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humeurs à fe figer & à fe deffécher peu
lefféc
peu; infenfiblement le corps defféché se
couvre d'une moififfure cotoneuse ou
farincufe d'un blanc de neige; ce qui a
fait appeller les Vers dans ce dernier
état, des Mufcardins, à caufe de quel-
que reffemblance avec une confiture
féche de ce nom. Le Ver retient l'atti-
tude qu'il a eue en mourant; ce font
de vraies momies qu'on pourroit con-
ferver pendant des fiécles, comme cel-
les qui font embaumées.

Cette maladie

ne.

Les Auteurs ne parlent point de la mufcardine; & je n'ai point de peine pe à croire qu'elle fut inconnue autrefois ancien dans nos atteliers; comme je l'ai oui dire à un vieux Magnaguier qui avoit vêcu vers le milieu du dernier fiécle: cependant ce vieillard prétendoit qu'elle avoit été apportée en France, avec un envoi de graines venues de Piémont.

Je croirois plutôt que la mufcardine a pris chez-nous fon origine dans une différence qu'on a mise à l'éducation des Vers à foie. On avoit, il y a quatre-vingt-ans, peu de feuille de mûrier & l'on fefoit de petites éducations

La muf

n'eft pas

conta

gieufe.

dans de grands appartemens: peut-être auffi y alloit-on plus bonnement que nous & qu'on ne s'étoit pas avisé de boucher les portes, les fenêtres & toute communication avec l'air extérieur. Aujourd'hui, au contraire que les mûriers font très-multipliés, on fait de grandes éducations dans des appartemens très-petits à proportion: on met des tables de Vers à la montée, jufqu'au toît, ou au plancher & l'on bouche tout. Fait-il froid? On fait du feu fans laiffer des iffues à l'air échauffé & aux vapeurs qui s'élevent; c'eft un moyen infaillible d'inventer, fi j'ofe le dire, la mufcardine, ou de la produire là où elle n'avoit jamais existé.

D'ailleurs il n'eft pas vrai que cetté cardine maladie foit contagieufe, ou qu'elle fe communique par les graines, les meubles & l'attelier qui en auroient déjà été infectés : l'habileté du Magnaguier peut toujours la prévenir; fes procédés irréguliers & un logement peu convenable l'occafionnent la preuve en eft que de la même graine partagée entredeux Magnaguiers, aura chez

:

chacun d'eux un fuccès différent, selon le degré de leur capacité, l'un n'aura point de mufcardins parmi fes Vers, tandis que tout en fourmillera chez l'autre ; il y a vingt exemples de cette efpéce. J'ai vû des atteliers décriés pour la mufcardine les dix, les vingt années; on avoit lavé, ou même renouvellé les meubles, blanchi les appartemens, changé la graine, &c. en fuivant cependant la même méthode; & on n'en étoit pas plus avancé; il venoit un nouveau Magnaguier plus intelligent, lequel avec les mêmes meubles & de la graine ordinaire, ou qui même étoit provenue de Vers parmi lefquels il y avoit eu des malades de cette efpéce, ce Magnaguier dis-je, conjuroit comme par un enchantement la maladie point de n'avoir plus de muscardins..

au

Cette maladie eft plus commune dans les années où la faifon des Vers eft fort chaude; elle est très-rare fi la faifon eft fraîche & tempérée. Elle attaque les Vers à foie rarement dans tous les âges; c'est dans celui-ci

qu'elle regne le plus, lorfque ces Infectes font prêts à filer, ou à grimper fur le rameau (à). C'est le tems où l'animal devenu très-gros, remplit toutes les tables & dans lequel il fait plus de chaleur plus ces tables font, ou peuplées, ou multipliées, plus la maladie se déclare avec force & ce font toujours les plus hautes, où la chaleur & les vapeurs fe portent d'avantage, qui font les plus maltraitées.

On pourroit me demander, quelle forte d'altération cette chaleur humide, étouffée & probablement mêlée d'exhalaifons, produit fur les Vers qui deviennent muscardins? Il feroit, je crois difficile de le déterminer

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(a) Les Vers les plus malades périffent, ou dans la litiere, ou accrochés fur les rameaux; d'autres ne meurent qu'après avoir filé le cocon, ou en entier, ou à demi & s'y defléchent d'abord après ; le maître qui vend ces cocons, quatre fois plus legers que les autres, eft toujours en perte, quoiqu'il les vende d'avantage le prix qu'on lui en donne, n'eft pas proportionné au déchet de poids qui s'y eft fait.

y

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bien au juste; je fais feulement qu'ayant eu la curiofité de goûter du bout de la langue l'humeur d'un mufcardin que j'avois coupé en deux & qui commençoit à durcir, j'y trouvai une forte acidité, d'où je foupçonnerois que la température dont j'ai parlé ci-deffus, pourroit faire développer dans le corps de l'animal cet acide, qu'on n'y fent point dans l'état de fanté; lequel aigrit & coagule fes humeurs & empêche que les chairs ne tombent en pourriture, ou en une bouillie noire, comme il arrive aux gras, aux jaunes & à d'autres fortes de maladies; occupons nous moins de deviner la nature de celle-ci, que d'en connoître les remédes, ou d'en écarter les caufes; & pour cela, revenons à nos Toufes.

Moyens

venir les

Les Magnaguiers attentifs ne perdent point de vue leur bétail dans de préce tems critique; pour peu que le ciel Toufes foit brouillé par un tems chaud, que le foleil se réfléchiffe fur de gros nuages dans un tems calme; ils fça

ou

& la muf cardine.

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