Images de page
PDF
ePub

En premier lieu pour obliger les Vers à foie qui ont paffé la troisieme mue, à mieux profiter de la feuille; lorfqu'on leur donne peu de chaleur, il faut remuer & retourner celle du dernier repas une heure après qu'on la leur a jettée; c'est comme fi on leur en fervoit de nouvelle; ils commencent à en ronger les débris fur-tout fi l'on réveille en même-tems le feu des foyers & qu'on excite un peu de fumée, la litiere diminue d'autant & elle feche mieux.

per

Secondement lorfque les Vers font fort jeunes & qu'ils font fuffifamment clairfemés, il ne faut pas répandre la feuille des repas au-delà de l'aire qu'ils occupent, parce qu'ils s'étendent par-tout où il y en a & que lorfqu'ils font trop éparpillés, ce qui fait dre beaucoup de feuille, on a de la peine à les refferrer. Il y a plus d'inconvénient encore lorfque les Vers font devenus plus gros, fi l'on jette de la feuille trop-près du bord des tables & qu'on n'ait pas foin de la fia il primo cibo miniftrato dalle mani di giovine pulite donzelle virgine.

ranger vers la litiere, & de balayer même le crotin pour rendre ces bords nets, les Vers vont s'y précipiter & périffent on eft le maître du champ qu'on veut leur donner; ils ne paffent pas au-delà de la litiere ou du crotin qui est pour eux la même chose (¿).

(i) Une fois que le Ver à foie a touché la feuille de mûrier, il ne la quitte plus de fa vie, que dans deux ou trois occafions que j'aurai foin de marquer, à moins qu'il ne foit atteint d'une maladie mortelle : j'ai effayé d'en expofer à un foleil brûlant, les uns fur un morceau de leur litiere, ou des restes de leurs repas; les autres fur une place nette, ou fur la terre nue; ces derniers fe mirent à fuir à toutes jambes pour chercher un abri contre la chaleur qui les incommodoit, leurs compagnons au contraire paroiffoient cloués fur le petit morceau de litiere où je les avois mis; la chaleur les ayant fait devenir rougeâtres, ils s'agitoient violemment & cherchoient à s'échapper en étendant toute la longueur de leur corps au-delà de cette espéce d'Ifle; mais il falloit pouvoir pofer le pied fur de la feuille de mûrier, fous quelle forme qu'elle pût être & rien n'étoit à portée; retenus par un instinct irrésistible, ou attirés puiffamment par la litiere, ils fouffroient & s'expofoient à périr plutôt que de l'abandon

Troifiémement enfin quand on 2 jetté la feuille du repas, il faut regarder un quart-d'heure après s'il y a des clairières, c'est-à-dire, des endroits où la feuille eft trop-clair femée, pour en jetter de nouvelle aux Vers qui en manquent & ne pas plaindre fur cela fon tems ni fa peine; fur- tout

[ocr errors]
[ocr errors]

ner; on eût dit d'un charme, ou d'un fort qu'on leur eût jetté. Cette propriété admirable dont on ne s'avife guere & qui rend fi facile l'éducation de nos infectes, leur a fans doute fait donner la préférence fur les autres Chenilles qui auroient également pû produire de la foie; mais il falloit cet inftinct qui fournit un moyen de les retenir enfemble dans une place déterminée & de les faire vivre en fociété.

Nous avons une Araignée des champs qui enveloppe fes œufs d'un très-beau peloton de foie; mais on n'a rien connu qui fût propre à fixer ces Infectes, pour les élever plufieurs enfemble on fçait les tentatives de Mr. de Reaumur pour tirer parti de cette découverte de Mr. le Préfident Bon; il eût été indifpenfable d'enfermer ces animaux farouches dans des boëtes pour les empêcher de fuir; & ils fe feroient encore dévorés entre: eux fi chacun n'avoit eu fa prifon parti

[ocr errors]

culiere.

dès le commencement où elle contribuera beaucoup à mettre l'égalité qu'on défire dans la taille & la groffeur de tout ce bétail.

caufes de

Vers à

Si malgré le foin qu'on a pris de Autres répandre uniformément la feuille pour l'entaffeque les Vers croiffent également, ils ment des viennent cependant à s'entaffer l'un fore. fur l'autre & à fe nuire mutuellement, il restera à examiner fi l'entaffement n'eft point occasionné, soit par l'inclinaifon de l'aire qu'ils occupent, foit par le froid, & enfin la chaleur & la lumière qui vinffent plus d'un côté que d'un autre.

Nous avons vû que nos Infectes quittoient les petites éminences qui fe rencontroient dans la litiere pour gagner en foule les petits enfoncemens; ils fe comportent de même dans tous les âges, lorfque les clayons & enfuite les tables où on les place penchent sensiblement plus d'un côté que d'un autre; tout fe porte peuà-peu vers le côté le plus bas ; & ils ne s'arrangent uniformément, que quand l'aire ou la place eft à-peu-près

dans une fituation horifontale. Lorfque le froid se fait sentir aux jeunes Vers, ils fe ferrent naturellement l'un contre l'autre & fe mettent

par pelotons, moins pour fe réchauffer; car j'ai tout lieu de croire qu'ils n'ont point de chaleur propre & intrnféque, mais pour mieux conferver le peu de chaleur qui leur reste. Si le froid augmente, ils se tiennent cachés dans la litiere; la feuille qu'on leur jette ne les attire pas; il faut commencer par les réchauffer pour les faire fortir & les mettre en jeu avant de leur fervir à manger.

La chaleur & la lumiere qui ne viennent que d'un côté produifent le même effet, c'est-à-dire, l'entaffement vers un feul côté, mais par des voies contraires: la chaleur attire nos jeunes Infectes, la grande lumiere les fait fuir, à moins que l'un & l'autre ne viennent du même endroit; alors l'attrait de la premiere l'emporte & les Vers vont fe ramaffer dans la partie de l'aire la plus chaude.

Quand bien même les Vers à foie

« PrécédentContinuer »