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tage, que fi la corde étoit de chanvre (plutôt que de Jonc ou de Tille) elle tenoit lieu de fûmier au plant, lorfqu'elle venoit à pourrir, & qu'une fois imbibée, elle entretenoit plus long-tems l'humidité autour des racines, ou des chevêlus qui la péné

troient.

La façon de femer d'aujourd'hui eft différente & pour le tems & pour l'apprêt qu'on fait à la graine.

femer.

Nos Jardiniers attendent pour femer Tems de le Printems d'après qu'ils ont ramassé les mûres; afin que le plant qui en naîtra, ait plus de tems pour croître & pour s'aoûter avant que l'hiver arrive : ils fement vers la fin d'Avril, lorfque le plus grand danger des gelées eft paffé; & s'il furvient des froids dans la fuite, ils couvrent leurs planches de bonne-heure, au moyen des paillaffons, ou d'une legere couche de fumier.

La graine de Mûrier fe conferveroit bien mieux, depuis le tems où on la recueille, jufqu'à celui où elle eft mise. en terre, en la laiffant dans la mûre, qu'on auroit bien faite fécher avant

Lavage

graine de

de la ferrer: cependant comme elle tien droit de cette façon trop de volume, foit dans les endroits où elle eft gardée, foit dans les envois qu'on en fait; & qu'il eft d'ailleurs plus commode de la femer lorfqu'elle eft nette & en grain; on la fépare, tandis qu'elle eft fraîche, d'avec la chair, ou la pulpe de la mûre, de la façon fuivante.

On remplit de ce fruit bien mûr, de la un panier qu'on plonge à différentes Marier, reprifes dans un cuvier plein d'eau: on y écrafe à mesure les mûres, en les ferrant à poignées; la graine se détache par-là de les enveloppes : l'immersion la fait précipiter au fond du panier (dans lequel elle nâge avec la mûre,) & de-là au fond du baquet. On fuppofe que le panier eft tiffu de façon à retenir le marc principal du fruit & à donner un libre paffage à la graine. Pour nettoyer celle qui eft au fond du vaiffeau, on en verfe l'eau par inclination; & l'on réitére deux ou trois fois ces

lotions, jufqu'à ce que la graine foit nette: il n'y a plus qu'à l'éparpiller à l'air ou à l'ombre pour la fécher; de

peur qu'en la ferrant avec un refte d'humidité elle ne contractât quelque moififfure, qui lui feroit nuifible.

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de la

de Ma

La graine de mûrier, qu'on feme, Autre un ou deux ans après l'avoir recueil- apprêt lie, a befoin pour mieux germer d'être grain humectée, immédiatement avant de rier. la mettre en terre. On la fait tremper environ vingt-quatre heures; après quoi on la laiffe efforer, pour qu'elle coule mieux dans la main en la répandant. Un trempis d'eau de fumier ou de quelque leffive de chaux ou de cendre, eft préférable à l'eau pure, pour faire développer le germe; fur-tout, quand il eft animé par une douce chaleur; & qu'on expose au foleil le vaiffeau où la graine trempe.

Le quarré de terre où l'on doit femer n'a pas moins befoin d'être préparé, que la graine elle-même : on a dû le fouiller, l'amander même, s'il en a besoin, avec du crotin de Brebis, ou de Ver à foie ; & le laiffer enfin repofer quelques mois d'avance.

La manière de difpofer le terrein Dipo pour recevoir la femence, eft relative fition du

terrein

à la façon dont on l'arrofe. Dans les pays où l'arrofement ne fe fait qu'à la main, pour les plus grands Jardins, on dreffe le terrein par planches, unies au rateau & larges d'environ deux pieds & demi. Dans cet efpace, on trace au cordeau, felon la longueur de la planche, fept-à-huit raies pour y répandre la graine: ces raies, qu'on creufe avec la main, ou avec le bout d'un petit ais, doivent être paralléles, profondes d'un travers de doigt, larges de deux pouces, & diftantes de quatre pouces l'une de l'autre.

Par cet arrangement, qui coûte peu de peine, on peut, non- feulement arracher facilement les mauvaises herbes, qui croîtroient dans le femis ; mais lui donner encore quelques petits labours, en béquillant entre les rayons avec la ferfouette.

On s'y prend différemment dans les Jardins à portée d'un Puits-à-roue, ou d'un grand réfervoir, dont on peut conduire l'eau par des rigoles jufqu'au pié des plantes & les arrofer par immerfion on difpofe alors le terrein

par fillons, dans lefquels on introduit l'eau de la rigole & qu'on inonde l'un après l'autre.

Nos Jardiniers qui arrofent de cette derniere façon dreffent à la Houe (a) les fillons de leur femis, & les dirigent du Levant au Couchant, autant qu'il eft poffible; ils mettent en ados le billon, ou l'éminence qui eft entre deux fillons, en forte que le côté du billon qu'on feme & qui fait face au Midi, en s'élevant un peu vers le Nord, ait environ dix pouces de largeur; & que le revers qui eft plus efcarpé, ou moins incliné, ne s'éleve que de cinq ou fix pouces.

Au lieu de femer l'ados en plein, comme il eft d'ufage; on feroit beaucoup mieux pour faciliter les cultures, d'y répandre la graine par raies, ou par rangées efpacées d'environ trois pouces il n'en pourroit tenir que deux fur un ados; la plus baffe feroit à quatre pouces du fond

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(6) Outil de Jardinage, appellé en Languedocien, Aifsúdo-Ihardiniêiro.

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