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de refte: on refferre pour cet effet cette litiere en la pliffant fur le clayon même en jettant enfuite quelque peu de feuille fur les plis, les Vers épars çà & là vont s'y rendre, fur-tout fi le clayon a une chaleur fuffifante; dès que tout cft ramaffé ou à peu de chose près, on porte ces derniers venus pour les joindre à leurs camarades. (m)

S'il n'eft question que de châtrer la litiere ou d'ôter de l'épaiffeur, on le fait Com- en beaucoup moins de tems & fans châtre la plus de peine. On prend la litiere à litiere. deux mains par un des bouts pour la foulever à la fois, faifant enforte qu'elle ne fe déchire, tandis qu'on la foutient par-deffous avec le papier du clayon: alors on en fait rabattre ou tomber une moitié fur l'autre, en la pliant en deux. Pour faciliter l'opération & empêcher en même-tems que les Vers des deux côtés ne fe mêlent, je mets une feuille de grand papier lissé

(m) Cette litiere de jeune feuille étant féchée & mife en réserve, est un bon mets dont les cochons s'accommodent volontiers en

hiver, lorfqu'on manque de nourriture plus fucculante pour leur faire des buvées.

dans le pli; une moitié de la litiere fe présentant de cette façon par-deffous ou à l'envers, on en fépare aifément un lit ou une couche qui foit la moitié ou environ de l'épaiffeur : cela fait, on remet cette moitié à fa premiere place en la prenant par-deffous le papier liffé ou du côté des Vers & lon opére fur l'autre de la même maniere. Les différentes parties de la litiere étant liées & entrelacées dans les commencemens, foit par l'affaiffement, foit par les fils de foie que les jeunes Vers ont filé, on la manie tout d'une pièce & fans la féparer pour peu qu'on y apporte d'attention & d'adreffe.

On obfervera encore fur cela, premierement que quand on a délité ou changé la litiere & que les Vers ont eu enfuite deux repas, ils rifquent moins de paffer à travers les trous du clayon & de fe perdre: on peut alors tirer les papiers de deffous la litiere qui fera de cette façon plus expoféc à l'air & moins fujette à l'humidité.

En fecond lieu, dans les bonnes éducations ordinaires on fe contente

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zes.

de châtrer la litiere une ou deux fois, felon le befoin, d'une mue à l'autre pendant les deux premiers âges; & on ne l'enleve entierement qu'après la mue, à moins qu'on ne faffe une forte chaleur, telle que je la donne dans mes éducations promptes ou hâtées; car je n'ôte alors la litiere d'aucune façon comme on le verra après que j'aurai parlé de mue, qui fe préfente ici naturellement, après la defcription que je viens de donner des principales opérations à faire pendant la jeunesse des Vers à foie. Je commence par ce qui précéde la mue.

Des pe- La mue est toujours précédée par un redoublement d'appétit qui croît à chaque âge proportionnément à la groffeur du Vers & qui commence à chaque fois par degrés & finit de même. Lorfque cet appétit eft à fon plus haut période, le Ver mange autant & plus en un jour que dans tout le refte de l'âge, s'il eft bien fervi par la chaleur & par la vigilance du Magnaguier. Ce tems d'appétit eft appellé, petite Freze dans les quatre premiers âges, pour la

diftinguer de la grande, du dernier. La petite Freze du premier âge dure ordinairement un jour, celle du fecond un & demi, celle du troisieme deux, celle enfin du quatrième deux jours & demi, ou environ à proportion toujours de la chaleur qu'on donne, des repas qu'on fert & de la fanté dont les Vers jouiffent.

Le Ver à foie est très expéditif dans fes repas aux petites Frezes & avertit par-là le Magnaguier d'en fervir un nouveau, d'en augmenter la dofe & de pourvoir au befoin qui le preffe. Ce furcroît de nourriture que prend le Ver à foie eft moins pour l'aider à foutenir le jeûne auftere qui doit fuivre, ou le travail qu'il va entreprendre, que pour procurer à fon corps une abondance de fucs qui lui donnent une tenfion, ou une enflure indifpenfable au changement qui doit s'y faire.

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mue.

La mue qui fait la féparation des De la âges du Ver à foie n'est meil ou un tems de repos ; c'est un état de langueur & d'un travail pé

nible: il s'agit de fe dépouiller d'une furpeau qui ne croiffant pas comme le Ver, commence à le gêner & ne fauroit enfin le contenir plus longtems; il y va de fa vie s'il ne peut en venir à bout; cet état revient fix fois pendant la vie du Ver, quatre avant de filer & deux au-dedans du cocon: (n) il en vient chaque fois à ce terme dans des intervalles plus ou moins longs, felon qu'il eft plus ou moins hâté pour prendre la mesure d'aliment néceffaire à l'accroiffement de chaque âge.

Le Ver à foie travaille à fe dépouiller ou à muer d'abord après la Freze : la révolution qui commence à s'opérer fous fa peau lui ôte peu à peu l'envie & le pouvoir de manger & d'aller; dès qu'on s'en apperçoit, il faut retrancher de la dofe des repas qui épaiffiroit pour le moins inutilement

(n) Je ne parle ici que de l'efpéce ordinaire de Vers à foie la feule que nous élevions il y en a une autre, affez rare, dont nous parlerons ailleurs, qui n'a que trois mues hors du cocon.

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