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deux repas de feuille coupée menu, qui couvre d'un bon travers de doigt les Vers à foie & qu'on joint à une chaleur de feize à dix-fept degrés, lorfqu'on donne trois repas à cette température, on perd beaucoup de feuille que le Ver ne fauroit manger; fon appétit étant proportionné, comme nous l'avoit dit, à la chaleur qu'il reffent; cependant la feuille se flétrit & s'entaffe fous les repas fuivans ; elle eft alors fujette à s'échauffer & à moifir, ce qui ne peut manquer de nuire aux Vers à foie fi l'on n'a foin

de changer ou d'enlever cette li

tiere.

L'on doit noter encore, que la perte de feuille qu'on fait dans les commencemens eft confidérable, les bourgeons renfermant fous un petit volume une branche en un fcion entier, qui fe feroit développé ; ce qui eft une nouvelle raifon d'ufer d'œconomie en donnant à manger aux jeûnes Vers à foie.

Il vaut mieux imiter ceux qui donnent trois repas de l'épaiffeur; cha¬

cun d'un travers de doigt & à des intervalles à peu près égaux; ensorte qu'on en ferve un de grand matin, avec de feuille cueillie de la veille & gardée fraîchement; le second a midi; le troifieme avant de fe coucher, & qu'on joigne à cela une chaleur de dix-huit à vingt degrés : dans ce dernier cas le premier âge dure neuf à dix jours & quinze dans celui d'auparavant.

Ce premier âge est toujours plus long que les fuivans avec une chaleur égale & un pareil nombre de repas; il ne paroît pas cependant que le Ver croiffe à proportion d'avantage dans ce premier période de fa vie; ce qui eft un phenoméne dont je n'ai pas cherché à deviner la raifon.

On eft, au refte, bien-tôt au fait de la dose de feuille qu'il faut donner relativement à la chaleur, en observant files Vers ont rongé le repas qu'on leur a fervi à l'heure où il faut leur en donner un nouveau s'ils l'ont criblé comme de la gase, en nè

laiffant que les nervures: il faut alors, en laiffant fubfifter la même chaleur, ajoûter à la dose, ou plutot augmenter le nombre des repas.

L'expérience m'a appris qu'avec une bonne chaleur il falloit laiffer chommer moins de tems les Vers à foie & qu'on leur faifoit un bon tempérament dans leur jeuneffe, en leur donnant de plus petits repas, mais plus fréquens; j'avois l'exemple des Chinois qui, au rapport du pere Duhalde, ou de l'auteur dont il donne l'extrait, fervent de la feuille à leurs Vers pendant le premier jour de demi-heure en demi-heure & qui les réduifent le fecond jour à vingtquatre repas ou d'heure en heure. Je me fuis borné à un leger repas de deux en deux heures, pour le premier jour, & dans l'éducation hâtée où je donne vingt-fept à vingt-huit degrés de chaleur; j'en donne fix le jour fuivant où la chaleur eft moindre; & je m'en tiens à ce nombre pour le refte de cette éducation: j'augmente de jour en jour la dose à mefure que le Vers à

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foie croît en âge & en appétit, & cette derniere pratique eft fuivie par les Magnaguiers qui ne donnent en aucun tems que trois repas, ou depuis la naiffance des Vers jufqu'à la montée.

Mes Vers mangent en quatre ou cinq jours que dure le premier âge de cette éducation autant que ceux qui

y

demeurent neuf à dix jours; peutêtre même que les miens confument plus de feuille; il eft fûr cependant qu'ils en dépenfent moins; parce que rien ne fe perd; il ne refte que les nervures qui fe defféchent aifément & il en refte que la litiere, qu'on peut réduire en poudre en la frottant entre les mains aura à peine un pouce d'épaiffeur à la premiere

mue.

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A l'égard de la dépense en feuille que les Vers peuvent faire pendant toute l'éducation, j'ai calculé l'épargne qu'il y avoit à faire par une éducation prompte ou hâtée fur les éducations ordinaires en comparant le produit en cocons de ma chambrée avec le produit égal d'une autre

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& je trouvai que j'avois de moins ; ou que je gagnois trois ou quatre quintaux de feuille fur chaque quintal de cocons; & fi l'éducation a été un peu confidérable, le furplus de dépense qu'on fait en bois à brûler, dans un pays où il est à un prix médiocre, emporte tout au plus le quart du profit qu'on fait fur la feuille.

Je reviens aux repas de nos Infectes; on croiroit qu'il eft fort indifférent par quelle forte de perfonne le premier doit leur être donné; point du tout, dit un Auteur Italien, que des François ont copié : il recommande fort férieufement que ce repas foit présenté des mains d'une fille, jeune, vierge & gentille (h) mais ces qualités fe trouvant rarement réunies dans une même perfonne, il faudra bien que nos infectes s'en paffent & que les Magnaguiers prennent ce foin euxmêmes : nous leur donnerons fur ce fujet les avis fuivans.

(h) Giova non poco (dit un Mantouan nommé Livantio) a queflo animalino gentile, che gli II. Partie

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