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connu, on peut partir de-là pour indiquer, toujours à-peu-près, le rapport qu'il doit y avoir, dans un tems donné entre l'accroiffement des Vers & la place ou l'aire qu'ils occupent, & s'afsûrer par ce moyen, fi les Vers profitent, ou bien s'ils dépériffent, fi l'on en doit augurer bien ou mal & enfin s'ils méritent qu'on poursuive leur éducation: car on ne peut connoître dans les deux premiers âges s'il y a du dépériffement, que par la diminution du total ou ce qui revient au même, dans fa permanence dans le même état, ou dans le même efpace qu'il occupoit on n'apperçoit point à cet âge les Vers morts ou malades; petits & menus par eux mêmes, rappétiffés encore par le defféchement; leurs cadavres couverts par la feuille des repas qu'on leur jette fe perdent ou fe confondent dans la litiere qui eft devenue à-peu-près de même couleur.

Ce rapport de nos infectes (convenablement éclaircis) à la place qu'ils doivent occuper, confifte en ce que II. Partie

E

ceux qui font provenus d'une once de graine (poids de table) s'ils font bien éclos, & s'ils profpérent bien, doivent remplir un de ces quarrés de papier dont nous avons parlé; & cela dès le commencement du premier âge, ou d'abord après qu'on a raffemblé les levées des différens jours de la naiffance. Ce quarré d'une feuille entiere a environ quinze pouces de long fur douze de large: & cette même quantité arrivée à la veille de la premiere. mue, ou d'abord après, doit remplir au moins un clayon entier, dont nous avons déjà vû les dimenfions, ce qui fait un efpace à-peu-près triple du premier.

Je n'ai pas exactement fuivi ce rapport d'accroiffement dans les âges fuivans, mais on tient ici communément qu'il eft encore triple à la fin du fecond âge,ou au commencement du troisieme, & feulement double dans les âges fuivans, même dans la meilleure réuffite.

Ce que j'ai dit du produit d'une once, on peut l'appliquer à celui de plufieurs, avec cette différence cepen

dant que ce rapport, pour fi bien qu'on réuffiffe, diminue à mefure que l'éducation eft plus nombreuse, on en a vû la raifons dans le Mémoire précédent; & s'il y a encore, comme nous venons de le voir, une diminution dans l'accroiffement, pour les trois derniers âges; on doit, je penfe, en attribuer la cause à la différente pofition où se trouvent les Vers à foie; étant alors plus gros il leur faut plus d'efpace; il eft plus difficile de leur procurer un climat artificiel auffi fain que celui du premier âge, où ils n'occupoient qu'un petit efpace & de les garantir de l'humidité, de la chaleur du dehors devenue plus forte & des autres intempéries de l'air.

On a depuis long-tems calculé que fi tous les Vers à foie, d'une once de graine venoient à bien, ils produroient au-delà de deux cent livres de cocons; au lieu d'environ cent qu'on en retire dans la meilleure réuffite.

foin de

Les Magnaguiers qui donnent peu Du bede chaleur à leurs Vers à foie & beaucoup de feuille, ce qui eft le plus or

déliter

dinaire, font fujets à voir la litiere s'épaiffir fous leur bétail & doivent être plus attentifs à en prévenir les mauvais effets : le reméde eft de déliter plus fréquemment, ou d'enlever la litiere, lorfqu'elle acquiert plus de deux doigts d'épaiffeur, ou lorfqu'en y paffant la main par-deffous on la fent humide; il ne faut pas différer, ni attendre qu'elle moififfe. On délite de deux façons dans les deux premiers âges, ou en enlevant entierement la litiere, ou en n'en retranchant qu'une partie, ce qu'on appelle la châtrer. Manie- Si au befoin de déliter fe joint celui d'éclaircir, on enleve tout à fait la litiere. On prépare pour cet effet des clayons garnis de leurs papiers qu'on a fait fécher au feu, de même que les clayons, s'ils ont déjà fervi : on jette fur les Vers du clayon à déliter un bon repas de feuille entiere; une demiheure après, ou lorfque les Vers l'ont gagnée & rongée à demi : on prend du bout des doigts les queues de la feuille, ou des trochets, pour les placer avec les Vers dont ils font char

re de le

faire.

gés fur les clayons préparés; on arrange les paquets de Vers, on les efpace comme il a été dit ci-devant en laiffant un espace vuide autour de l'aire qu'occupent les Vers pour qu'ils s'étendent par-là à mesure qu'ils croîtront.

Nous avons déjà vû qu'un Vers à foie, bien fain ou qui n'eft pas maléficié n'abandonne jamais la feuille de mûrier où l'on l'a mis une fois; il la quitte cependant dans cette occafion, ou lorsqu'on pofe les paquets fur les nouveaux clayons, ou fur les aires qu'on forme de l'ancienne : quelques Vers des bords des paquets s'en éloi- よ gnent de deux ou trois lignes; mais c'cft fans conféquence; & c'est une des exceptions à la régle; on n'a qu'à jetter uniformément fur la nouvelle aire un repas de feuille hachée & ces prétendus fugitifs s'emprefferont de la gagner comme les autres.

Tous les Vers à foie du clayon délité n'ont pas grimpé fur la feuille qu'on leur a présentée; il en reste encore fur la vieille litiere, qu'il faut ramaffer s'ils font fains & qu'on n'en air

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