mal d'un ordre différent, c'est-à-dire ; la chrifalide, ou les élémens du papillon qui en doit éclorre.

Une fois que les Vers à foie font fevrés, l'éducation eft finie; & avec elle, les travaux & les inquiétudes qu'elle entraîne, le Magnaguier à gages prend congé & laiffe à d'autres le foin de déramer, d'étouffer les cocons, de choifir ceux qu'on destine pour la graine & enfin de faire éclorre & pondre les Papillons. Nous allons parcourir ces cinq articles, pour fuivre le cercle des différentes formes de notre Infecte, ou celui des foins qu'il exige: nous l'amenerons au point d'où nous fommes partis, pour guider jufqu'au bout les Lecteurs que nous nous fommes propofés d'inftruire.

Du tems où l'on dérame les cocons.

Le Vers à foie n'emploie que trois ou tout au plus quatre jours à la Fabrique de fon cocon, depuis qu'il a jetté les premiers fils de la bourre qui l'enveloppe, mais parmi ceux d'une mê

me claffe & d'une même cabane, il y en a qui fe mettent plus tard que les autres à l'ouvrage, pour fi bien qu'ils ayent été affortis: c'eft pour cela qu'on attend pour déramer à la fois une claffe, deux ou trois jours après, que les plus pareffeux ont formé le cocon; ce qui va en tout à une douzaine de jours, depuis que les plus diligents ont monté fur le rameau.

Če n'eft pas qu'on ne pût prévenir ce tems pour déramer fimplement, ou déplacer les rameaux fans en détacher les cocons, fi l'on avoit des raifons pour le faire; & cela, fans rifque de détourner les Vers, qui feroient encore à l'ouvrage. J'ai effayé de détacher du rameau, des cocons qui n'étoient qu'ébauchés & à travers lefquels on appercevoit l'ouvrier, qui ne laiffoit pas pour cela d'achever l'ouvrage & de l'amener à fa perfection: à plus forte raifon peut-on tirer les rameaux des cabanes, fans rien craindre pour les cocons, qui ne feroient pas encore achevés.

Cette obfervation peut avoir fon

application dans les cas, où il s'agiroit de mettre les cocons à l'abri ; foit de la pluye, qui venant à tomber à travers une tuile fêlée, les gâteroit; foit des Rats & des Souris, qui les percent pour avoir la Féve: il n'y a pas de doute qu'on ne pût, fans inconvénient, enlever les rameaux & les cocons avec, pour les porter ailleurs par braffées, fans trop fe gêner pour les

arranger.

Il est à propos de ne pas paffer le terme de dix à douze jours, pour déramer & pour détacher les cocons du rameau, fi l'on fe propofe de les vendre; autrement il y auroit de la perte, par la diminution qui fe fait de jour en jour fur le poids, à mesure qu'ils féchent: au lieu que fi l'on fait filer foi-même, il suffit de prévenir le tems où le papillon pourroit éclorre, en perçant le cocon; ce qui rendroit ce dernier inutile pour le filage. Ce tems eft plus ou moins reculé, felon la chaleur qu'il fait; lorfqu'elle eft long-tems au vingt-deux ou vingt-quatre degré du Thermométre, il ne faut pas paffer

J

une douzaine de jours (d) après qu'on a déramé, ou vingt-quatre après la montée, pour faire perir les Féves ou étouffer les cocons & fe donner par ce moyen, tout le tems néceffaire au filage.

Méthodes pour étouffer les Cocons.

On étouffe les cocons, ou la féve qu'ils contiennent, au moyen d'une

(a) J'ai prolongé jufqu'à un mois la naiffance des Papillons en gardant les cocons dans une cave fraîche; il y a du profit à employer au filage cet intervalle, c'est-à-dire, de filer les cocons de bonne-heure & avant de les étouffer; ils donnent une plus belle foie, qu'on file plus aifément dans la bassine: de plus, on les file à une moindre chaleur; il fuffit de l'eau tiede pendant les deux ou trois premiers jours qu'on a déramé : or les Féves ne périffant qu'à l'eau chaude, on peut encore faire fervir à la ponte les Papillons qui viendront de celles-ci. Il faut plus de chaleur à l'eau & une plus grande confommation de bois pour les cocons étouffés furtout à mefure qu'ils vieilliffent ou qu'on tarde à les filer; parce que la cole, ou la glu qui lie les brins l'un à l'autre, acquiert tous les jours plus de ténacité.

chaleur, dont il faut connoître la du rée ou l'intensité: fi ele eft trop forte & qu'on étouffe au four, le moindre inconvénient qui en arrive, c'eft qu'on perd beaucoup de foie au filage; elle n'est pas même auffi luftrée & elle demande plus de feu pour la filer: si au contraire la chaleur est trop foib'e on a le défagrément de voir éclorre des papillons & des papillons presque tous mâles; les femelles qui auroient un peu dédommagé, par la graine qui en feroit provenue, périffent dans le cocon; elles n'ont ni la vigueur ni la vivacité des mâles pour réfifter à la chaleur ou pour percer : elles percent cependant à demi, en forte que le cocon après avoir fait quelques tours dans la baffine du filage, tombe au fond & ne peut p'us filer.

Il est donc important d'étouffer à propos les cocons: nous avons deux façons de le faire; l'une au four, l'autre à la vapeur de l'eau chaude.

Je ne m'arrête point à celle des Chinois, qui au rapport de quelques misfionaires, confifte à ftratifier les cocons,

ou