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on peut en juger par l'effort qu'il faut faire, ou par la difficulté qu'il y a à détacher du rameau, ceux qui y tiennent déjà & encore mieux par l'expérience fuivante.

ces fur

la mon

J'avois des Vers à foie mûrs & prêts Expéà filer; j'en appliquai une vingtaine fur périenles pieds de quelques rameaux; tan- le bruit dis qu'ils grimpoient, je me mis à pendant battre vis-à-vis d'eux, fur une gran- tée, de caiffe de Tambour. Je battis longtems & à grands coups de baguettes, tout en retentiffoit dans l'appartement; aucun des Vers de mon expérience ne fit mine de s'appercevoir feulement de ce tintamarre; ils pourfuivoient tranquillement leur chemin & ne parurent pas plus troublés que fi je leur avois chanté une chanson.

Le lendemain quelques uns de ces mêmes Vers avoient déjà formé la premiere gafe de leur cocon; d'autres jettoient les fils de la bave; il y en avoit enfin qui étoient fans rien faire, quoique perchés comme les autres j'en appliquai de nouveaux au pied des mêmes rameaux, comme le

jour précédent & qui étoient tout auffi mûrs; je repris brufquement mes roulades fur la caiffe; mes Vers bien-loin de tomber paroiffoient plus animés, les uns à gagner le haut du rameau, & les autres à filer.

Je fis plus; pendant les roulades, on tira à deux pieds des rameaux & un peu de côté, un coup de pistolet bien chargé ; j'avois l'œil fur mes Vers; aucun de ceux qui montoient, ne fut pas même ébranlé de cette violente fecouffe; ceux qui filoient ne fe détournerent pas & je vis le lendemain que tous avoient bien travaillé ; que leur cocon étoit entierement formé, fans qu'il parût que le fil fût rompu, ou au moins, que l'ouvrage eût difcontinué.

Après cela on conviendra, je crois, le bruit d'une caiffe, dans le cas que rapporté, eft plus fenfible, ou produit de plus forts ébranlemens dans l'air celui de fix de ces mêmes inftrumens, dans un éloignement de vingtcinq à trente pieds, fur-tout lorfque ce dernier bruit, qui est passager, est émous

que

fé par l'interpofition des mûrs & des volets de l'attelier il faut en dire autant du coup de Pistolet, comparé à celui du canon; ainfi ce n'eft ni un bruit quelconque, ni celui du Tonnerre qu'il faut accufer des accidens dont nous avons parlé: on ne doit s'en prendre qu'à la qualité dont l'air eft affecté pendant les tems d'orage; qualité que nous avons ci-devant connue fous le nom de Toufe: les exhalaisons fulphureufes dont l'air eft alors chargé, le rendent moins propre aux fonctions vitales de nos Infectes plus sensibles de beaucoup, que les autres animaux aux bonnes, ou aux mauvaises impreffions de l'air ; ils en deviennent languiffans; c'eft par défaillance qu'ils tombent du haut du rameau ; ils ne font dans cet état que foiblement accrochés & la moindre chofe eft capable de les jetter par terre.

Le feu clair, ou de flamme dont nous Préferavons vû ailleurs les bons effets eft

vatif

contre les orages pen

encore ici un bon préservatif: il ne faut pas attendre pour en faire, que dant la l'orage fe foit déclaré par les Eclairs montée.

Effets

fums.

& le Tonnerre; car alors une bonne partie du danger eft paffé; ces météores détruisant à mesure qu'ils paroiffent la cause du mal, par l'inflammation des exhalaisons qui en font la

matière.

Il faut auffi fermer de bonne-heure, ou lorsque le tems fe couvre, les portes & les fenêtres, fi l'on les avoit auparavant ouvertes pour donner de la fraîcheur à l'appartement; mais je fuppofe qu'en bouchant tout, il y ait beaucoup d'efpace vuide au-deffus des tables; ou bien, des échapées pour la chaleur, qui feroit plus fatale encore à nos fileurs pendant l'orage; elle les jetteroit dans la mufcardine, fi elle étoit quelque-tems renfermée. Au défaut d'échappemens & d'une hauteur fuffifante, il faudroit tout ouvrir, faire peu de feu & beaucoup de parfums.

Les parfums des plantes odorifédes par- rentes, telles que le Thim, la Lavande & le Romarin, celui de la poudre à canon, de l'Encens, du Benjoin, du Storax & même des refines les plus communes, font un excellent moyen

pour

pour corriger l'air gâté par les exha→ Îaifons; outre qu'ils le reffuyent en partie, l'acide qu'ils contiennent détruit les alkali dont l'air eft chargé en fe joignant intimement à eux : c'eft par-là que les parfums ôtent la principale caufe de la corruption de l'air & des humeurs des animaux. On peut ajouter pour nos Infectes en particulier, que ces parfums fortifient leur peau & qu'ils réveillent par de legéres irritations ceux qui feroient engourdis ou pareffeux à filer. (a)

Si l'on n'a rien à craindre des Orages pendant la montée, mais feulement de la chaleur de l'atmosphére accompagnée de calme, il faut ouvrir du côté d'où la fraîcheur peut venir & faire quelque leger parfum pendant les deux ou trois premiers jours que les Vers

(a) C'est tout ce que les parfums peuvent produire mais les donner, & celui du ftorac en particulier , pour un reméde infaillible contre toutes les maladies, & qui difpenfe de tout autre foin, comme on l'avance dans un ouvrage imprimé depuis peu d'années, c'eft, pour ne rien dire de plus, une affertion très hazardée.

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