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bougriffement qui fe fuccédent d'année en année : au lieu qu'en émondant de bonne-heure, la féve vivifie tous les scions réduits à un plus petit nombre; & le Mûrier fe reffent tout autrement du bienfait de cette opération.

Nos Cultivateurs alléguent pour raifon de leur pratique, que l'Emondeur diftingue beaucoup mieux, au moyen des bourgeons qu'on laiffe éclorre, les branches qu'il faut conferver, d'avec celles qui feroient ou mortes, ou malfaines, & que la ferpette doit abattre mais la plus legere attention fuffit pour ne pas s'y méprendre: & d'ailleurs les inconvéniens de l'émondage trop retardé, l'emportent de beaucoup fur ceux que ces méprifes pourroient occafion

ner.

Je ne prétends pas cependant, qu'on doive s'affujettir à émonder, à mefure qu'on vient de cueillir; il fuffiroit de le faire tous les huit jours le fort du travail arriveroit d'abord après la montée des Vers à foie, pour les Mûriers cueillis à la freze & tout feroit en regle mais on veut tout faire à la fois,

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ou de fuite, pour ne pas fe détourner fi fouvent; & près de la moitié de l'émondage eft inutile pour les Mûriers & pour le maître.

Ce n'eft, au refte, que par œconomie, qu'on prend l'Eté pour émonder, préférablement à l'arrière-faifon, où cette opération conviendroit mieux : mais en la faifant en Eté, on profite de la feuille, que donneront au Printems, tous les scions du second rejet : au lieu qu'en renvoyant après que la nouvelle pouffe eft aoûtée, on retranche toujours une bonne partie de ces fcions.

Cette épargne eft, au fond, peu confidérable; & s'il s'agit de rétablir des Mûriers malingres & long-tems négligés, il vaudroit mieux renvoyer l'émondage à la fin de l'Automne, ou à tout autre saison de l'année qui ne concourût point avec celle de la poufse & de la pleine féve, où il se fait toujours par les incifions, une perte de ce fuc, qui ne peut qu'affoiblir le Mûrier il eft au moins d'expérience, que ceux qu'on émonde en Hiver, ou en Automne, plutôt qu'en

Eté, pouffent le Printems d'après avec bien plus de vigueur. Il feroit même bon, de ne point effeuiller d'une, ou de deux années, ceux qu'on a ainfi opérés & de leur donner ce repos pour fe former, pour fe fortifier; je puis au moins afsûrer que je me fuis bien trouvé d'avoir fuivi cette méthode.

La féve qui découle des Mûriers, émondés à contre-tems, eft celle qui eft aqueufe & tranfparente, comme les pleurs de la vigne: elle eft d'autant plus abondante, que le tems eft pluvieux & que la terre a été bien trempée: en cueillant dans ces circonftances, un Mûrier jeune & vigoureux, on voit pendre une goutte de féve de chaque endroit du fcion où tenoit une feuille : auffi eft-il recommandé dans les préceptes d'agriculture, de n'émonder que par un tems fec; & de différer plutôt à une autre année, fi celle où l'on devoit le faire, étoit trop pluvieuse.

Il y auroit une autre raifon, pour ceux qui émondent rarement, de différer & de choisir pour cela l'année où les chaleurs & la féchereffe ont regné plus

que de coutume; c'est que les Mûriers jettant alors fort peu de bois à la feconde pouffe, il y a bien moins de feuille au Printems fuivant: au lieu qu'en émondant dans cette circonftance, ils poufferont tout auffi-bien, & ils rendront autant de feuille, malgré la féchereffe, que fi la faifon avoit été des plus favorables & qu'on n'eût point émondé.

On a vû ci-devant, qu'un des moyens pour rétablir certains Mûriers trop fatigués, par la cuillette annuelle, feroit, de les laiffer repofer de tems à autre & de paffer quelquefois une année fans les cueillir. Ce foulagement qui paroîtroit néceffaire l'année d'après qu'ils ont produit plus que de coutume, ne pourroit, au moins que leur être très utile ; fi on le leur ménagoit, par exemple, de trois en trois ans, d'abord après l'émondage, qu'on ne feroit chaque année, que fur un tiers de la plantation.

Effets

de la

cueillet

Mais tous nos Cultivateurs ne conviennent point de cette utilité ; ils font fi perfuadés, au contraire, du préjudi- re de la ce que ce repos apporteroit aux Mû- Tur le

H 4

te

feuille

Marier.

maladie

nos plan

riers qu'ils livreroient plutôt leur feuille gratis, fous la seule condition de la cueillir.

Il est vrai que ces arbres rapportent moins de feuille lorfqu'on ne les en dépouille pas chaque année, cette opération eft pour eux une forte d'émondage; elle en a les effets à certains égards: d'autant mieux qu'elle diminue la production des mûres & que l'arbre gagne par-là en feuille, ce qu'il perd en fruit: au lieu que le contraire arrive, lorfqu'on paffe une année fans le cueillir; les mûres fe multiplient, la feuille devient plus clair-femée & les fcions plus courts: mais si c'est un désavantage; il ne le feroit que pour le Propriétaire & il feroit paffager; & le Mûrier en revanche se mettroit en état de fournir plus longtems la pouffe forcée, que la cueillette occafionne.

De la Cet arbre n'étoit pas plus destiné qui dé qu'aucun autre à être dépouillé de fes peuple feuilles; ce n'eft que par accident tations, qu'il eft expofé dans le pays, d'où il est originaire, à être quelque peu rongé par une Chenille; comme le font cer

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