Images de page
PDF
ePub

moins malfaine, felon la quantité de ces corps étrangers, leur nature, leurs combinaisons.

&

De-là il paroît évident que la pluie d'orage qui tire fon origine des terres, ou des continents, où fe rencontrent de plus quelquefois, des caux croupiffantes d'Etangs ou de Marais, doit être plus chargée d'exhalaifons; & pourtant plus malfaifante pour les animaux, que ne l'eft la pluye de Marin; auffi préfére-t'on communément celle-ci à l'autre, pour en remplir les Citernes parce qu'elle est beaucoup moins fujette à fe corrompre.

Mais on n'eft pas toujours afsûré fi telle pluye, qui eft même décidée pour être de Marin, n'approche pas plus ou moins de la nature de celle d'orage; fi elle eft ou pure ou mêlée; fi fes qualités font bonnes ou mauvaifes d'ailleurs, quand bien même ' l'eau de pluye n'auroit aucune qualité qui la rendît malfaifante; elle furcharge toujours, la quantité d'humeurs de nos Infectes qui en avalent avec la feuille & elle peut nuire par-là; le plus

sûr eft de fe défier de la feuille mouillée & de faire d'avance une provision convenable de celle qui ne l'eft pas; il faut en régler la quantité, fur la durée qu'aura la pluye, pour n'en point cueillir trop, de peur qu'elle ne le flétriffe; ni trop peu, afin de n'en pas manquer au befoin: on peut conjecturer à-peu-près cette durée d'après les obfervations fuivantes.

Nous avons déjà remarqué que les pluyes d'orages ( qu'il eft facile de re- la connoître aux fignes qui les caractérifent & que nous avons rapportés ) paffent dans quelques-heures ; les Magnaguiers ne doivent point s'en allarmer; le vent, ou un bon rayon de foleil, qui furviennent d'abord après féchent bien-tôt la feuille & laiffent aux cucilleurs la liberté de s'en pour

voir.

Il n'en eft pas de même de la pluye de Marin, qui perfévère long-tems. Si les Sources & les Rivières font baffes, fi depuis plufieurs mois il n'y a eu, tout au plus, que de petites pluyes, qui ayent à peine trempé la terre, il en

De la

durée de

pluye.

viendra de grandes qui dureront, après avoir été long-tems précédées du Marin, dont la durée fera en raifon de celle de la pluye.

Je n'ai garde de donner ce rapport, entre la durée de la féchereffe & du Marin d'un côté, & celle de la pluye de l'autre comme quelque chofe de bien conftant; j'ai cependant depuis longtems obfervé, que deux ou trois mois de féchereffe, font réparés ou suivis, de deux ou trois jours de pluye; fi le Marin a foufflé deux ou trois jours: il eft vrai que cette durée de la pluye, n'est pas continue, elle fe partage en plufieurs ondées qui reviendront pen-.. dant fept à huit jours; mais en forte pourtant, que leur fomme, égale la durée d'une pluye, qui ne feroit point interrompue pendant deux ou trois jours.

La marche ordinaire des pluyes de Marin, eft de débuter le premier jour par quelque petite ondée de bruine; dès la nuit fuivante, c'eft fouvent des averfes, qui fe fuccédent fans interruption tout le jour fuivant & quelquefois une

partie du lendemain; le foleil reparoît, les ondées reviennent enfuite de loin à loin, quoique le Marin ne souffle plus & le tems ne fe reffuye, ou ne termine qu'à quelques jours de-là cette espèce de convalefcence.

Il y a donc toujours dans les plus longues pluyes de Marin, de longs intervalles, pendant lefquels les gouttes d'eau ont le tems de fécher fur les arbres; & le Magnaguier celui de cueillir la feuille. Si cependant il y a eu dès le commencement un ou deux jours de pluye non interrompue, on en a été averti par le Marin, qui a soufflé d'avance; on a pû faire la provifion pour tout ce craindre que la tems: on ne doit pas feuille fe flêtriffe d'un, ou de deux jours dans le Magasin, fi elle a déjà pris à-peu-près la croiffance; dité qui regne alors dans l'air, l'en garantira fuffifamment & avant que cette provifion foit achevée, la pluye laiffera des intervalles pour en faire une nouvelle.

l'humi

Les Magnaguiers intelligens qui fe guident comme par instinct fur les ob

De la

furvient

au com. mence

fervations précédentes, font rare ment pris au dépourvû : ils ne se mettent point à cueillir fur la fimple annonce du Marin; ils attendent des fignes plus certains d'une pluye prochaine & abondante; & ils les jugent tels, lorfque le tems eft très-bas, qu'il eft pris de toute part, que le Marin fenfiblement humide redouble de force & porte le fon à des diftances confidérables; on a vû auparavant les hirondelles rafer la terre d'un vol rapide, les crapauds, les falamandres fortir de leurs retraites, &c. &c. Il eft tems de grimper fur le mûrier de doubler le nombre des cueilleurs & de fe dépêcher.

On est heureux quand cette forte pluie qui de pluye ne furvient que pendant la jeuneffe des Vers à foie où l'on eft moins preffé de feuille, parce que ces à la fin Infectes en dépenfent fort peu: on cation. en a bien-tôt cueilli pour deux ou

ment ou

de l'édu

trois repas; une plus grande provifion rifqueroit de fe flétrir, lorfque la feuille eft tendre & comme en bourgeon, il vaut mieux attendre pour

« PrécédentContinuer »