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Premier âge du Vers à foie.

à foie

On augure bien ou mal de la réuffite des Vers à foie felon la couleur Couleur qu'ils apportent en naiffant : on en des Vers diftingue à cet égard de trois espéces; naiffans. les roux, les cendrés & les noirs. Ce n'est point la peau de l'infecte qui porte ces couleurs; elles font propres aux poils (a) dont il est tout couvert

fance & finit à la premiere mue. Le fecond comprend l'intervalle de la premiere mue jufqu'à la feconde & ainfi des autres. Il y a cinq âges, ou cinq époques de fa vie depuis la naiffance jufqu'à la montée, & il n'y a que quatre mues dans le langage ordinaire, on ne diftingue bien que les mues & l'ordre qu'elles fuivent & non l'intervalle d'une mue à l'au tre, ce qui eft fujet à des équivoques : car lorfqu'on dit, par exemple, que les Vers font à la premiere, on ne fçait bien souvent celui qui s'exprime ainfi veut parler du tems qui précéde la premiere mue ou de celui qui fuit immédiatement avant la feconde.

(a) Ces poils font rangés fur trois lignes le long du dos de l'infecte & font difpofés par toupets qui portent fur un égal nombre de petites verues: celles-ci difparoiffent peu

A;

& hériffé en naiffant, à-peu-près comme la chenille du Maronier d'Inde : & ce qui eft fingulier, cette différence de couleur vient du degré de chaleur que les œufs ont à la couvée, quoique les Vers foient d'ailleurs de même efpéce & qu'ils foient provenus d'œufs d'une même ponte.

La couleur rouffe eft la plus décriée parmi les Magnaguiers du commun les Vers à foie, felon eux, ne paroiffent roux ou rouges, comme ils les appellent, que pour être nés pendant la pleine lune qui se montrant rouge à fon lever, ne peut manquer de communiquer cette couleur à nos infectes, & les rendre malfains s'ils viennent à éclorre dans cette circonftance : ces bonnes- gens s'arrangeant en conféquence pour éviter la pleine lune. Je ne me fuis jamais apperçu, ni les Magnaguiers fenfés que j'ai confultés, de ces malignes influences : j'ai eu deux

à -peu comme les poils, dont on ne voit plus que la racine dès la fin du fecond âge, ou au commencement du troisième, à moins d'y regarder avec une loupe.

ou trois fois des Vers roux à la naiffance parce que j'avois pouffé à deffein la chaleur de la couvée au-delà du trentième degré; ces Vers cependant réuffirent très-bien; ils réuffirent de même en 1755 dans les Cévenes où les Magnaguiers ayant été furpris par la pouffée rapide de la feuille de Mûrier, voulurent regagner le tems déjà bien avancé, en forçant la cha leur des couvées.

Nous avons vû ailleurs le feul inconvénient qui réfulte de ces couvées, lorfque la chaleur trop forte n'a point été cependant étouffée, car dans ce cas elle produit à coup sûr les fâcheux effets dont nous parlerons dans peu.

La couleur cendrée des Vers naiffans paffe avec raison pour être la bonne, fi elle n'eft même la meilleure & indique un bon tempérament. Cette couleur résulte du blanc & du noir dont les poils font mi-partis; on les diroit légèrement poudrés avec de la cendre les Chinois la comparent à celle des Montagnes qu'on voit dans un lointain. Les poils de nos Vers

prennent cette couleur lorfque la chaleur de la couvée a été ordinairement du vingt-cinq ou trentième degré du Thermométre.

Enfin la couleur naturelle, & cependant la pire de toutes, quoique quelques Magnaguièrs s'en contentent, c'est la noire, ou plutôt un brun foncé tirant fur le noir : c'est celle des Vers éclos à une couvée fpontanée ou prefque fpontanée: on ne doit faire, comme nous l'avons dit, aucun fonds fur ces Vers; ils traînent à la naissance, aux mues, à la montée, où ils n'arrivent qu'à peine après avoir diminué de plus de la moitié.

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Si la couvée a été bien faite couleur des Vers fera toujours bonne; il s'agit feulement de les bien foigner dès les premiers âges; les foins qu'ils exigent alors font d'autant plus gênans & difficiles, qu'ils font minutieux & qu'ils roulent fur de très petits objets mais la peine qu'on prend dans les commencemens en épargne beaucoup dans la fuite; c'est de-là dépend en partie le fuccès de l'édu

carion.

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Nous avons vû les raifons pour ne pas mettre la feuille de mûrier immé diatement fur la graine, lorfqu'il s'agit d'en détacher les Vers à mesure qu'ils éclofent: on place fur l'étoupe ou fur le papier criblé, des bourgeons entiers de feuille de mûrier, la plus tendre, telle que celle de jeune fauvageon: celle qui eft trop avancée ou trop vigoureuse tue fouvent beaucoup de Vers à la naissance. On range principalement les bourgeons fur les bords de la boëte ou du corbillon à éclorre, pour arrêter les Vers qui fans cela s'éparpilleroient, gagneroient le dehors de la boëte & qu'on auroit beaucoup de peine à ramaffer: fi la graine & les Vers ont une chaleur fuffifante

on peut fe contenter de cette bordure quoiqu'elle laiffe des vuides & des paffages & ne rien mettre au milieu lorfqu'il n'y a que peu de graine.

Les Vers à foie cherchent toujours par un instinct naturel à gagner le haut ou le-deffus de tout ce qui les couvre, fi le froid ou quelque maladie ne les retient: ainsi dès qu'ils font éclos ils

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