tranfis rentrent dans la li-feu. tiere & refusent de manger, mais la peur d'un mal leger les conduit dans. un pire; ils bouchent tout avec une exactitude fcrupuleufe fans faire attention que leur bétail eft peut-être logé dans une pièce étroite & fous un plancher bas, fouvent de plâtre & fans iffues i en réfulte une chaleur forte

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& étouffée, (a) qui venant à se rabati tre fur les Vers à foie, leur devient tôt ou tard mortelle felon qu'ils en ont été plus ou moins affectés ou que la chaleur a eu de force & de durée : ils portent quelquefois dans un âge avancé le germe d'une maladie dont nous parlerons à l'article du second âge, tems où les effets de cette imprudence font plus fenfibles.

Lorfque les Vers à foie meurent dans peu de jours de cette maladie, on dit vulgairement qu'ils ont été brûlés; quoiqu'ils foient réellement en état, fans aucun rifque pour leur vie ou pour leur fanté, de fupporter une chaleur deux fois plus forte que celle où ceux qui périffent, font communément expofés.

Il eft donc important, & c'eft un des points les plus effentiels de toute l'éducation, de ménager avec pru

(Le Thermométre ne fert de rien pour connoître, fi l'on peut s'exprimer ainfi Pétouffement de cette chaleur ; le fentiment feul en peut juger & en mefurer le degré toujours proportionné à celui de la chaleur.

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