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cocons ordinaires : il eft vrai, qu'il faudroit dans ce cas, la moitié plus de rameaux, ce qui feroit pourtant un petit inconvénient, dans les endroits où l'on en feroit à portée &

Les deux Vers des cocons doubles travaillent chacun féparement, fituées de façon que la queue de l'un eft tournée vers la tête de l'autre ; l'ouvrage eft cependant uni & bien lié; & les deux tâches femblent être du même ouvrier.

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Il y a une chose remarquable parmi les doubles; c'eft que dans une chambrée où il y aura autant de cocons blancs que d'orangés ou d'incarnadins on ne voit jamais de cocon double mi-parti, ou dans lequel ces deux couleurs foient mêlées : les doubles blancs, font de cette couleur en-dedans & en-dehors & il en eft de même des cocons doubles des autres couleurs; cependant ces couleurs ne font que des variétés qui changent d'une année à l'autre, comme nous le verrons ailleurs. Nos fileurs cherchent donc à s'affocier non-feulement avec une fileufe, mais avec celle dont le fil fera de même couleur & ne fera point de bigarure avec le fien; pour cette fois-ci, nos ouvriers n'ont qu'à faire ufage de leurs yeux; car on diftingue très-bien à la vue lorfqu'ils font mûrs, ceux qui feront un cocon blanc, d'avec ceux qui le feront orangé.

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où par cette raison ils ne couteroient

guere.

véniens

Il y a un juste milieu à prendre Incon fur le tems où l'on doit ramer les Vers à ramer à foie fi on le fait trop-tôt, ou avant trop tôt la maturité des Vers & lorfqu'il faudra les fervir long-tems encore, on ne jette pas avec autant d'aifance fur les tables (ainfi embarraffées) la feuille des repas; fur-tout lorfque les cabanes font baffes & étroites, comme elles le font le plus fouvent, & avec des rameaux mal arrangés. De plus, la litiere a le tems de s'entafler & on ne la retire de deffous les Vers cabanés qu'avec beaucoup de peine; enfin l'air des cabanes est toujours plus étouffé; parce qu'il peut moins circuler dans l'entrelas des rameaux, c'est pour cela qu'il ne faut y laiffer féjourner les Vers, que le moins qu'il eft poffible.

La raifon que donnent les Magnaguiers, pour ne pas ramer trop-tôt les Vers à foie & pour leur donner de l'air autant qu'on le peut, c'eft, difent-ils, que dans la maturité la foie leur cause une chaleur inteftine qu'il

faut chercher à tempérer : ils entendent, par la foie, la gomme qui doit le devenir; mais rien de plus hazardé que l'opinion de cette prétendue chaleur. Zes Vers Il n'en eft point des infectes, au à foie moins de celui dont nous parlons, point de comme des autres animaux : les

n'ont

chaleur

foit pro

pre.

qua

qui leur drupedes & les oifeaux ont une chaleur qui leur eft propre, indépendante de celle de l'air qu'ils refpirent & ordinairement plus forte; puifqu'ils ne pourroient vivre long-tems dans un air qui feroit auffi chaud que leur corps, ou que le fang qui l'anime: au lieu que le Ver à foie n'a d'autre chaleur, comme je l'ai éprouvé, que celle de l'air où il vit : il eft à cet égard précifément comme les végétaux ; fa durée & fes accroiffemens font exactement en raifon du degré de cette chaleur extérieure, dans tous les périodes de fa vie & en particulier lorfqu'il eft dans la maturité ; j'en ai appliqué plufieurs fois dans cette circonftance, à la boule d'un Thermométre fort fenfible, que je tenois fufpendu fur une des tables, & je n'ai jamais vû la li

queur

queur monter le moins du monde audeffus du point où elle étoit [c]. La chaleur que les Vers à foie peuvent avoir de plus dans la maturité que dans les âges précédens ne vient que de l'air ordinairement plus chaud dans la faifon où elle arrive, ou de la litiere entaffée qui s'échauffe; ce qui peut altérer les humeurs du Ver & les faire tourner vers l'alkalefcence.

vénient

tard.

Les inconvéniens de ramer trop-tôt, Incon font d'une moindre conféquence, que aramex celui de faire trop tard cette opé- trop ration le Ver à foie inftruit : par la nature court fur les tables lorfqu'il eft mûr, pour chercher une place pareille à celle qu'il trouveroit fur les

(c) Si l'on trouve ces Infectes ou chauds, ou froids en les tâtant du revers de la main, c'est toujours relativement au chaud, ou au froid qu'on éprouve foi-même, ou au plus, ou moins de denfité du corps du Ver : c'est ainsi qu'en maniant deux boules qui ont été long-tems à la même température & dont l'une eft de marbre, l'autre de bois, celleci paroîtra plus chaude que l'autre, quoiqu'elle ne le foit pas plus. L'épreuve du Thermométre feroit connoître l'erreur.

III. Partie

H

arbres où il étoit diftiné à filer; cependant en cherchant, en différant, les refforts de fa peau, fi néceflaires pour cette manœuvre s'affoibliffent pour être trop long-tems tendus; la tranfpiration que la chaleur fait exhaler de fon corps & que rien ne remplace, le fait décroître par la tendance continuelle de fa peau à fe contracter en tout fens : le tems de la Métamorphofe arrive; le Ver s'accourcit & sc change en Fêve, ou Chryfalide fans avoir filé; ou il ne fait tout au plus qu'une toile inutile; ce qui eft fouvent pour le maître une perte notable, caufée par cette forte de Vers appellés courts. Vulgairement courchos.

C'est pour prévenir les courts, que quelques Magnaguiers, qui ont des chambrées confidérables [ dont ils ne font qu'une claffe, pour être plutôt hors d'embarras, ] paffent par-dessus les confidérations que nous avons rapportées & fe mettent à ramer dès les premiers Vers mûrs, ou tournés qu'ils apperçoivent. Ce qui peut les autorifer à cela, c'est que lorfque les Vers à foie

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