Images de page
PDF
ePub

n'auroient point d'yeux comme le Effee d vulgaire le leur reproche (k) injufte- jour fur

(4) Je le penfois autrefois avec ce vulgaire ; cependant comme j'avois remarqué depuis, qu'on ne détournoit pas aifément une Chenille (du même genre que nos Vers & dont les organes doivent être feulement plus parfaits, pour n'être pas affujettie à une éducation domestique) qu'on ne la détournoit pas dis-je, du chemin qu'elle avoit pris une fois & que celles qui font tombées d'un arbre y reviennent en droiture quelqu'éloigné que foit le tronc; & qu'enfin notre Chenille foyeuse, en particulier, fe comportoit quelquefois comme

elle voyoit ; je penfai qu'elle avoit des yeux ou quelqu'organe équivalent, dont le fentiment fût auffi délicat ; pour m'en éclaircir, je choisis un des plus gros Vers du dernier age; je parcourus avec une bonne loupe, mais fans efpoir de rien trouver, ces taches de la tête qui imitent fi bien des yeux, & par leur forme & par leur pofition, mais qui font placées fur une partie molle; au lieu que tous les Infectes les ont fur une partie dure & immobile, telle que l'écaille faite en calote du bout du mufeau de notre Infecte: ce fut en effet dans cette partie que je trouvai les véritables yeux, s'il faut en juger par la parfaite reffemblance qu'ils ont avec ceux des autres Infectes: j'en ai compté douze ramaffés en deux petits

grand

les Vers à foie.

ment, il ne feroit cependant pas étonnant qu'ils fuffent fenfibles aux impreffions de la lumière, puifque le

pelotons, dont il y en a un de chaque côté, à la bafe des machoires de l'Animal. Ce font de fort petits grains bruns, hemifphériques & d'un poli luifant : ils font très diftincts & reffemblent parfaitement à ceux des Araignées ou des Scorpions, avec cette différence que les yeux des Vers à foie ont une pupille noire & que la cornée qui la couvre paroît être plus relevée que le refte de l'hémisphère. Les yeux des uns & des autres font fimples & différent par-là de ceux des Mouches, des Papillons, &c. qui font compofés, ou dont le globe eft chagriné & contient des milliers d'yeux.

Ceux de nos Vers à foie font rangés de chaque côté fur deux lignes; il y a quatre de ces petits grains rangés en arc & les deux autres font au-deffous à côté l'un de l'autre. Au refte, il doit paroître moins étrange, d'avoir les yeux à côté de la bouche comme nos Infectes, que de les porter derrière la tête & même fur le dos comme le font les Scorpions & les Araignées.

Depuis cette petite découverte j'ai sçû que l'illuftre Mr. de Reaumur avoit remarqué, feulement fur la Chenille du Tithymale quelque chofe, dit-il, qui reffembloit à des

[ocr errors]

Polype d'eau, douce un des Infectes le plus privé de fens & auquel on n'a rien découvert qui eût du rapport à celui de la vue, recherche cependant la lumiere, felon l'observation de M'. Trembley. On fçait d'ailleurs combien la lumiere du jour ou du foleil direct, font capables de faire des impreffions très-fenfibles & des altérations fur les corps mêmes inanimés, fans que l'air y ait aucune part.

Indépendamment de ces raisons de poffibilité, ce qui peut lever tous les doutes fur le penchant des Vers à foie vers l'obfcurité, & faire juger qu'ils ne font pas destinés à vivre au grand jour ; c'eft que le Papillon qui en provient, eft de ceux que les Na

yeux, pour moi j'ai vû ces petits grains, fur toutes les efpéces de Chenilles qui me font tombées fur la main, auffi diftinctement que ceux des Vers à foie, mais différemment arrangés; enforte qu'on pourroit caractériser les efpéces de Chenille, par le nombre & la fituation des yeux, plus sûrement que par les couleurs, ou par les noms des Plantes fur lef quelles elles vivent.

Le grand

nuire au

foie.

turalistes appellent Phalenes, ou Pa pillon de nuit: d'où l'on doit conclurre que le Vers à foie lui-même est un Infecte nocturne : il eft dans le cas de bien des Chenilles, qui livrées à elles-mêmes & fous les feules loix de la nature, vivent dans les ténébres de la nuit & fuyent la lumiere. Cette feule obfervation fournit, je penfe, l'explication du Phénoméne rapporté ci-devant, ou de l'averfion naturelle du Vers à foie pour la lu

miere.

Quoiqu'il en foit de cette aver fion ou de cette fuite dont les Magjour peut naguiers ne s'avisent guere, (1) quelVers à ques uns ont reconnu que leurs Vers réuffiffoient mieux dans l'obscurité qu'au grand jour, & que s'il y avoit des morts ou des malades dans une chambrée, ils étoient plus fréquens dans l'endroit le plus éclairé & visà-vis d'une fenêtre : on a conclu delà, que l'entaffement des Vers étoit

(1) Un feul Auteur Italien dit fur ce fujet, Il raggio dal Sole ad effi noce; il raggio della Luna è peggiore.

le moindre des inconvéniens de la lumiere & qu'elle pouvoit influer tout autrement par elle-même, fur leur fanté auffi ai-je obfervé dans bien des endroits que les plus habiles Magnaguiers bouchent entierement le jour à leur bétail, & ne le foignent péndant toute l'éducation qu'à la foible lueur d'une lampe. Cette pratique s'accorde avec l'inftinct de nos Infectes & l'on doit raisonnablement fuppofer que l'auteur de la nature n'en a point mis d'inutiles dans les animaux & qui ne tendent au contraire à leur confervation.

En bouchant au furplus les ouvertures par où le jour peut venir, on a l'avantage de faire à fes Vers à foie un climat particulier dont on régle plus à fon gré la température dans des tems de pluye, dans des pays froids, humides & marécageux où l'on a à craindre de l'intempérie, ou des influences de l'air extérieur. Si cependant l'on vouloit éviter la petite dépense en huile que cette pratique entraîneroit, on peut ouvrir un voler

« PrécédentContinuer »